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dimanche 18 décembre 2016

l'Arabie Saoudite prend la défense du Qatar

Un attentat a été perpétré, le dimanche 11 décembre 2016, dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire, tuant 23 personnes et en en blessant gravement une cinquantaine.

 

L’Égypte a décrété 3 jours de deuil national.

Sous la présidence du Frère Mohamed Morsi, les Frères musulmans avaient librement saccagé de nombreuses églises et évêchés coptes et s’étaient livrés à divers lynchages. Mais depuis son renversement, le président Abdel Fattah al-Sissi s’est engagé à défendre les chrétiens comme tous les Égyptiens.

Selon le ministre de l’Intérieur, cet attentat aurait été perpétré par des membres de la Confrérie et mis au point par eux au Qatar. Daech a immédiatement répliqué en le revendiquant.

Les principaux leaders de Daech sont membres des Frères musulmans. Tandis que les dirigeants de la Confrérie résident principalement en Turquie, au Qatar et au Royaume-Uni.

Le 15 décembre, le Conseil de coopération du Golfe (organisme dominé par l’Arabie saoudite) a déploré les accusations visant l’un de ses membres (le Qatar).

En 2014, le président al-Sissi avait transmis à l’Arabie saoudite des documents trouvés dans les archives de son prédécesseur et attestant que le Qatar préparait un coup d’État contre la famille des Saoud avec l’aide d’une faction de la Confrérie. Riyad avait alors soutenu financièrement l’Égypte et menacé d’envahir le Qatar.

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vendredi 28 octobre 2016

Le wahhabisme (2): la propagation du cancer

Le wahhabisme, ayant une histoire commune avec la dynastie des Saoud, alimente actuellement l’islamisme.

Si le royaume saoudien s’est renforcé et enrichi, ce n’est que grâce au pompage et à l’exploitation du pétrole. Les bretons, anciens mandatants, ont découvert des gisements pétroliers dont les américains ont bénéficié depuis la seconde guerre mondiale.

En 1945, sur le croiseur USS Quincy, le roi Abdelaziz Ben Abderahmane Ben Fayçal Al Saoud s’allia avec le président américain Roosevelt. Par ce pacte, les États-Unis devait protéger le régime wahhabo-saoudien en échange de l’or noir.

L’importance de ce pacte réside en ses revenus économiques que les Aal Saouds consacraient jusqu’aux années 60 à leurs activités religieuses et politiques.
Ils profitèrent alors du quadruplement des prix de pétrole en 1973 pour augmenter la richesse du royaume. Ce fut aussi une preuve de force au niveau international en tant que chef de l’OPEP (à l'époque).

Ils financèrent, par la suite, le «djihad en Afghanistan ». Ils coopérèrent avec des groupuscules réformistes dont les « Frères musulmans ». Il s’agit d’un groupe islamiste ayant les mêmes convictions religieuses que les wahhabites, mais, acceptant quelques pratiques occidentales comme le vote. Peu de temps après l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979, Abdallah Azzam, un imam frère musulman, émît une fatwa soutenue par le mufti d’Arabie saoudite Ibn Baz, appelant à combattre « l’union soviétique athéiste ».

Entre 1982 et 1992, plus de 600 millions de dollars étaient dépensés pour les 35 000 volontaires du Djihad, dont 25 000 seraient saoudiens.
Ainsi, l’Afghanistan fut « wahhabisé » et dominée par un totalitarisme islamiste.

Face à leur succès en Afghanistan, les wahhabites visent à conquérir plus de terrain en Irak, en Syrie, au Maghreb, mais ce n'est toujours pas tout ! Car de nos jours, l’Europe est également cible du wahhabisme. Selon le journal saoudien Asharq Al Awsat, le royaume a consacré environ 5 millions d’euros pour édifier des centres religieux dans plusieurs pays européens laïcs. Le cancer wahhabo-saoudien s’est propagé dans le domaine universitaire et académique en constituant l’académie du roi Fahd (à Londres et Bonn) et la chaire du roi Fahd au sein de l’institut des études orientales et africaines de l’université de Londres.

En outre, plus de 1,8 milliards de dollars réservés au prosélytisme et aux imams de Médine, pole wahhabite, dont Aboubaker Al Jazayri incitant ouvertement dans son livre « La Voie Du Musulman » à l’armement défensif et offensif contre les non-musulmans, les soufis et les chiites que les takfiristes considèrent comme étant mécréants. Ainsi que Yousouf Qaradawi, vedette des frères musulmans, expliquant dans son livre « le licite et l’illicite » comment battre sa femme et tuer les apostats.
Pourtant, ces deux figures sont libres de publier en Europe. Leurs œuvres sont vendus, comme tout autre livre, sur Amazon et au Fnac de France, à la portée de tout le monde, sans déranger personne.

L’Arabie saoudite, berceau du wahhabisme, le Qatar, officiellement wahhabite, et le Kuwait où le wahhabisme est représenté au parlement fortifient l’islamisme et le terrorisme takfiriste. Par conséquent, les pays se voulant anti-terrorisme doivent bannir le wahhabisme, contrôler toutes les activités financées directement ou indirectement par les groupuscules islamistes, et refuser de s’allier et de coopérer avec les états dont la loi suprême est la doctrine salafo-wahhabite totalitaire.

©Imane Ayadi

mardi 25 octobre 2016

En quête de finances pour 2017, le FN fait les yeux doux aux Émirats arabes unis

LE SCAN POLITIQUE - Les responsables du Front national érigent volontiers les Émirats en contre-exemple du Qatar, accusé de financer le fondamentalisme islamiste.

