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dimanche 11 décembre 2016

Une enquête de la BBC révèle que des migrants syriens mineurs travaillent dans les ateliers de grandes marques européennes en Turquie.

Une enquête de la BBC révèle que des migrants syriens mineurs travaillent dans les ateliers de grandes marques européennes en Turquie.

Au bout de la route, des conditions de travail déplorables et un salaire de misère. Selon une enquête diffusée lundi par la BBC, de nombreux réfugiés syriens, dont des mineurs, travaillent dans les ateliers textiles de sous-traitants de grandes marques occidentales en Turquie. 

Parmi les enseignes épinglées par le reportage : Zara, Asos, Mango ou encore Marks and Spencer.

"Emplois" toxiques 

12 heures de travail chaque jour pour un euro. Les images prises en caméra cachée par le journaliste Darragh MacIntyre font froid dans le dos. 

Chez Marks and Spencer, il affirme avoir repéré plusieurs jeunes Syriens - dont un âgé de seulement 15 ans - dans les ateliers de repassage des vêtements, une des dernières étapes avant leur livraison vers le Royaume-Uni. Idem sur un site de la marque Asos : la direction a finalement admis avoir dénombré 14 réfugiés Syriens dont trois âgés de moins de 16 ans.

"Je n'étais pas préparé à cette réalité, ou du moins à son ampleur. J'ai trouvé un sous-sol d'atelier presque entièrement rempli d'enfants qui ne devaient pas avoir plus de sept ou huit ans", explique Darragh MacIntyre.

Chez Mango et Zara, les conditions de travail sont encore plus dantesques : les réfugiés sont utilisés pour la décoloration des jeans, au moyen de produits chimiques extrêmement toxiques. Les "ouvriers", dont la plupart ne disposent pas de permis de travail, ne portent même pas de masques de protection.

Cynisme des multinationales

Alertées par la BBC, les enseignes visées par l'enquête affirment découvrir ces situations dramatiques. Marks and Spencer et Asos ont promis dans la foulée que les travailleurs syriens seraient régularisés et que la scolarité des mineurs seraient en partie financée. Le cynisme est sans limite : la marque Mango a expliqué que l'usine impliquée était gérée par un sous-traitant dont elle n'avait pas connaissance et que l'enquête interne n'avait pas permis d'établir la présence de Syriens sur ce site.

"Quand les contrôleurs arrivent, les responsables cachent les enfants. Une fois qu'ils sont partis, ils repartent travailler. C'est aussi simple que ça", ironise le reporter de la BBC, cité par "L'Express".

Comme le rappelle "Le Monde", Marks and Spencer, Asos, Mango et Zara n'ignorent pourtant rien du problème que représente le travail des enfants et des réfugiés dans leurs ateliers enTurquie. Début 2016, l'ONG "Business and Human rights resource centre" avait adressé un questionnaire à 28 grandes multinationales pour les alerter sur la question mais aucune des quatre enseignes visées par l'enquête de la BBC n'avaient pris la peine de donner suite. A l'époque, seules dix d'entre elles avaient accepté de répondre et quatre avaient admis - dont H&M et la chaîne britannique Primark - la présence de réfugiés dans les usines de certains de leurs sous-traitants. 

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mardi 6 décembre 2016

Où va Erdogan ?

Alors qu ’on le croyait calmé, entre autres par Poutine et les revers qu’il a essuyé cette année, l’insensé Erdogan, tel le chien qui retourne à son vomi, est retourné à sa folie (Proverbes, 26:11).

 

Après avoir envoyé cet été, suite à la tentative de putsch, des mots (creux) d’amitiés au président syrien Bachar el-Assad, le voilà qui déclare, alors que l’armée turque manœuvre sur le territoire syrien, le 29 novembre 2016 : « Nous sommes entrés en Syrie pour en finir avec le règne du tyran Assad » [1].

Au-delà de la dimension pathologique du comportement erratique et irrationnel d’Erdogan, qui réclamerait une analyse psychanalytique, nous allons essayer de comprendre ici la cohérence – difficile à percevoir – entre les objectifs et la stratégie du président turc, au regard de l’histoire idéologico-politique de la Turquie moderne. La politique expansionniste : un projet néo-ottoman ou kémaliste ?

Erdogan n’est pas un accident de l’histoire turque – si tant est qu’il existe des accidents dans l’Histoire –, mais il est, par ses aspirations et sa vision de la Turquie le résultat de l’histoire moderne de son pays.

S’il fantasme effectivement sur un élargissement des frontières turques se rapprochant de celles de l’empire de jadis, du moins au Proche-Orient, Erdogan n’en est pas moins un héritier du kémalisme.

Mais pour le comprendre, un rappel historique s’impose… Comme je l’ai déjà écrit, l’acte fondateur de la Turquie moderne est la révolution maçonnique des Jeunes Turcs ; une révolution de rupture totale qui a fondé un Etat jacobin centralisé, ethnocentrique, laïque et athéiste, alors que l’Empire ottoman était, notamment à partir du XIXe siècle, décentralisé (ce qui a précipitée sa chute), multi-ethnique et appuyé sur la religion.

Pour ceux qui imaginent aussi que les Kémalistes n’auraient pas de liens avec les Jeunes-Turcs, voici le témoignage d’Ömer Kâzim, un observateur turc avisé qui a assisté à la révolution Jeunes-Turcs et à leur retour au pouvoir sous l’étiquette de « Kémalistes ». Ainsi, il écrivait en 1921 :

