vendredi 30 septembre 2016

Confirmation du danger des OGM sur la fécondité humaine

On soupçonnait déjà que la perte de la fertilité était au nombre des graves  dégâts occasionnés, une étude récente va dans ce sens. Une étude qui, si elle n'est pas étouffée, pourrait avoir un grand impact sur les décisions à prendre à l'avenir!

En 2009, près de 3% des terres agricoles étaient couvertes d'OGM avec 134 millions d'hectares, selon l'ISAAA, qui, chaque année, fait état des cultures des plantes transgéniques dans le monde. Et le dossier des OGM alimentaires - dont de très nombreuses pages restent encore floues à ce jour - pourrait bien s'alourdir prochainement alors qu'une nouvelle pièce en provenance de Russie est sur le point d'y être ajoutée. 

Celle-ci prend la forme d'une étude, dont les résultats les plus frappants viennent d'être présentés à la presse en Russie dans le cadre de l'ouverture dans ce pays des Journées de Défense contre les Risques Environnementaux. Elle est même évoquée par Jeffrey Smith, fondateur de l'Institute for Responsible Technology aux Etats-Unis et auteur de référence dans le monde des OGM avec notamment son ouvrage Seeds of Deception (littéralement «les semences de la tromperie») publié en 2003. Menée conjointement par l'Association Nationale pour la Sécurité Génétique et l'Institut de l'Ecologie et de l'Evolution, cette étude russe a duré deux ans, avec pour cobayes des hamsters de race Campbell, une race qui possède un taux de reproduction élevé. Ainsi, le Dr Alexey Surov et son équipe ont nourri pendant deux ans et d'une manière classique les petits mammifères, à l'exception près que certains d'entre eux ont été plus ou moins nourris avec du soja OGM (importé régulièrement en Europe) résistant à un herbicide.

Au départ, quatre groupes de cinq paires (mâles / femelles) ont été constitués: le premier a été nourri avec des aliments qui ne contenaient pas de soja, le second a, quant à lui, suivi un régime alimentaire qui comportait du soja conventionnel, le troisième a été alimenté avec en complément du soja OGM et enfin le quatrième groupe a eu des plateaux repas dans lesquels la part de soja transgénique était encore plus élevée que dans ceux du troisième.

A la fin de cette première phase, l'ensemble des quatre groupes a eu en tout 140 petits. L'étude s'est poursuivie dans une deuxième phase par la sélection de nouvelles paires issues de chacun de ces premiers groupes. Et, dans la logique du déroulement, les nouvelles paires de la deuxième génération ont, elles aussi, eux des petits, créant de fait la troisième et dernière génération de cobayes. Ainsi, il y a eu au final 52 naissances parmi les spécimens de troisième génération qui n'ont pas consommé du tout de soja, 78 parmi ceux qui ont consommé du soja conventionnel.

Mais le troisième groupe, celui qui a été nourri avec du soja OGM, n'a eu que 40 petits, dont 25% sont morts. Et, pire, dans le groupe qui a mangé le plus de soja génétiquement modifié, une seule femelle a réussi à donner naissance, soit 16 petits au total, dont 20% sont finalement morts.

Ainsi, à la troisième génération, les hamsters qui, pour les besoins de l'étude, ont eu, dans leur menu, une part importante de soja OGM, n'étaient plus capables de se reproduire...

Mais une autre surprise de taille a été observée: certains de ces hamsters issus de la troisième génération se sont retrouvés avec des poils ... dans la bouche, un phénomène d'une extrême rareté.

Selon Jeffrey Smith, l'étude du Dr Surov et de son équipe pourrait bien «déraciner» une industrie qui vaut plusieurs milliards de dollars. L'affaire est donc à suivre, mais, quoi qu'il en soit, depuis l'introduction en 1996 dans l'environnement et dans la chaîne alimentaire de produits agricoles transgéniques (issus de semences dans lesquelles y sont ajoutées un ou plusieurs gênes étrangers afin de conférer à la plante une propriété spécifique), les risques qui y sont liés restent encore très largement inconnus car très peu observés, faute d'études suffisamment longues et indépendantes, mais aussi à cause du refus des semenciers de publier leurs propres études (sauf sous la contrainte juridique) pour des raisons de stratégies industrielles et commerciales.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le principe de précaution, dans ce domaine, semble effectivement illusoire, alors que les incertitudes scientifiques qui demeurent devraient justement le mettre au cœur du processus d'évaluation. Et, d'ailleurs, l'on peut même supposer que cette absence de précaution large et de manque de transparence vis-à-vis du public nuisent par la même occasion aux OGM agricoles expérimentaux (de seconde génération) qui ne peuvent pas être évalués dans les meilleures conditions puisque ceux qui sont actuellement sur le marché ne l'ont été que partiellement (voir le proverbe de la «charrue avant les boeufs»...).

Car l'ennui, au fond, c'est que nous tous, les consommateurs, sommes au bout de cette chaîne alimentaire: alors finalement dans l'histoire, qui sont réellement les cobayes?

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Shimon Peres : le criminel de guerre israélien dont l’Occident a toujours ignoré les victimes

Shimon Peres (1923-2016).
Mieux connu en Occident pour son rôle dans les accords d’Oslo.
Sa famille s’était installée en Palestine dans les années 1930.
A combattu avec la Haganah durant la Nakba.
Présenté comme l’architecte du programme nucléaire clandestin d’Israël.
Percevait les citoyens palestiniens comme une « menace démographique ».
A joué un rôle majeur dans les premiers jours des implantations en Cisjordanie.
Responsable du massacre de Qana au Liban, en 1996.
A soutenu le blocus de Gaza et les récentes offensives israéliennes.