C'est un problème récurrent au Front national. Bien que la trésorerie du parti soit désormais assainie, il manque des fonds pour alimenter la campagne présidentielle qui s'annonce. Marine Le Pen peut actuellement compter sur 4 à 6 millions d'euros selon les sources, alors que 12 seraient nécessaires. «Je pense que l'on va régler le problème», convient ce lundi matin Florian Philippot sur LCI, qui regrette que «les banques françaises ne prêtent pas». Un souci récurrent qui avait conduit le FN à chercher le soutien d'établissements russes en 2014. Cette source semble désormais tarie, et selon Mediapart, le Front national chercherait des financements alternatifs, notamment auprès des riches Émirats arabes unis, qui regardent avec bienveillance l'ascension du parti.

«S'il faut aller emprunter à l'étranger, nous irons emprunter à l'étranger, il n'y a aucune exclusive à ça. Que ce soit en Russie en Argentine ou aux États-Unis. Et pourquoi pas au Moyen-Orient», confirmait sur France 3 Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, pendant «les estivales de Fréjus», le 18 septembre. «On cherche “worldwide”, partout sauf en France étant donné le refus des banques ici», a développé l'eurodéputé Bernard Monot, l'un des économistes du Front,auprès de Mediapart. «On a mis une douzaine de lignes à l'eau qu'on peut actionner. Nous cherchons à l'ouest - zone dollar et zone euro -, on a aussi des pistes au Moyen-Orient», ajoute ce dernier. Une piste déjà explorée en 2014, raconte l'un de ses proches, le député Rassemblement Bleu Marine (RBM) Jean-Luc Schaffhauser. En discussion avec une banque d'Abu Dhabi, il affirme avoir assuré des négociations pour un emprunt avec «un taux de 2,8 %». «Mais cela ne s'était pas fait le jour de la signature, en février 2014», précise-t-il. C'est finalement des établissements russes qui avaient pourvu aux besoins, ainsi que Cotelec, la structure de Jean-Marie Le Pen. Cette association de financement a par ailleurs déjà débloqué 6 millions d'euros pour la présidentielle de 2017.

Le FN dément le financement du voyage égyptien de Marine Le Pen

Mediapart relève que le Front national maintient depuis les meilleures relations possibles avec les Émirats arabes unis, présentés comme un modèle de pays arabe combattant le fondamentalisme, par opposition au Qatar, accusé de financer en sous-main le djihad et les Frères musulmans. Une proximité de vue affichée lorsque Marine Le Pen se rend en Égypte le 28 mai 2015: la présidente du FN fait à cette occasion un éloge appuyé du régime du président al-Sissi, implacable adversaire des Frères musulmans, soutenu par les Émirats. Le site spécialisé Intelligence Online révèle alors ce qui a convaincu les responsables égyptiens d'accepter la rencontre: «C'est sous l'amicale pression des services émiratis de renseignement que la plupart ont accepté de rencontrer la présidente du FN». Une pression également exercée sur le président égyptien en personne, selon les révélations du livre Nos très chers émirs (Michel Lafont), paru le 20 octobre, et signé des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Le voyage égyptien dans son ensemble aurait d'ailleurs été financé par des fonds émiratis.

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lundi 17 octobre 2016

Syrie: la guerre pour le gaz et les gazoducs continue ?

Début Avril 2013 le Dr. Imad Fawzi Shueibi parlait pour la première fois sur une chaine de télévision, en l’occurrence la chaîne Al-Mayadeen, des découvertes pétro-gazières en Méditerranée orientale transformant certains pays du Moyen-Orient en États producteurs et exportateurs de gaz et de pétrole. Une véritable surprise, pour les non initiés, concernant essentiellement la Syrie, le Liban, Chypre, Israël et la Turquie. Il avait alors divulgué les documents et graphiques de deux sociétés  norvégiennes spécialisées dans l’exploration du sous-sol ayant ratissé la côte méditerranéenne sur 5000 Km2.

Ces informations expliquent en grande partie l’intensité du conflit autour et contre la Syrie dont les ressources seraient de loin les plus importantes, d’autant plus qu’il nous apprend que la société franco-américaine « CGGVeritas » est entrée sur la ligne en rachetant les deux sociétés norvégiennes qui n’avaient pas livré tous leurs petits secrets.

Aujourd’hui, les masques sont tombés et ne dissimulent plus ni les causes, ni les moyens, ni les trahisons, ni les mensonges, ni les crimes, ni les turpitudes ayant nourri cette sale guerre dite « par procuration » ; ce qui lui a fait dire que la Syrie vivait une « malédiction » là où elle aurait pu espérer le contraire.

Les masques sont tombés, mais la guerre continue malgré tout. En voici quelques raisons tout bêtement commerciales extraites d’une émission TV de la chaîne libanaise NBN [NdT].

1. Docteur Shueibi, pensez-vous que la Syrie se dirige vers une stabilisation obligée ?

Je pense que nous nous dirigeons obligatoirement vers cela, car il s’agit d’une région riche en gaz et en pétrole pour les cent années à venir, sans compter les gazoducs qui devront la traverser. J’ajoute que je vois dans les derniers évènements auxquels nous venons d’assister le règlement du conflit arabo-israélien. Ceci semble encore plus évident si nous tenons compte des récentes critiques, presque menaçantes, prononcées par Kerry à l’encontre de Netanyahou lorsqu’il lui a rétorqué : « Est-ce qu’Israël veut une troisième Intifada?» [1].

Parlant de nouvelle intifada, Kerry a sans doute signifié aux Israéliens que si depuis toujours ils agissent à leur guise en tuant et emprisonnant comme bon leur semble, c’est bien parce qu’ils sont protégés par l’ami américain. Mais voilà que les USA ainsi que la Russie veulent régler les problèmes de la région et en éteindre l’incendie. A-t-on jamais vu des guerres dans une une région gazière et pétrolière ?