« Au fond, les kémalistes et les Jeunes-Turcs sont bien d’une seule et même essence : la plupart des hommes d’Angora sont des anciens membres du Comité « Union et Progrès » (l’organisation politique de type maçonnique fondée par les Jeunes-Turcs en 1889) et ce sont bien eux, qui, pendant la guerre mondiale, ont déployé une activité néfaste. Les cadres de tous les services publics d’Angora, surtout ceux de l’armée, sont recrutés parmi les Jeunes-Turcs. Les membres du Gouvernement sont, pour la plupart, des Jeunes-Turcs : le président du parti de la Défense nationale, fondé récemment par Kemal lui-même, est Serif Bey, l’homme de confiance de Talaat, et le bourreau de milliers d’Arméniens. Il est actuellement, et pour ainsi dire, le pivot du gouvernement d’Angora. La plupart des membres de l’Assemblée d’Angora sont des personnalités qui se sont plus ou moins distinguées depuis 1908. Tous ceux des Jeunes-Turcs qui, reconnus coupables, ont été expédiés et retenus à Malte, se trouvent aujourd’hui à Angora. Ils travaillent en première ligne. C’est ainsi que l’ex-ministre des Finances, Djavid Bey devint la main droite de Bekir Sami à la Conférence de Londres. Il s’en est fallu de peu pour qu’il retrouve son poste d’autrefois du Gouvernement actuel. Younous Nadi Bey, qui fit aussi partie de la mission Bekir Sami, à Londres, est aussi un des coryphées de l’Unionisme ; ancien rédacteur de Malumat (Information), et député de Smyrne, il dirige actuellement le Yeni Gün (Nouveau Jour), le principal organe kémaliste. Le célèbre « Père » du néoturquisme, le Dr Zia Nour, est le conseiller particulier de Youssouf Kemal, ministre des Affaires étrangères. Il se trouve en mouvement perpétuel, car c’est lui qui est chargé de la transmission des lettres confidentielles fréquemment échangées entre Moscou et Angora. Ahmet Nessimi Bey, ministre des Affaires étrangères sous le ministère Talaat, se trouve, aussi, parmi les éligibles d’Angora. Sami Bey, après avoir figuré à Malte, parmi les coupables de la guerre, dirige maintenant les services des postes et télégraphes de l’Etat d’Angora. Hadji Adil Bey, qui présida la première Chambre turque, vient de se rendre à Angora où il est appelé à occuper un poste de confiance. Enfin l’homme qui dirige la politique extérieure, le fameux Youssouf Kemal, est aussi une des sommités de l’ancien Comité « Union et Progrès ». Ex-député de la première Chambre turque, aussitôt après la Révolution de 1908, il fut l’un des plus ardents défenseurs de l’idée de l’entrée de la Turquie en guerre, aux côtés de l’Allemagne. En général, il n’y a pas de poste important à Angora qui ne soit occupé par un ancien membre influent du Comité « Union et Progrès ». » [2]


Erdogan, qui est un des principaux soutien politique et géopolitique de Frères Musulmans, est la personnification de la fusion entre Kémalisme et Frérisme, puisque, comme je l’ai déjà écrit, Hassan Al-Banna (1906-1949), le fondateur de l’organisation des Frères musulmans (fondée en 1928), a structurée la confrérie sur le modèle de la Franc-Maçonnerie – et ce jusqu’au rite initiatique, d’ailleurs similaire à celui de l’organisation de type maçonnique des Jeunes Turcs, le Comité Union et Progrès [3] –, étant lui-même, ainsi que son père, le disciple d’une lignée de Francs-Maçons déguisés en religieux tels que Jamal Eddine al-Afghani (1838-1897) et Mohamed Abduh (1849-1905) [4].

Quoi de plus logique que de voir Erdogan soutenir à la fois les objectifs révolutionnaires et internationalistes des Frères Musulmans et poursuivre ceux des kémalistes qui, il faut le souligner avec insistance, voulaient dès 1921, comme Erdogan aujourd’hui, élargir les frontières de la Turquie jusqu’aux limites de ceux de l’Empire ottoman [5].

Cette information avait été rapportée notamment par le journal français de Constantinople Le Bosphore sous la plume de M. de la Jonquière le 1er juillet 1921 :

« Les Turcs se posaient en victimes, cherchant à rejeter sur des causes fortuites, occasionnelles, les responsabilités d’une politique dont ils auraient largement profité si elle avait réussi. Ce n’était pas sur Smyrne seulement et sur Andrinople que portaient leurs revendications territoriales ; elles embrassaient toutes les contrées qui avaient fait partie de l’Empire Ottoman, avant la guerre… Au nom de principe des nationalités, ils ont réclamé le maintien de la souveraineté ottomane, non seulement sur la Thrace, l’Anatolie et l’Asie Mineure, mais sur tout le territoire au-delà du Taurus et sur tous les pays arabes. Les nationalistes ont encore renchéri sur ce programme. Les imprudentes contre-propositions qu’ils ont adressées au Gouvernement français, à propos de la Cilicie, sont un coup de cloche avertisseur. N’affichent-ils pas la prétention que le Traité de Londres soit révisé, non moins que celui de Sèvres ! Ce n’est plus la Turquie d’avant 1914 à laquelle ils postulent ; c’est celle d’avant la guerre balkanique ! Pour un peu, ils prétendraient restaurer l’Empire de Suleïman-el-Kanoun. Voilà ce qu’ils entendent par « frontières nationales ». » [6]


 

Le putsch, la purge et le repositionnement stratégique

Qu’Erdogan ait laissé faire le putsch pour mieux le faire avorter ou qu’il ait été prévenu par les russes dans un contexte où le président turc, affaiblit, ne pouvait que se tourner vers Poutine qui venait de lui pardonner (en juin 2016) sa trahison de novembre 2015 (lorsqu’un chasseur turc a abattu un bombardier russe), le résultat reste le même. En effet, le putsch a été une formidable opportunité pour Erdogan de raffermir son pouvoir en se servant du prétexte du complot Guleniste pour faire une très large purge en Turquie.