2. Parlez-vous d’une paix prochaine non seulement pour la Syrie mais pour toute la région ?

Sans vraiment insister sur le mot « paix », parlons plutôt d’une sorte de stabilité ou de nouveaux équilibres entre les forces belligérantes…

3. Quand ?

Dans un délai de 10 ans.

4. Est-ce à dire que la région ne connaîtra pas de stabilité avant dix ans ?

Je pense que si Israël persiste dans son entêtement, il n’y aura pas de retour à la stabilité et cela affectera toute la région, y compris Israël. Mais peut-être que l’on arrivera à assouplir ses positions… Notez que Netanyahou, malgré sa bouderie, compte se rendre en Russie le 20 Novembre et qu’il a eu un contact téléphonique avec Poutine hier.

L’Israélien est, à ma connaissance, d’une grande intelligence lorsqu’il s’agit de rejoindre les forces ascendantes. Rappelez-vous qu’en 1956 il a vite permuté de la France et de la Grande Bretagne vers les USA. Aujourd’hui, c’est la Russie et la Chine qui montent ! N’oubliez pas non plus que la Russie a signé un accord concernant le champ gazier situé au Nord d’Israël, lequel champ est imbriqué avec celui du Liban. Par conséquent, je demande à mes frères libanais : «  Ne vous-êtes vous pas posés la question de savoir pourquoi autant de précipitations concernant le dossier pétro-gazier ? ».

 5. Précipitation des Israéliens pour voler nos ressources à nos frontières !

Cela fait un bout de temps qu’ils volent… mais ceux qui courent après ce dossier ont fini par sentir qu’il était temps de songer au partage de ces ressources.

6. Autrement dit, la part qui doit nous revenir à nous les Libanais ?

Oui, la part libanaise. Mais la question dangereuse concerne la Syrie qui, en plus du gaz et du pétrole dont elle regorge, est sur le trajet que doivent emprunter divers gazoducs. Alors de deux choses l’une ; soit le calme revient d’ici deux ans, suivi par les appels d’offre, les forages aboutissant à la production dans un délai de 7 années ; soit il y a ajournement par ceux que cela arrange de laisser brûler la Syrie pour que le prix du gaz reste élevé.

Ce prix restera élevé tant que le gaz syrien n’est pas exploité, que le gaz iranien reste pour une grande part hors circuit, que le sort du gaz qatari [à l’origine de tout ce jeu] reste indéterminé, et que le gaz de l’Arabie saoudite n’est pas rendu en mer Méditerranée. Tant qu’il en est ainsi, les prix du gaz israélien et du gaz russe resteront élevés !

7. C’est pourquoi l’on reporterait la stabilisation à plus tard ?

L’une des théories israéliennes voudrait que cette instabilité perdure tant qu’Israël n’aurait pas écoulé la moitié de son gaz. Elle implique que sur ses 20 années de réserves, il pourra vendre la moitié de son gaz à prix élevé pendant 10 ans pour ne pratiquer qu’ensuite le tarif mondial qui ira nécessairement à la baisse.

C’est une théorie que nous devons prendre en considération, tout en sachant que le problème ne dépend pas de la seule volonté d’Israël. Mais si elle devait se vérifier, une analyse à froid m’amène à penser qu’une telle situation serait toute aussi intéressante pour la Russie qui fournit 46% du gaz européen.

8. Mais n’est-il dans l’intérêt de la Russie d’exploiter le gaz de notre région ?

Bien-sûr, c'est dans son intérêt.

9. Et comme vous venez de le dire, elle exploitera le gaz des territoires occupés et participera pour une grosse part à l’exploitation du gaz syrien ?

Et dans ce cas, ce qui devient encore plus important est le prix du gaz. En effet, s’il y a entente entre la Russie, l’Europe et les USA, la théorie israélienne n’est plus valable. La Syrie en aura terminé avec cette malédiction et le problème syrien sera résolu. D’ailleurs, il me semble que la Russie et les USA accélèrent dans ce sens et qu’ils se sont déjà entendus non seulement sur les modalités d’exploitation mais aussi sur les prix.

10. Mais alors, partant de la théorie qui veut que l’exploitation des ressources pétro-gazières nécessite la stabilité de la région, pourquoi a-t-on allumé cette guerre incendiaire en Syrie, avec son cortège de sang, de morts et de destructions ? Pourquoi n’a-t-on pas commencé par profiter de la stabilité qui y régnait quitte à changer d’avis en cas d’échec ?

C’est une question de rigidité ou de souplesse des prises de position des uns et des autres, et il nous faut envisager la synthèse de tout ce qui se passe dans notre région en sachant que nous ne pouvons toujours pas en donner une image définitive. Cette image est jusqu’ici incertaine et ne pourra être réglée qu’en fonction de la nature des conflits, l’arrêt des combats, les ententes régionales, internationales et nationales.

Si l’Arabie saoudite n’arrête pas son escalade dans la violence et persiste à refuser de suivre les USA, la guerre sera longue ! Certains disent qu’elle est totalement inféodée aux USA et qu’elle suivra leurs directives. D’autres pensent qu’elle profite de leur faiblesse et se rebiffe réclamant sa place au soleil. De nombreux centres de recherche en arrivent à la conclusion que l’Arabie saoudite peut encore mener sa « Guerre du pétrole » et que même si les USA peuvent produire 12 millions de barils de pétrole de schistes ou autres, par jour ; ils auront quand même besoin de 4 millions de barils supplémentaires par jour.  Ils devront se les procurer en grande partie du côté de cette même Arabie saoudite qui reste ainsi un facteur non négligeable de l’équation, malgré sa dépendance… Ce n’est que dans environ trois mois que nous pourrons savoir si elle s’obstine dans sa rébellion ou obtempère, à moins qu’elle ne subisse à son tour les méfaits de conflits internes. Ce que je ne lui souhaite pas.