L’écrivain et analyse politique Israël Shamir, qui s’est rendu en Turquie pendant la purge, rapporte (en octobre 2016) :

« Après le putsch, Erdogan a entrepris la purge des Gulenistes ou Fethullistes comme on appelle les partisans de Fethullah Gülen, le père de l’islam politique turc modéré et le créateur d’un vaste réseau d’écoles qui s’étend sur 160 pays. Ils étaient censés être les initiateurs du coup d’Etat. Ce n’est en fait pas très clair, si Gülen et ses partisans étaient bien derrière l’opération, mais il ne fait pas de doute que ce sont des ennemis d’Erdogan. La purge n’est pas sanglante mais douloureuse : les proscrits ne sont pas abattus, mais perdent leur travail et atterrissent souvent en prison. Quelque soixante-dix ou quatre-vingt mille personnages sont passées à la trappe, 35 000 sont à l’ombre. Ils sont juges, officiers de l’armée, fonctionnaires, et souvent enseignants. 500 personnes ont été chassées du ministère des Affaires étrangères, certains avaient refusé de rentrer chez eux quand l’ordre de se replier avait été donné. L’état d’urgence a été déclaré juste après le putsch, et vient d’être prolongé pour trois mois de plus. » [7]


Depuis le putsch du 15 juillet 2016, Erdogan n’a plus d’autre choix que de se tourner définitivement vers la Russie. J’écrivais déjà dans un article (Le destin de la Turquie moderne et la politique suicidaire d’Erdogan) paru le 2 juillet 2016, 13 jours avant la tentative de coup d’Etat, dans ces mêmes colonnes, qu’Erdogan, frappé par la folie des grandeurs, s’est aussi aliéné ses maîtres étasuniens qui voyaient d’un très mauvais œil les libertés que prenait le dirigeant turc qui a trop tiré sur la laisse en allant bien au-delà de ses prérogatives de vassal. J’expliquais qu’il était devenu pour les Américains un allié gênant, car de leur point de vue, la Turquie est au Moyen Orient ce que l’Allemagne est à l’Europe, à savoir une puissance régionale qui n’est tolérée qu’à condition qu’elle applique l’agenda politique des Etats-Unis en toute soumission. J’avais ajouté qu’Erdogan étant devenu orphelin, en difficulté sur le plan de la politique intérieure, tentait une réconciliation avec la Russie. J’avais conclu l’article en émettant l’hypothèse d’une destitution à venir d’Erdogan.

Mon analyse a été confirmée moins de deux semaines plus tard. D’ailleurs l’on a appris que les Américains n’étaient pas étrangers à cette tentative de putsch.

Comme l’explique Israël Shamir dans son article d’octobre 2016 :

« On découvre que l’administration américaine avait décidé de faire son affaire à l’indocile Erdogan, il y a déjà quelque temps, et d’installer l’homme de Gülen, Ahmet Davutoglu, à sa place. Michael Rubin, le néoconservateur très écouté et spécialiste de la Turquie, demandait la tête d’Erdogan depuis longtemps. En mars 2016, il avait lancé un appel au putsch… » La multitude des forces – d’origines ethno-religieuses et idéologiques – opposées en Turquie, auxquelles s’ajoutent les manœuvres très imprudentes, pour ne pas dire stupides, d’Erdogan, le mettent dans une situation très précaire ; car il ne suffit pas d’envoyer des dizaines de milliers de personnes au trou pour régler des problèmes politiques si profonds. Si la purge consolide son pouvoir politique, en le raidissant, Erdogan se met au-devant d’un danger, une cassure d’un pouvoir sans aucune souplesse qui ne pourrait absorber la force de soulèvements de populations, manipulées ou non. Si Erdogan s’entête à vouloir réaliser le rêve kémaliste aux dépends de la Syrie et de l’Irak, s’en sera fini de lui et de la Turquie dans ses frontières actuelles. Peut-être s’imagine-t-il que la Russie le laissera réaliser ses rêves de conquêtes territoriales sur fond d’une très floue guerre antiterroriste, en échange de son repositionnement stratégique, en délaissant – par dépit – l’Amérique et l’Union européenne (qui lui ont tourné le dos) au profit de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) qu’il a l’intention de rejoindre comme il l’a annoncé le 20 novembre 2016 [8].


Les Russes ne sont visiblement pas disposés à le laisser faire, et ce même après un accord gazier et un accord de coopération militaire. Après la déclaration anti-Assad d’Erdogan (citée en début d’article), le porte-parole de Vladimir Poutine, Dimitri Peskov, a immédiatement réagit :

« Cette déclaration a eu lieu. La déclaration a été entendue partout dans le monde car la Turquie est notre partenaire et nos chefs d’Etats on un contact très intense et confiant. Cette déclaration est tout à fait nouvelle. Voilà pourquoi nous attendons avec impatience une explication de cette nouvelle position avant de prendre toute décision. », et il a ajouté, pour remettre Erdogan à sa place : « Cette déclaration est discordante par rapport à notre compréhension de la situation, comme Etat dont les forces armées sont les seules à se trouver légitimement sur le territoire de la République arabe syrienne à la demande des autorités légitimes, il est très important d’avoir cela en vue » [9]


Toutes les décisions politiques d’Erdogan depuis juin dernier relèvent de manœuvres de survies pour essayer de rattraper ses graves erreurs de jugements et son positionnement géopolitique en faveur du plan israélo-américain de remodelage du monde musulman, en particulier contre la Libye et la Syrie. Tout cela risque de le rattraper tôt ou tard, comme feu Saddam Hussein, qui a fini par payer de sa vie sa guerre contre l’Iran et le piège américain qui l’a conduit à tenter d’annexer le Koweït.

Youssef Hindi | 4 novembre 2016

 

jeudi 24 novembre 2016

La Turquie envoie des avions pour aider Israël à étreindre une vague d’incendies

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a remercié, jeudi, la Turquie pour avoir envoyé des avions spécialisés en vue d'aider Israël à éteindre une vague de feux de forêt ayant éclaté dans plusieurs parties du pays.

La Grèce, la Croatie, l’Italie, l’administration chypriote-grecque et la Russie ont également envoyé un total combiné de 10 avions pour aider à éteindre ces incendies.

Le bureau du Premier ministre israélien a indiqué avoir demandé un soutien étranger en raison des craintes que des vents forts ne fassent propager les feux durant la journée de jeudi.

Le site internet du journal "The Times d’Israël" a rapporté que des centaines de personnes ont été évacuées, jeudi, de la ville septentrionale de Haifa, tandis que les incendies continuent de faire rage depuis deux jours.

Source (Média Turc)

lundi 21 novembre 2016

Poutine : Daesh est financé par 40 pays, y compris par des pays-membres du G20

Au sommet du G20, qui s’est tenu du 14 au 16 novembre en Turquie, le président russe a souligné que la Russie avait présenté des exemples de financement des terroristes par des personnes physiques venant de 40 pays, y compris des pays-membres du G20.

Lors du sommet «j’ai donné des exemples basées sur nos données du financement de Daesh par des individus privés. Cet argent vient de 40 pays, parmi lesquels participent des pays-membres du G20», a précisé Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine a aussi évoqué la nécessité urgente d’empêcher la vente illégale de pétrole.

« J'ai montré à nos partenaires de nombreuses photos prises depuis l’espace et depuis les aéronefs sur lesquelles on voit clairement le volume que représente la vente illégale pétrolière effectuée par Daesh».

Le président russe a aussi précisé que ce n’était pas le moment de rechercher quel pays était le plus efficace dans la lutte contre Daesh. «Il vaut mieux unir les efforts internationaux pour combattre ce groupe terroriste», a déclaré Vladimir Poutine.

«Nous avons besoin du soutien des Etats-Unis, des pays européens, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et de l’Iran», a-t-il poursuivi.

A propos des relations avec les Etats-Unis, le président Poutine a mis en évidence que la position de Washington avait changé après les attentats de Paris.

«Nous avons besoin d’organiser un travail qui se concertera sur la prévention des attaques des terroristes à l’échelle globale. Nous avons proposé d’unir nos efforts avec les Etats-Unis dans la lutte contre Daesh. Malheureusement, nos partenaires américains ont refusé. Ils nous ont envoyé une note écrite qui dit : "Nous rejetons votre proposition". Mais la vie change toujours assez vite, en nous donnant des leçons. Et je crois que maintenant tout le monde commence à comprendre qu’on ne peut combattre effectivement Daesh qu’ensemble», a précisé le président russe.

Compte tenu des différences d’approche dans la lutte contre l’EI, Vladimir Poutine a précisé qu’avant tout, il était important de définir quelles étaient les organisations qui peuvent être considérées comme terroristes et celles qui font légitimement partie de l’armée d’opposition syrienne. «Nos efforts doivent être concentrés sur la lutte contre des organisations terroristes», a insisté le président russe.

Après que le gouvernement russe a entamé une campagne de bombardements militaires en Syrie depuis le 30 septembre, la Russie a été largement critiquée par les pays occidentaux mais Vladimir Poutine a répondu aujourd’hui.

«Il est vraiment difficile de nous critiquer. Ils ont peur de nous donner des informations sur les territoires que nous ne devons pas frapper, craignant que cela devienne l’endroit exact de nos frappes futures et que nous allons les trahir. Il est évident que ce point de vue est basé sur leur propre conception de la décence humaine», a déclaré le président russe.

Source: RT

mardi 15 novembre 2016

La bataille d'al-Bab et ses enjeux

Le groupe terroriste Daech occupe depuis trois ans la ville stratégique d'al-Bab au nord-est d'Alep. Il en a même fait l'un de ses "émirats". Or, la cité est aujourd'hui le théâtre de trois batailles qui se déroulent simultanément autour d'elle.

Qui en sont les principaux protagonistes? L'armée syrienne, les Kurdes et l'armée turque. 

La ville étant la porte d'entrée vers Raqqa, l'armée syrienne et ses alliés, bien en avance dans leurs combats à l'ouest d'Alep, envisagent une intensification des combats dans les semaines à venir, surtout que l'aviation russe est bien déterminée à poursuivre ses raids contre les terroristes. L'axe des combats gravitera autour des quartiers est d'Alep près desquels est située, entre autres, la ville d'al-Bab. Il y a sept mois, les forces syriennes ont lancée une vaste offensive contre l'est d'Alep qui les a conduits à une dizaine de kilomètres d'al-Bab. Une ceinture de sécurité a désormais été créée tout autour de la ville, qui est traversée par l'autoroute du Castello au nord et la route d'al-Ramoussah dans le sud. Ces avancées font d'al-Bab une cible privilégiée pour l'armée syrienne. 

Mais les Kurdes convoitent aussi cette ville : les combattants des forces démocratiques syriennes, soutenus par Washington, se battent contre les terroristes pro-Ankara dans le nord et comptent vaincre Daech à al-Bab. Que cherchent-ils à faire ? À relier leur bastion, c'est-à-dire Kobané, à la ville d'al-Bab et, de là, à faire le lien avec Hassaka et Qamechli dans l'est. 

Or, l'opération de l'armée turque dite "Bouclier de l'Euphrate" a complété la ceinture de bataille qui entoure al-Bab sur trois flancs. Sous prétexte d'éloigner le danger de Daech des frontières turques, l'armée d'Erdogan s'est emparée de Jerablus au cours d'une opération spectacle. Daech s'est retiré de cette ville sans fracas. Bien conscient de l'importance stratégique d'al-Bab, Erdogan veut avoir cette ville, car c'est par elle que passent les routes menant à Raqqa dans l'est et à Alep dans le sud. 

Une dernière information fait état de l'avancée rapide des terroristes de l'Armée syrienne libre (ASL), soutenus par Ankara, vers al-Bab, avancée facilitée par les raids récurrents des avions turcs. Là aussi, comme à Jerablus, l'entrée du premier combattant pro-Ankara à al-Bab provoquerait des défections massives dans les rangs des terroristes de Daech qui occupent la ville. Une fois la ville d'al-Bab tombée, Ankara pourrait enfin respirer, dans la mesure où verrait enfin le jour la zone tampon qu'il cherche à créer depuis 5 ans dans le nord de la Syrie, à proximité de ses frontières. 

Mais est-ce si simple? Tant s'en faut... Les stratèges militaires écartent la possibilité de voir al-Bab tomber si facilement dans l'escarcelle de la Turquie. L'axe de la Résistance s'oppose ardemment à la création d'une telle zone tampon. L'armée syrienne et ses alliés pourraient même entrer directement en conflit avec la Turquie si celle-ci finissait par franchir le Rubicon qu'est al-Bab...

Source: Press TV

lundi 17 octobre 2016

Syrie: la guerre pour le gaz et les gazoducs continue ?