11. Ces conflits internes n’auront peut-être pas lieu étant donné la stabilité requise pour la région ?

Rappelez-vous les paroles de Richard Perle disant que le « chaos constructif » de notre région devait commencer par l’Irak, puis passer au Liban, à la Syrie, à l’Arabie saoudite pour terminer par le grand prix censé être l’Egypte. L’Arabie saoudite était dans le collimateur… J’espère qu’elle saura raison garder.

12. Mais qui a dit que le dossier du gaz avait une telle incidence sur ce qui se passe ? Qui a dit qu’il y avait de telles ressources pétro-gazières en Syrie et au Liban ? Quelles sont les études menées dans ce cadre ?

J’ai déjà exposé une partie de ces études sur Sham FM en 2012, puis dernièrement sur la Chaîne TV Al-Mayadeen [3] [4]. C’est pourquoi, je me contenterai d’en rappeler l’essentiel avant d’apporter des données supplémentaires.

La société norvégienne Inseis a délivré à la Syrie les résultats d’une première exploration off-shore en deux dimensions [2D]. Elle révélait les 14 gisements de pétrole dont j’ai déjà parlés. Ensuite, une deuxième société toujours norvégienne, la SAGEX, a repris le travail et a rendu des résultats comparables à la précédente en se gardant de communiquer les résultats des données sismiques transformées en 3D permettant une estimation bien plus quantitative du rendement des gisements en sols marins que la 2D. Puis, ces deux sociétés ont été rachetées par « CGGVéritas » qui est une société franco-américaine basée à Londres. Cette dernière société a donc récupéré le contrat et les données concernant la Syrie. Et là, le jeu devient plus clair !

Ainsi, lorsque j’avais présenté une première image sur Al-Mayadeen j’avais dit que les premières estimations des rendements pétroliers pour les gisements [14-9-10-13] s’étendant de la frontière libanaise jusqu’à Banias seraient équivalents à ceux du Koweït. Je m’étais basé sur les données 3D prétendument non acquises par la SAGEX. En effet, ces données que j’ai pu consulter indiquent des rendements de 1,6 à 2 millions de barils de pétrole / Jour.

13. Sans parler du gaz ?

Oui, ces chiffres concernent uniquement le pétrole. Quant au gaz, j’avais dit que les gisements étaient considérables en territoire syrien avec un rendement estimé dix fois supérieur à ceux d’Israël et du Liban réunis, le centre étant localisé à Qara entre Damas et Homs.

14. Donc on-shore ?

Absolument ! Mais les sols marins sont aussi très riches en gisements gaziers, les rendements estimés augmentant sensiblement au fur et à mesure que vous remontez vers la côte syrienne. Et, pour en revenir au pétrole, si l’on additionnait les rendements des gisements syriens on arriverait à un total se situant entre ceux de l’Irak et de l’Iran !

15. Autrement dit la Syrie est nantie en pétrole et en gaz et le jeu valait son coût ?

Il le valait, d’autant plus si nous intégrons les trajets des gazoducs que j’ai déjà détaillés. Ainsi le projet de gazoduc russe South Stream qui passe par la Mer Noire et se dirige vers l’Autriche, traversant toute l’Europe, est un concurrent direct du projet Nabucco passant par la Turquie. Il a été voulu par les USA pour servir l’Europe en court-circuitant la Russie. La bataille s’est finalement soldée en faveur de la Russie pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas ici [3].

Et, à l’avenir, tout porte à croire que le secteur germanique l’emportera dans l’équation européenne et que nous assisterons à une coopération sans précédent entre la Russie ; l’Allemagne et l’Autriche. Personnellement, je vois l’Allemagne comme une future grande puissance disposant d’un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies.

16. La coopération russo-allemande est déjà bien avancée !

En effet. Tout est affaire d’intérêts commerciaux. Le gazoduc russe North Stream qui se dirige directement vers l’Allemagne via la Mer Baltique est l’un des secrets des relations particulières entre ces deux pays. Ceci dit, je pense qu’il est faux de dire que la Russie agit contre l’Europe. La Russie n’est pas l’URSS et il n’est pas interdit d’imaginer des lendemains plus ensoleillés, car ses relations avec l’Europe sont indestructibles.

De notre côté, nous avons à faire avec le gaz qatari et le gaz iranien issus d’un site d’exploitation off-shore [North Dome] situé à la frontière des deux pays. La partie iranienne [South Pars en jaune sur cliché de capture d’écran] est plus riche que la partie qatarie [en rose]. Les gazoducs respectifs doivent suivre un trajet passant par la Syrie !

17. C’est donc la fameuse nouvelle route de la soie dont vous avez parlé à plusieurs reprises ?

Exactement. Et je pense que c’est là le nœud des problèmes auxquels devra s’ajouter celui de l’acheminement des énormes quantités de gaz des régions de Rub’ Al-Khali et de Ghawar située au sud-ouest de Riad ; problème non encore résolu.

Le Qatar avait l’intention de faire passer son gazoduc par le territoire syrien [4], mais voilà que l’accord signé en Août 2011 entre l’Iran, l’Irak et la Syrie résout le problème de l’acheminement du gaz iranien vers la mer Méditerranée sans régler celui de l’acheminement du gaz qatari. Il ne lui restait plus que l’option de son transport par voie maritime qui nécessiterait une flotte de 1000 navires. Un coût exorbitant ramenant les bénéfices qataris escomptés, sur plusieurs années, de 800 milliards de dollars à 80 milliards ! Par ailleurs, il n’est pas exclu que le gaz saoudien doive suivre le même trajet en direction de la Syrie.

18. Les dossiers du gaz sont donc fondamentaux dans la crise syrienne?

Absolument. C’est pourquoi, je ne peux que répéter à mes compatriotes syriens que nous sommes face à des « conflits d’intérêts commerciaux » impliquant les multiples facteurs d’une même équation : Russie, USA, Israël, Iran, Turquie, Arabie saoudite, Qatar, etc. L’unique moyen de nous en sortir serait que chacun puisse y trouver son compte. C’est à cela que nous devons raisonnablement travailler.

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Vidéo NBN

dimanche 16 octobre 2016

La coalition arabe avoue avoir tué 140 personnes «par erreur»

La coalition dirigée par l’Arabie saoudite a reconnu avoir bombardé un rassemblement funéraire à Sanaa qui a fait des centaines de morts et blessés suite à une bavure.

Au moins 140 personnes ont été tuées et plus de 525 blessées, des civils pour la plupart, lors d'une frappe contre une cérémonie funèbre à Sanaa, contrôlée par les Houthis, le 8 octobre.

Les rebelles en ont tout de suite accusé la coalition menée par Riyad.

« L'équipe (des enquêteurs) est venue à la conclusion que des représentants de l'état-major général du Yémen avaient donné des informations aux chefs des opérations de la Force aérienne, qui s'étaient par la suite révélées erronées, sur un lieu concret ou devaient se trouver à Sanaa des commandants militaires des Houthis », apprend-on de la coalition citée par la chaîne Al Arabya. En outre, le résultat de l'enquête indique que la frappe a été effectuée immédiatement sur un « objectif militaire ». Cette décision a été prise notamment par le siège au Yémen, sans l'autorisation du commandement central de la coalition. « La frappe sur la position a été faite par erreur… Il est nécessaire de prendre des mesures juridiques contre ceux dont les actions ont mené à l'incident. Il faut également commencer à travailler sur une compensation pour les familles des victimes et des blessés », a ajouté la coalition.

Depuis 2014, le Yémen est en proie à un conflit armé opposant les rebelles houthis et les militaires loyaux à l'ancien président Ali Abdallah Saleh aux forces gouvernementales et aux milices populaires soutenant le président en exercice Abd Rabbo Mansour Hadi. Les rebelles contrôlent les territoires dans le nord du pays et la capitale Sanaa où ils ont créé leurs organes de pouvoir.

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Assad: Il faut combattre le wahhabisme pour éliminer le terrorisme

Le président de Syrie Bachar el-Assad estime que la situation actuelle dans le monde rappelle la guerre froide dont la Syrie est un acteur.

Interrogé jeudi 13-10-2016 par le quotidien russe Komsomolskaïa pravda, il a préconisé l’élimination des terroristes comme seul moyen pour en finir avec le terrorisme, et de combattre le wahhabisme, « sa racine idéologique ».

La Syrie, l’acteur important

« En ce qui concerne la Troisième Guerre mondiale, ce terme est souvent utilisé, surtout après la récente escalade, par rapport à la situation en Syrie. Mais à l’heure actuelle, nous sommes en présence d’une situation qui ressemble à la guerre froide dans son stade de développement. Cet élément est apparu tout récemment, c’est pourquoi je pense que l’Occident, et surtout les États-Unis, n’ont pas arrêté la guerre froide même après l’effondrement de l’URSS », a déclaré le dirigeant syrien  .

Selon lui beaucoup de scènes politiques sont impliquées dans ce processus, et la Syrie en est l’une des plus importantes.

Conserver l’hégémonie américaine

« Nous observons l’escalade du conflit, mais l’objectif majeur consiste à conserver l’hégémonie américaine sur le monde, à empêcher quiconque d’être partenaire (des États-Unis, ndlr) dans l’arène politique ou internationale, que ce soit la Russie ou même leurs alliés en Occident. On sent dans l’air l’odeur d’une guerre que vous (l’interviewer) avez décrite comme la Troisième Guerre mondiale, mais ce n’est pas encore une confrontation militaire directe. Bien qu’il y ait une composante politique, terroriste et militaire », a dit Bachar el-Assad.

Le président a signalé que la Russie, l’Iran et le Hezbollah étaient des alliés qui se trouvaient en Syrie sur une base légale. « Ils luttent contre les terroristes, mais il y a d’autres pays dont l’ingérence vise à soutenir les terroristes. La question principale n’est pas le nombre d’acteurs, mais le terrorisme », a conclu Bachar el-Assad.

Combattre le wahhabisme

Pour régler le conflit syrien il a indiqué qu’il importait de définir qui soutenait les terroristes.

« Peu importe qui s’ingère actuellement dans les affaires syriennes. Le plus important est de savoir qui soutient les terroristes chaque jour et chaque heure. C’est là le problème majeur. Une fois ce problème résolu, la situation embrouillée que vous (le journaliste) avez présentée n’aurait plus d’importance. La question est plutôt de savoir quels pays soutiennent les terroristes que de savoir quels pays s’ingèrent dans les affaires du pays », a-t-il expliqué.

De même, d’après le président syrien, la seule façon de lutter contre le radicalisme islamiste takfiriste est de stopper le financement de l’idéologie wahhabite et de continuer le combat contre les organisations terroristes.
« La lutte efficace contre le radicalisme islamiste exige, en premier lieu, que l’on arrête de financer l’Arabie saoudite », a-t-il signalé.