Début Avril 2013 le Dr. Imad Fawzi Shueibi parlait pour la première fois sur une chaine de télévision, en l’occurrence la chaîne Al-Mayadeen, des découvertes pétro-gazières en Méditerranée orientale transformant certains pays du Moyen-Orient en États producteurs et exportateurs de gaz et de pétrole. Une véritable surprise, pour les non initiés, concernant essentiellement la Syrie, le Liban, Chypre, Israël et la Turquie. Il avait alors divulgué les documents et graphiques de deux sociétés  norvégiennes spécialisées dans l’exploration du sous-sol ayant ratissé la côte méditerranéenne sur 5000 Km2.

Ces informations expliquent en grande partie l’intensité du conflit autour et contre la Syrie dont les ressources seraient de loin les plus importantes, d’autant plus qu’il nous apprend que la société franco-américaine « CGGVeritas » est entrée sur la ligne en rachetant les deux sociétés norvégiennes qui n’avaient pas livré tous leurs petits secrets.

Aujourd’hui, les masques sont tombés et ne dissimulent plus ni les causes, ni les moyens, ni les trahisons, ni les mensonges, ni les crimes, ni les turpitudes ayant nourri cette sale guerre dite « par procuration » ; ce qui lui a fait dire que la Syrie vivait une « malédiction » là où elle aurait pu espérer le contraire.

Les masques sont tombés, mais la guerre continue malgré tout. En voici quelques raisons tout bêtement commerciales extraites d’une émission TV de la chaîne libanaise NBN [NdT].

1. Docteur Shueibi, pensez-vous que la Syrie se dirige vers une stabilisation obligée ?

Je pense que nous nous dirigeons obligatoirement vers cela, car il s’agit d’une région riche en gaz et en pétrole pour les cent années à venir, sans compter les gazoducs qui devront la traverser. J’ajoute que je vois dans les derniers évènements auxquels nous venons d’assister le règlement du conflit arabo-israélien. Ceci semble encore plus évident si nous tenons compte des récentes critiques, presque menaçantes, prononcées par Kerry à l’encontre de Netanyahou lorsqu’il lui a rétorqué : « Est-ce qu’Israël veut une troisième Intifada?» [1].

Parlant de nouvelle intifada, Kerry a sans doute signifié aux Israéliens que si depuis toujours ils agissent à leur guise en tuant et emprisonnant comme bon leur semble, c’est bien parce qu’ils sont protégés par l’ami américain. Mais voilà que les USA ainsi que la Russie veulent régler les problèmes de la région et en éteindre l’incendie. A-t-on jamais vu des guerres dans une une région gazière et pétrolière ?

2. Parlez-vous d’une paix prochaine non seulement pour la Syrie mais pour toute la région ?

Sans vraiment insister sur le mot « paix », parlons plutôt d’une sorte de stabilité ou de nouveaux équilibres entre les forces belligérantes…

3. Quand ?

Dans un délai de 10 ans.

4. Est-ce à dire que la région ne connaîtra pas de stabilité avant dix ans ?

Je pense que si Israël persiste dans son entêtement, il n’y aura pas de retour à la stabilité et cela affectera toute la région, y compris Israël. Mais peut-être que l’on arrivera à assouplir ses positions… Notez que Netanyahou, malgré sa bouderie, compte se rendre en Russie le 20 Novembre et qu’il a eu un contact téléphonique avec Poutine hier.

L’Israélien est, à ma connaissance, d’une grande intelligence lorsqu’il s’agit de rejoindre les forces ascendantes. Rappelez-vous qu’en 1956 il a vite permuté de la France et de la Grande Bretagne vers les USA. Aujourd’hui, c’est la Russie et la Chine qui montent ! N’oubliez pas non plus que la Russie a signé un accord concernant le champ gazier situé au Nord d’Israël, lequel champ est imbriqué avec celui du Liban. Par conséquent, je demande à mes frères libanais : «  Ne vous-êtes vous pas posés la question de savoir pourquoi autant de précipitations concernant le dossier pétro-gazier ? ».

 5. Précipitation des Israéliens pour voler nos ressources à nos frontières !

Cela fait un bout de temps qu’ils volent… mais ceux qui courent après ce dossier ont fini par sentir qu’il était temps de songer au partage de ces ressources.

6. Autrement dit, la part qui doit nous revenir à nous les Libanais ?

Oui, la part libanaise. Mais la question dangereuse concerne la Syrie qui, en plus du gaz et du pétrole dont elle regorge, est sur le trajet que doivent emprunter divers gazoducs. Alors de deux choses l’une ; soit le calme revient d’ici deux ans, suivi par les appels d’offre, les forages aboutissant à la production dans un délai de 7 années ; soit il y a ajournement par ceux que cela arrange de laisser brûler la Syrie pour que le prix du gaz reste élevé.

Ce prix restera élevé tant que le gaz syrien n’est pas exploité, que le gaz iranien reste pour une grande part hors circuit, que le sort du gaz qatari [à l’origine de tout ce jeu] reste indéterminé, et que le gaz de l’Arabie saoudite n’est pas rendu en mer Méditerranée. Tant qu’il en est ainsi, les prix du gaz israélien et du gaz russe resteront élevés !

7. C’est pourquoi l’on reporterait la stabilisation à plus tard ?

L’une des théories israéliennes voudrait que cette instabilité perdure tant qu’Israël n’aurait pas écoulé la moitié de son gaz. Elle implique que sur ses 20 années de réserves, il pourra vendre la moitié de son gaz à prix élevé pendant 10 ans pour ne pratiquer qu’ensuite le tarif mondial qui ira nécessairement à la baisse.

C’est une théorie que nous devons prendre en considération, tout en sachant que le problème ne dépend pas de la seule volonté d’Israël. Mais si elle devait se vérifier, une analyse à froid m’amène à penser qu’une telle situation serait toute aussi intéressante pour la Russie qui fournit 46% du gaz européen.

8. Mais n’est-il dans l’intérêt de la Russie d’exploiter le gaz de notre région ?

Bien-sûr, c'est dans son intérêt.

9. Et comme vous venez de le dire, elle exploitera le gaz des territoires occupés et participera pour une grosse part à l’exploitation du gaz syrien ?

Et dans ce cas, ce qui devient encore plus important est le prix du gaz. En effet, s’il y a entente entre la Russie, l’Europe et les USA, la théorie israélienne n’est plus valable. La Syrie en aura terminé avec cette malédiction et le problème syrien sera résolu. D’ailleurs, il me semble que la Russie et les USA accélèrent dans ce sens et qu’ils se sont déjà entendus non seulement sur les modalités d’exploitation mais aussi sur les prix.