« La chose la plus importante est d’enrayer le flux d’argent que le gouvernement saoudien, ses ONG et ses institutions investissent afin de promouvoir l’idéologie wahhabite à travers le monde. Vous ne pouvez pas dire: « Je vais combattre cette idéologie », et dans le même temps permettre à leurs cheiks et imams de promouvoir dans leurs médersas (terme arabe désignant une école, ndlr) cette sombre idéologie », a ajouté  le numéro un syrien.

Eliminer les terroristes

Selon le chef d’État syrien, la seule façon de lutter contre les «terroristes idéologiques » est de les éliminer.

« Il n’y pas d’autre moyen. Ils n’ont pas besoin de dialogue. D’ailleurs, nous n’avons pas le temps de dialoguer. Nous devons protéger nos citoyens, et donc nous sommes obligés d’éliminer les terroristes. Même si cela ne suffit pas. C’est comme dans un jeu vidéo, ils surgissent à nouveau. Si on tue un combattant, dix autres font leur apparition. Et ce processus n’a pas de fin », a-t-il ajouté.

L’ASL comme les autres

Pour lui, l’Armée syrienne libre (ASL) ne diffère en rien des organisations terroristes Daech et le Front al-Nosra.

« Quand leur mouvement a commencé à croître et qu’il est devenu impossible de cacher les crimes de décapitation, l’Occident a dû reconnaître l’existence d’al-Nosra. Mais en fait, c’est l’Armée syrienne libre. Et c’est Daesh. Ils ont les mêmes racines et se déplacent d’une zone vers une autre pour une variété de raisons », a-t-il conclu.

 Source

lundi 3 octobre 2016

À quoi joue Israël en Syrie ?

Le rôle d’Israël en Syrie était néfaste dès le départ. Ce rôle, à l’instar de celui des USA, de l’Arabie Saoudite ou du Qatar était de contribuer au chaos dans lequel l’Etat syrien a été plongé il y a plus de cinq ans.

Les tensions entre la République arabe syrienne et l'Etat sioniste ne datent pas d'aujourd'hui. Damas a depuis des dizaines d'années soutenu la résistance palestinienne, et pas par des paroles en l'air mais bien avec un soutien concret et véritable. Puis la confrontation aura lieu au Liban durant la guerre civile (1975-1990) durant laquelle l'armée syrienne empêchera l'occupation israélienne du pays. Et cela ne s'arrête pas là. La Syrie est alliée avec l'Iran et le Hezbollah libanais, les deux seules forces de la région capables de résister aux interventions israéliennes. Cela sera d'ailleurs amplement prouvé en 2006 lorsque la tentative d'invasion israélienne au Liban se soldera par un échec grâce à la résistance du Hezbollah et de ses alliés. Sans oublier évidemment la question des hauteurs du Golan, territoire syrien occupé et administré par Israël depuis la guerre des Six jours en 1967.

Cette haine donc d'Israël à l'encontre du leadership syrien n'a jamais été cachée. Et depuis le début de la crise syrienne, les actions israéliennes n'ont fait que le démontrer. Plusieurs fois les l'armée israélienne avait bombardé les positions des forces gouvernementales syriennes sans jamais s'attaquer aux terroristes, y compris de Daech ou de Front Fatah al-Cham. Jamais. Plus que cela, ces derniers jours cette confrontation israélo-syrienne a pris une nouvelle ampleur lorsque l'aviation israélienne a commencé à bombarder les positions des troupes syriennes en plein combat contre les terroristes d'Al-Qaida dans le sud du pays, aux environs de la ville de Kouneitra, prétendant « avoir essuyé des tirs côté syrien », sans pour autant prouver que ces tirs venaient de la part des forces gouvernementales de Syrie. Le tout pratiquement juste après l'annonce de l'accord conclu entre Lavrov et Kerry sur la Syrie. En réponse et après plusieurs attaques israéliennes à son encontre, les forces syriennes répliquent. Le commandement syrien affirme à ce titre avoir abattu un chasseur et un drone israéliens. Information démentie côté Tel-Aviv mais le fait est tout autre. La Syrie a montré clairement qu'elle compte répondre désormais à toute attaque israélienne à son encontre.

D'autres accusations visant Israël vont plus loin encore. Selon plusieurs sources, les terroristes takfiristes blessés après les combats contre les forces gouvernementales syriennes, se feraient soigner dans des hôpitaux israéliens. Sans oublier le fait que des armements et moyens de transport de production israélienne aient été découvert en possession des groupes terroristes. A quoi joue donc Israël? Lui qui criait haut et fort tellement de fois le « danger de l'islamisme radical » serait-il en train d'accorder de l'aide justement aux extrémistes confirmés, le tout dans le but d'affaiblir son ennemi de longue date syrien? Visiblement tel serait le cas.

D'ailleurs si l'on observe les différentes réactions ayant suivi l'accord Russie-USA sur la Syrie, on arrive à une conclusion bien simple: le gouvernement syrien a accueilli favorablement l'accord. Les alliés de la Syrie, en plus de la Russie, comme l'Iran et le Hezbollah libanais, ont également salué ledit accord. Ce qui est bien loin d'être le cas du voisin israélien. A ce titre, l'ex-directeur du renseignement de l'armée israélienne Amos Yadlin a affirmé « qu'Israël ne peut voir ses intérêts être garantis sans que l'Axe Iran / Hezbollah / Syrie soit brisé. C'est mauvais, très mauvais de voir l'Iran et le Hezbollah se renforcer en Syrie »… Une déclaration qui en dit long et qui confirme d'ailleurs les fortes rumeurs de coopération désormais non-voilée d'Israël avec l'Arabie Saoudite, qui se rejoignent parfaitement sur cette logique.

Plusieurs médias israéliens sont tout aussi critiques. Maariv, l'un des trois principaux journaux d'Israël, cité par Press TV, souligne que la trêve conclue par les chefs des diplomaties russe et étasunienne ne profitera guère à l'Etat sioniste. « C'est un cessez-le-feu qui ne va pas dans les intérêts israéliens puisqu'il fait de l'Iran, du Hezbollah et d'Assad les principaux gagnants ». Et d'ajouter: « Le refus de ne plus exiger désormais le départ d'Assad par les Etats-Unis et la Turquie constitue, à ne pas en douter, un acquis pour la Russie ».

Après cela, on comprend certainement mieux la position d'Israël, désireux de poursuivre le chaos en Syrie, y compris en coordonnant pour cela ses actions avec l'Arabie Saoudite et le Qatar. La Syrie, elle, a montré tout à fait logiquement qu'elle ne compte plus tolérer cela et qu'elle poursuivra sa lutte pour la victoire finale sur les terroristes takfiristes, quelque soient leurs soutiens.

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dimanche 2 octobre 2016

Al Qaïda confirme collaborer avec la coalition internationale en Syrie

Le journal allemand Kölner Stadtanzeiger a publié lundi 26 septembre l’interview exclusive d’un des commandants du Front Al-Nosra à Alep, la branche d’Al-Qaïda en Syrie rebaptisée récemment Fatah Al-Cham et qualifiée de groupe « rebelle modéré ». Cette interview confirme un certain nombre d’analyses qui circulaient dans les médias indépendants, notamment en ce qui concerne la collaboration opérationnelle entre le Front al-Nosra et la coalition internationale, mais également la responsabilité des groupes djihadistes dans la crise humanitaire actuelle. Il est donc fort probable que les grands médias occidentaux engagés dans une nouvelle campagne de diabolisation du gouvernement syrien et de son allié russe ne lui donnent pas le moindre écho…

L’interview réalisée par le journaliste allemand Jürgen Todenhöfer, est d’une importance capitale. Outre les risques que comportait une telle opération en plein cœur des zones tenues par les groupes armés en Syrie, elle livre des informations de première main sur la collaboration entre les divers groupes djihadistes, au premier rang desquels Al-Nosra, et la coalition occidentale. Elle a ainsi été rapidement traduite en anglais, notamment par le média indépendant états-unien Moon of Alabama, et reprise par Zero Hedge.

La source interrogée par Jürgen Todenhöfer est l’un des commandants d’Al-Nosra, Abou al-Ezz.

La fiction des « rebelles modérés »

Le gouvernement syrien a maintes fois dénoncé la fiction des groupes « rebelles modérés » prétendument distincts des factions djihadistes qui bénéficient dans les faits du soutien opérationnel de certaines chancelleries occidentales et de la coalition. La campagne de bombardements aériens engagée par la Russie en septembre 2015 avait ainsi donné lieu à un florilège de réactions indignées en Occident dénonçant les frappes contre de prétendus « groupes d’opposition » au « régime » alors que les cibles des bombardements avaient été clairement identifiées par la Russie comme étant des groupes affiliés à Al-Qaïda, comme Ahrar al-Cham.

En février 2016, un reportage de la chaîne France 2 intitulé « Syrie le grand aveuglement« , réalisé parmi les groupes djihadistes d’Alep, montrait clairement la logique salafiste à l’œuvre dans les différents groupes djihadistes ainsi que la porosité entre les différentes factions de combattants se revendiquant toutes de la même idéologie. L’un des groupuscules djihadistes filmé par la chaîne exhibait ainsi son armement provenant de l’étranger, dont des missiles antichars MILAN de fabrication française.

Au final,le reportage confirmait les affirmations de Damas selon lesquelles il n’existait pas de groupes d’opposition « modérée » opérant en Syrie, l’Armée syrienne libre (ASL) apparaissant notamment comme une fiction marketing à destination de l’opinion publique occidentale. Voici ce que dit à ce sujet le commandant d’Al-Nosra interviewé par Jürgen Todenhöfer :

« Ils sont tous avec nous. Nous formons tous le Front al-Nosra. Un groupe se crée et prend le nom d’« Armée de l’islam» ou de «Fateh al-Sham». Chaque groupe a son propre nom, mais la croyance est homogène. Le nom global est Front al-Nosra. Une personne a, disons, 2 000 combattants. Elle forme alors un nouveau groupe et l’appelle «Ahrar al-Sham». La croyance, les pensées et les buts de ces frères sont identiques à ceux du Front al-Nosra. […] Si quelqu’un vient vous voir, fait de vous un «rebelle modéré» et vous offre à boire et à manger, allez-vous accepter son offre ou non ? »

Les déclarations Abou al-Ezz viennent ainsi confirmer une nouvelle fois la fiction de l’existence d’une « rébellion modérée ». Selon lui, Al-Nosra est soutenu militairement par différents pays de la coalition, dont la Turquie et les Etats-unis :

« Nous avons remporté des batailles grâce à des missiles TOW. Nous sommes parvenus à un équilibre des forces avec le régime grâce à ces missiles. Nous avons reçu des chars de la Libye par l’entremise de la Turquie, ainsi que des BM(lance-roquettes multiples). Le régime ne nous domine que par ses avions de chasse, ses missiles et ses lance-missiles. Nous avons capturé une partie de ces lance-missiles et en avons reçu pas mal d’ailleurs. Mais ce sont les TOWaméricains qui nous ont permis d’avoir la situation bien en main dans certaines régions. »

Des conseillers militaires étrangers sont également présents aux côtés du Front al-Nosra sur le terrain afin de former les combattants, notamment au maniement des armes et au travail de renseignement :