10. Mais alors, partant de la théorie qui veut que l’exploitation des ressources pétro-gazières nécessite la stabilité de la région, pourquoi a-t-on allumé cette guerre incendiaire en Syrie, avec son cortège de sang, de morts et de destructions ? Pourquoi n’a-t-on pas commencé par profiter de la stabilité qui y régnait quitte à changer d’avis en cas d’échec ?

C’est une question de rigidité ou de souplesse des prises de position des uns et des autres, et il nous faut envisager la synthèse de tout ce qui se passe dans notre région en sachant que nous ne pouvons toujours pas en donner une image définitive. Cette image est jusqu’ici incertaine et ne pourra être réglée qu’en fonction de la nature des conflits, l’arrêt des combats, les ententes régionales, internationales et nationales.

Si l’Arabie saoudite n’arrête pas son escalade dans la violence et persiste à refuser de suivre les USA, la guerre sera longue ! Certains disent qu’elle est totalement inféodée aux USA et qu’elle suivra leurs directives. D’autres pensent qu’elle profite de leur faiblesse et se rebiffe réclamant sa place au soleil. De nombreux centres de recherche en arrivent à la conclusion que l’Arabie saoudite peut encore mener sa « Guerre du pétrole » et que même si les USA peuvent produire 12 millions de barils de pétrole de schistes ou autres, par jour ; ils auront quand même besoin de 4 millions de barils supplémentaires par jour.  Ils devront se les procurer en grande partie du côté de cette même Arabie saoudite qui reste ainsi un facteur non négligeable de l’équation, malgré sa dépendance… Ce n’est que dans environ trois mois que nous pourrons savoir si elle s’obstine dans sa rébellion ou obtempère, à moins qu’elle ne subisse à son tour les méfaits de conflits internes. Ce que je ne lui souhaite pas.

11. Ces conflits internes n’auront peut-être pas lieu étant donné la stabilité requise pour la région ?

Rappelez-vous les paroles de Richard Perle disant que le « chaos constructif » de notre région devait commencer par l’Irak, puis passer au Liban, à la Syrie, à l’Arabie saoudite pour terminer par le grand prix censé être l’Egypte. L’Arabie saoudite était dans le collimateur… J’espère qu’elle saura raison garder.

12. Mais qui a dit que le dossier du gaz avait une telle incidence sur ce qui se passe ? Qui a dit qu’il y avait de telles ressources pétro-gazières en Syrie et au Liban ? Quelles sont les études menées dans ce cadre ?

J’ai déjà exposé une partie de ces études sur Sham FM en 2012, puis dernièrement sur la Chaîne TV Al-Mayadeen [3] [4]. C’est pourquoi, je me contenterai d’en rappeler l’essentiel avant d’apporter des données supplémentaires.

La société norvégienne Inseis a délivré à la Syrie les résultats d’une première exploration off-shore en deux dimensions [2D]. Elle révélait les 14 gisements de pétrole dont j’ai déjà parlés. Ensuite, une deuxième société toujours norvégienne, la SAGEX, a repris le travail et a rendu des résultats comparables à la précédente en se gardant de communiquer les résultats des données sismiques transformées en 3D permettant une estimation bien plus quantitative du rendement des gisements en sols marins que la 2D. Puis, ces deux sociétés ont été rachetées par « CGGVéritas » qui est une société franco-américaine basée à Londres. Cette dernière société a donc récupéré le contrat et les données concernant la Syrie. Et là, le jeu devient plus clair !

Ainsi, lorsque j’avais présenté une première image sur Al-Mayadeen j’avais dit que les premières estimations des rendements pétroliers pour les gisements [14-9-10-13] s’étendant de la frontière libanaise jusqu’à Banias seraient équivalents à ceux du Koweït. Je m’étais basé sur les données 3D prétendument non acquises par la SAGEX. En effet, ces données que j’ai pu consulter indiquent des rendements de 1,6 à 2 millions de barils de pétrole / Jour.

13. Sans parler du gaz ?

Oui, ces chiffres concernent uniquement le pétrole. Quant au gaz, j’avais dit que les gisements étaient considérables en territoire syrien avec un rendement estimé dix fois supérieur à ceux d’Israël et du Liban réunis, le centre étant localisé à Qara entre Damas et Homs.

14. Donc on-shore ?

Absolument ! Mais les sols marins sont aussi très riches en gisements gaziers, les rendements estimés augmentant sensiblement au fur et à mesure que vous remontez vers la côte syrienne. Et, pour en revenir au pétrole, si l’on additionnait les rendements des gisements syriens on arriverait à un total se situant entre ceux de l’Irak et de l’Iran !

15. Autrement dit la Syrie est nantie en pétrole et en gaz et le jeu valait son coût ?

Il le valait, d’autant plus si nous intégrons les trajets des gazoducs que j’ai déjà détaillés. Ainsi le projet de gazoduc russe South Stream qui passe par la Mer Noire et se dirige vers l’Autriche, traversant toute l’Europe, est un concurrent direct du projet Nabucco passant par la Turquie. Il a été voulu par les USA pour servir l’Europe en court-circuitant la Russie. La bataille s’est finalement soldée en faveur de la Russie pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas ici [3].

Et, à l’avenir, tout porte à croire que le secteur germanique l’emportera dans l’équation européenne et que nous assisterons à une coopération sans précédent entre la Russie ; l’Allemagne et l’Autriche. Personnellement, je vois l’Allemagne comme une future grande puissance disposant d’un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies.

16. La coopération russo-allemande est déjà bien avancée !

En effet. Tout est affaire d’intérêts commerciaux. Le gazoduc russe North Stream qui se dirige directement vers l’Allemagne via la Mer Baltique est l’un des secrets des relations particulières entre ces deux pays. Ceci dit, je pense qu’il est faux de dire que la Russie agit contre l’Europe. La Russie n’est pas l’URSS et il n’est pas interdit d’imaginer des lendemains plus ensoleillés, car ses relations avec l’Europe sont indestructibles.