« Lorsque la «route» était fermée et que nous étions assiégés, il y avait ici présents des agents de la Turquie, du Qatar, de l’Arabie saoudite, d’Israël et des États-Unis. […] Des experts dans l’utilisation des satellites, des missiles, des caméras de vidéo surveillance thermiques, du travail de reconnaissance… »

Si la collaboration entre Al-Nosra et Israël, notamment sur le plateau du Golan, avait déjà été documentée par les casques bleus de l’ONU, ainsi que l’implication de la Turquie, la présence de formateurs militaires américains aux côtés du groupe terroriste fait encore l’objet de vives dénégations de la part de l’état-major US. Le porte-parole du Département d’Etat Mark Toner, a ainsi réagit à une question d’une journaliste de Russia Today sur ce sujet en déclarant : « C’est des conneries », mais en admettant toutefois que d’autres pays de la coalition pouvaient effectivement fournir du matériel militaire au groupe terroriste. Les États-Unis se retranchent ainsi derrière une position officielle très hypocrite, se dégageant de toute responsabilité directe mais laissant comme souvent leurs alliés régionaux réaliser le sale boulot en toute connaissance de cause, ce que confirme l’interview du commandant d’Al-Nosra :

« Oui, les Etats-Unis soutiennent l’opposition[syrienne], mais pas directement. Ils soutiennent les pays qui nous soutiennent. »

En ce qui concerne la France, la présidence a reconnu que cette dernièrefournissait de l’aide militaire par l’intermédiaire de la DGSE aux groupes rebelles depuis 2012, dont des missiles antichar MILAN…

Les groupes djihadistes s’opposent à la livraison de l’aide humanitaire

Les chancelleries occidentales ont récemment dénoncé à l’ONU le bombardement d’un convoi humanitaire à destination des zones sous contrôle des groupes armés dans la région d’Alep en l’attribuant aux armées russes et syriennes. Cette attaque a été le prétexte à une nouvelle offensive diplomatique en faveur d’un cessez-le-feu dans le but officiel de permettre l’acheminement de l’aide à la population civile. Comme je le mentionnais dans un précédent article, la situation humanitaire constitue un argument de propagande destiné à décrédibiliser l’action militaire des gouvernements russes et syriens contre les groupes djihadistes soutenus par la coalition et ses alliés régionaux. Le but est d’imposer un cessez-le-feu à l’armée syrienne et à son allié russe afin de redonner des marges de manœuvres aux combattants rebelles dont la situation à Alep est très précaire. Cette analyse est confirmée par les propos d’Abou al-Ezz qui affirme :

« Nous ne reconnaissons pas le cessez-le-feu. Nous allons repositionner nos groupes. Nous allons lancer dans les prochains jours une attaque massive contre le régime. »

Cette attaque a bien eu lieu après le bombardement des positions de l’armée syrienne près de l’aéroport de Deir ez-Zor le 17 septembre – qui auraient fait entre 80 morts et plus de cent blessés parmi les militaires syriens – qui a coïncidé avec une offensive de l’Etat Islamique. Si les États-Unis ont parlé d’un « accident », cette version ne tient pas selon le président Al-Assad :

« Ce n’était pas un accident, tout d’abord parce qu’il n’y a pas eu qu’un seul avion impliqué dans l’attaque. […] Il s’agissait de quatre avions, qui ont attaqué sans relâche les positions des troupes syriennes, durant un heure environ. Vous ne commettez pas une erreur pendant plus d’une heure.»

Alors que les missiles anti-chars TOW et MILAN ont permis aux groupes djihadistes affiliés à Al-Nosra, de tenir tête au régime et de rééquilibrer le rapport de force militaire au sol, la campagne actuelle de propagande utilisant le prétexte humanitaire a également pour but de faire progresser l’idée, notamment dans les opinions publiques, de la nécessité d’une zone d’exclusion aérienne qui priverait l’armée régulière syrienne de son seul avantage et du soutien essentiel de l’aviation russe. C’est aussi ce que confirme Abou al-Ezz lorsqu’il affirme : « Le régime ne nous domine que par ses avions de chasse, ses missiles et ses lance-missiles. »

Le secrétaire d’état américain John Kerry a ainsi demandé l’imposition d’une zone d’« exclusion aérienne » sur les secteurs contrôlés par les « rebelles » sous prétexte d’assurer la livraison de l’aide humanitaire mercredi dernier au conseil de Sécurité des Nations Unies. Pourtant, là encore, le commandant d’Al-Nosra Abou al-Ezz contredit la version occidentale et confirme celle du gouvernement syrien qui affirmait que les groupes rebelles empêchaient le déploiement de l’aide humanitaire dans la région d’Alep :

« Nous avons des conditions. Tant que le régime est positionné le long du chemin Castillo, à al-Malah et dans le secteur nord, nous ne laisserons pas ces camions passer. Le régime doit se retirer de tous ces secteurs avant que ces camions ne puissent passer. »

S’il est très improbable que cette interview soit reprise dans les médias traditionnels, qui jouent depuis le début du conflit le rôle de relais et d’amplificateurs de la campagne de propagande orchestrée par les États-Unis et les membres de la coalition internationale, la présence de l’armée russe sur le théâtre syrien a cependant permis l’émergence d’une autre version des faits qui se déploie dans les médias russes, notamment Russia Today ouSputnik, et les médias indépendants, mais également dans les institutions internationales comme le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Malgré les différentes initiatives des États-Unis et de leurs alliés pour contrer ou faire taire ces voix divergentes dans un contexte de guerre de l’information, elles restent aujourd’hui le principal rempart contre l’imposition d’une réalité falsifiée qui avait permis l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne et la destruction de la Libye en 2011, il est d’autant plus vital de les soutenir, de les relayer, et de les faire vivre aujourd’hui…

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