De notre côté, nous avons à faire avec le gaz qatari et le gaz iranien issus d’un site d’exploitation off-shore [North Dome] situé à la frontière des deux pays. La partie iranienne [South Pars en jaune sur cliché de capture d’écran] est plus riche que la partie qatarie [en rose]. Les gazoducs respectifs doivent suivre un trajet passant par la Syrie !

17. C’est donc la fameuse nouvelle route de la soie dont vous avez parlé à plusieurs reprises ?

Exactement. Et je pense que c’est là le nœud des problèmes auxquels devra s’ajouter celui de l’acheminement des énormes quantités de gaz des régions de Rub’ Al-Khali et de Ghawar située au sud-ouest de Riad ; problème non encore résolu.

Le Qatar avait l’intention de faire passer son gazoduc par le territoire syrien [4], mais voilà que l’accord signé en Août 2011 entre l’Iran, l’Irak et la Syrie résout le problème de l’acheminement du gaz iranien vers la mer Méditerranée sans régler celui de l’acheminement du gaz qatari. Il ne lui restait plus que l’option de son transport par voie maritime qui nécessiterait une flotte de 1000 navires. Un coût exorbitant ramenant les bénéfices qataris escomptés, sur plusieurs années, de 800 milliards de dollars à 80 milliards ! Par ailleurs, il n’est pas exclu que le gaz saoudien doive suivre le même trajet en direction de la Syrie.

18. Les dossiers du gaz sont donc fondamentaux dans la crise syrienne?

Absolument. C’est pourquoi, je ne peux que répéter à mes compatriotes syriens que nous sommes face à des « conflits d’intérêts commerciaux » impliquant les multiples facteurs d’une même équation : Russie, USA, Israël, Iran, Turquie, Arabie saoudite, Qatar, etc. L’unique moyen de nous en sortir serait que chacun puisse y trouver son compte. C’est à cela que nous devons raisonnablement travailler.

Source
Vidéo NBN

dimanche 2 octobre 2016

Al Qaïda confirme collaborer avec la coalition internationale en Syrie

Le journal allemand Kölner Stadtanzeiger a publié lundi 26 septembre l’interview exclusive d’un des commandants du Front Al-Nosra à Alep, la branche d’Al-Qaïda en Syrie rebaptisée récemment Fatah Al-Cham et qualifiée de groupe « rebelle modéré ». Cette interview confirme un certain nombre d’analyses qui circulaient dans les médias indépendants, notamment en ce qui concerne la collaboration opérationnelle entre le Front al-Nosra et la coalition internationale, mais également la responsabilité des groupes djihadistes dans la crise humanitaire actuelle. Il est donc fort probable que les grands médias occidentaux engagés dans une nouvelle campagne de diabolisation du gouvernement syrien et de son allié russe ne lui donnent pas le moindre écho…

L’interview réalisée par le journaliste allemand Jürgen Todenhöfer, est d’une importance capitale. Outre les risques que comportait une telle opération en plein cœur des zones tenues par les groupes armés en Syrie, elle livre des informations de première main sur la collaboration entre les divers groupes djihadistes, au premier rang desquels Al-Nosra, et la coalition occidentale. Elle a ainsi été rapidement traduite en anglais, notamment par le média indépendant états-unien Moon of Alabama, et reprise par Zero Hedge.

La source interrogée par Jürgen Todenhöfer est l’un des commandants d’Al-Nosra, Abou al-Ezz.

La fiction des « rebelles modérés »

Le gouvernement syrien a maintes fois dénoncé la fiction des groupes « rebelles modérés » prétendument distincts des factions djihadistes qui bénéficient dans les faits du soutien opérationnel de certaines chancelleries occidentales et de la coalition. La campagne de bombardements aériens engagée par la Russie en septembre 2015 avait ainsi donné lieu à un florilège de réactions indignées en Occident dénonçant les frappes contre de prétendus « groupes d’opposition » au « régime » alors que les cibles des bombardements avaient été clairement identifiées par la Russie comme étant des groupes affiliés à Al-Qaïda, comme Ahrar al-Cham.

En février 2016, un reportage de la chaîne France 2 intitulé « Syrie le grand aveuglement« , réalisé parmi les groupes djihadistes d’Alep, montrait clairement la logique salafiste à l’œuvre dans les différents groupes djihadistes ainsi que la porosité entre les différentes factions de combattants se revendiquant toutes de la même idéologie. L’un des groupuscules djihadistes filmé par la chaîne exhibait ainsi son armement provenant de l’étranger, dont des missiles antichars MILAN de fabrication française.

Au final,le reportage confirmait les affirmations de Damas selon lesquelles il n’existait pas de groupes d’opposition « modérée » opérant en Syrie, l’Armée syrienne libre (ASL) apparaissant notamment comme une fiction marketing à destination de l’opinion publique occidentale. Voici ce que dit à ce sujet le commandant d’Al-Nosra interviewé par Jürgen Todenhöfer :

« Ils sont tous avec nous. Nous formons tous le Front al-Nosra. Un groupe se crée et prend le nom d’« Armée de l’islam» ou de «Fateh al-Sham». Chaque groupe a son propre nom, mais la croyance est homogène. Le nom global est Front al-Nosra. Une personne a, disons, 2 000 combattants. Elle forme alors un nouveau groupe et l’appelle «Ahrar al-Sham». La croyance, les pensées et les buts de ces frères sont identiques à ceux du Front al-Nosra. […] Si quelqu’un vient vous voir, fait de vous un «rebelle modéré» et vous offre à boire et à manger, allez-vous accepter son offre ou non ? »

Les déclarations Abou al-Ezz viennent ainsi confirmer une nouvelle fois la fiction de l’existence d’une « rébellion modérée ». Selon lui, Al-Nosra est soutenu militairement par différents pays de la coalition, dont la Turquie et les Etats-unis :

« Nous avons remporté des batailles grâce à des missiles TOW. Nous sommes parvenus à un équilibre des forces avec le régime grâce à ces missiles. Nous avons reçu des chars de la Libye par l’entremise de la Turquie, ainsi que des BM(lance-roquettes multiples). Le régime ne nous domine que par ses avions de chasse, ses missiles et ses lance-missiles. Nous avons capturé une partie de ces lance-missiles et en avons reçu pas mal d’ailleurs. Mais ce sont les TOWaméricains qui nous ont permis d’avoir la situation bien en main dans certaines régions. »

Des conseillers militaires étrangers sont également présents aux côtés du Front al-Nosra sur le terrain afin de former les combattants, notamment au maniement des armes et au travail de renseignement :

« Lorsque la «route» était fermée et que nous étions assiégés, il y avait ici présents des agents de la Turquie, du Qatar, de l’Arabie saoudite, d’Israël et des États-Unis. […] Des experts dans l’utilisation des satellites, des missiles, des caméras de vidéo surveillance thermiques, du travail de reconnaissance… »

Si la collaboration entre Al-Nosra et Israël, notamment sur le plateau du Golan, avait déjà été documentée par les casques bleus de l’ONU, ainsi que l’implication de la Turquie, la présence de formateurs militaires américains aux côtés du groupe terroriste fait encore l’objet de vives dénégations de la part de l’état-major US. Le porte-parole du Département d’Etat Mark Toner, a ainsi réagit à une question d’une journaliste de Russia Today sur ce sujet en déclarant : « C’est des conneries », mais en admettant toutefois que d’autres pays de la coalition pouvaient effectivement fournir du matériel militaire au groupe terroriste. Les États-Unis se retranchent ainsi derrière une position officielle très hypocrite, se dégageant de toute responsabilité directe mais laissant comme souvent leurs alliés régionaux réaliser le sale boulot en toute connaissance de cause, ce que confirme l’interview du commandant d’Al-Nosra :

« Oui, les Etats-Unis soutiennent l’opposition[syrienne], mais pas directement. Ils soutiennent les pays qui nous soutiennent. »

En ce qui concerne la France, la présidence a reconnu que cette dernièrefournissait de l’aide militaire par l’intermédiaire de la DGSE aux groupes rebelles depuis 2012, dont des missiles antichar MILAN…

Les groupes djihadistes s’opposent à la livraison de l’aide humanitaire

Les chancelleries occidentales ont récemment dénoncé à l’ONU le bombardement d’un convoi humanitaire à destination des zones sous contrôle des groupes armés dans la région d’Alep en l’attribuant aux armées russes et syriennes. Cette attaque a été le prétexte à une nouvelle offensive diplomatique en faveur d’un cessez-le-feu dans le but officiel de permettre l’acheminement de l’aide à la population civile. Comme je le mentionnais dans un précédent article, la situation humanitaire constitue un argument de propagande destiné à décrédibiliser l’action militaire des gouvernements russes et syriens contre les groupes djihadistes soutenus par la coalition et ses alliés régionaux. Le but est d’imposer un cessez-le-feu à l’armée syrienne et à son allié russe afin de redonner des marges de manœuvres aux combattants rebelles dont la situation à Alep est très précaire. Cette analyse est confirmée par les propos d’Abou al-Ezz qui affirme :

« Nous ne reconnaissons pas le cessez-le-feu. Nous allons repositionner nos groupes. Nous allons lancer dans les prochains jours une attaque massive contre le régime. »

Cette attaque a bien eu lieu après le bombardement des positions de l’armée syrienne près de l’aéroport de Deir ez-Zor le 17 septembre – qui auraient fait entre 80 morts et plus de cent blessés parmi les militaires syriens – qui a coïncidé avec une offensive de l’Etat Islamique. Si les États-Unis ont parlé d’un « accident », cette version ne tient pas selon le président Al-Assad :

« Ce n’était pas un accident, tout d’abord parce qu’il n’y a pas eu qu’un seul avion impliqué dans l’attaque. […] Il s’agissait de quatre avions, qui ont attaqué sans relâche les positions des troupes syriennes, durant un heure environ. Vous ne commettez pas une erreur pendant plus d’une heure.»

Alors que les missiles anti-chars TOW et MILAN ont permis aux groupes djihadistes affiliés à Al-Nosra, de tenir tête au régime et de rééquilibrer le rapport de force militaire au sol, la campagne actuelle de propagande utilisant le prétexte humanitaire a également pour but de faire progresser l’idée, notamment dans les opinions publiques, de la nécessité d’une zone d’exclusion aérienne qui priverait l’armée régulière syrienne de son seul avantage et du soutien essentiel de l’aviation russe. C’est aussi ce que confirme Abou al-Ezz lorsqu’il affirme : « Le régime ne nous domine que par ses avions de chasse, ses missiles et ses lance-missiles. »

Le secrétaire d’état américain John Kerry a ainsi demandé l’imposition d’une zone d’« exclusion aérienne » sur les secteurs contrôlés par les « rebelles » sous prétexte d’assurer la livraison de l’aide humanitaire mercredi dernier au conseil de Sécurité des Nations Unies. Pourtant, là encore, le commandant d’Al-Nosra Abou al-Ezz contredit la version occidentale et confirme celle du gouvernement syrien qui affirmait que les groupes rebelles empêchaient le déploiement de l’aide humanitaire dans la région d’Alep :

« Nous avons des conditions. Tant que le régime est positionné le long du chemin Castillo, à al-Malah et dans le secteur nord, nous ne laisserons pas ces camions passer. Le régime doit se retirer de tous ces secteurs avant que ces camions ne puissent passer. »

S’il est très improbable que cette interview soit reprise dans les médias traditionnels, qui jouent depuis le début du conflit le rôle de relais et d’amplificateurs de la campagne de propagande orchestrée par les États-Unis et les membres de la coalition internationale, la présence de l’armée russe sur le théâtre syrien a cependant permis l’émergence d’une autre version des faits qui se déploie dans les médias russes, notamment Russia Today ouSputnik, et les médias indépendants, mais également dans les institutions internationales comme le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Malgré les différentes initiatives des États-Unis et de leurs alliés pour contrer ou faire taire ces voix divergentes dans un contexte de guerre de l’information, elles restent aujourd’hui le principal rempart contre l’imposition d’une réalité falsifiée qui avait permis l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne et la destruction de la Libye en 2011, il est d’autant plus vital de les soutenir, de les relayer, et de les faire vivre aujourd’hui…

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