Shimon Peres, décédé ce mercredi à l’âge de 93 ans, après avoir subi une crise cardiaque le 13 septembre dernier, incarnait la disparité entre l’image d’Israël en Occident et la réalité de la politique coloniale sanglante d’Israël en Palestine et dans l’ensemble de la région.

Peres était né en 1923 dans ce qui, plus tard, allait devenir la Biélorussie, et sa famille s’était installée en Palestine dans les années 1930. Jeune homme, Peress’était enrôlé dans la Haganah, la milice responsable en tout premier lieu de l’épuration ethnique des villages palestiniens en 1947-1949, durant la Nakba.

Bien que le déplacement par la violence desPalestiniens fasse l’objet de rapports historiques, Peresa toujours insisté sur le fait que les forces sionistes« avaient gardé la pureté des armes », au cours de l’installation de l’État d’Israël. En effet, prétendait-il même avant l’existence d’Israël« il n’y avait rien, ici ».

Durant sept décennies, Peres a servi en tant que Premier ministre (à deux reprises) et président, bien qu’il n’ait jamais remporté directement la moindre élection nationale. Il a été membre de 12 cabinets et a assumé les tâches de ministre de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances.

Il est peut-être mieux connu en Occident pour son rôle dans les négociations qui ont abouti aux accords d’Oslo, en 1993, et qui lui ont valu le prix Nobel de la paix en compagnie de Yitzhak Rabin et de Yasser Arafat.

Pourtant, pour les Palestiniens et leurs voisins duMoyen-Orient, le palmarès de Peres est très différent de sa réputation en Occident d’infatigable « colombe » de la paix. Ce qui suit n’est en aucun cas un résumé complet du palmarès de Peres au service du colonialisme et de l’apartheid.

Les armes nucléaires

Entre 1953 et 1965, Peres a d’abord servi comme directeur général du ministère israélien de la Défense et, ensuite, comme vice-ministre de la Défense. En raison de ses responsabilités de l’époque, Peres a été décrit comme « l’un des architectes du programme d’armement nucléaire d’Israël » qui, à ce jour, « a toujours échappé à la surveillance de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ».

En 1975, comme l’ont révélé depuis des documents secrets, Peres rencontrait le ministre sud-africain de la Défense Pieter Willem Botha et « proposait de vendre des ogives nucléaires au régime de l’apartheid ». En 1986,Peres autorisait l’opération du Mossad au cours de laquelle le lanceur d’alerte nucléaire Mordechai Vanunuallait être kidnappé à Rome.

Le ciblage des citoyens palestiniens

Peres a joué un rôle clé dans le régime militaire imposé aux citoyens palestiniens jusqu’en 1966, régime sous lequel les autorités ont massivement volé des terres et déplacé des populations.

L’un des outils de ce régime n’était autre que l’article 125, qui permettait de déclarer des terres palestiniennes zones militaires fermées. Une fois que leurs occupants s’en voyaient interdire l’accès, les terres étaient alors confisquées nomme « non cultivées ». Peres encensait cet article 125 comme un moyen de « poursuivre directement la lutte pour l’implantation et l’immigration des Juifs ».

Une autre des responsabilités de Peres dans ses attributions de directeur général du ministère de la Défense consistait à « judaïser » la Galilée, c’est-à-dire à poursuivre une politique censée réduire dans la région la proportion entre les citoyens palestiniens et les citoyens juifs.

En 2005, en tant que vice-Premier ministre du cabinet d’Ariel Sharon, Peres réitéra ses attaques contre les citoyens palestiniens via des plans visant à encourager les Israéliens juifs à s’installer en Galilée. Son plan de« développement » couvrait 104 communautés – dont 100 juives.

Lors d’entretiens secrets avec des hauts fonctionnaires américains cette même année, Peres prétendit qu’Israëlavait « perdu un million de dounams [100 000 hectares, soit 1 000 kilomètres carrés] de terres du Néguev au profit des Bédouins », ajoutant que le « développement » duNéguev et de la Galilée pouvait « atténuer ce qu’il appelait une menace démographique ».

Soutien aux colonies illégales en Cisjordanie

Alors que le projet israélien d’implantation enCisjordanie a été associé en premier lieu au Likoud et à d’autres partis nationalistes de droite, c’est en fait le Parti travailliste qui donna les premiers coups de fouet à la colonisation du territoire palestinien nouvellement conquis – et Peres y participa avec enthousiasme.

Durant le mandat de Peres en tant que ministre de la Défense, de 1974 à 1977, le gouvernement Rabin installa un certain nombre de colonies clés en Cisjordanie,parmi lesquelles Ofra, dont d’importantes sections furent construites sur des terres confisquées à leurs propriétaires palestiniens.

Plus récemment, après avoir joué un rôle clé dans les premiers jours de l’entreprise d’implantation, Peresintervint également pour annuler toute espèce de mesure, aussi modeste ait-elle été, visant à sanctionner les colonies illégales et ce, chaque fois, naturellement, sous le prétexte de protéger les « négociations de paix ».

Le massacre de Cana

En 1996, en tant que Premier ministre, Peres ordonna et supervisa l’opération « Raisins de la colère », lorsque les forces armées israéliennes tuèrent quelque 154 civils au Liban et en blessèrent 351 autres. L’opération, dont on croit généralement qu’elle fut une démonstration de force pré-électorale, ciblait intentionnellement des civils libanais.

Le massacre de Qana

Selon le site Internet officiel des Forces aériennes israéliennes (en hébreu, pas en anglais), l’opération impliquait « le bombardement massif des villages chiites du Sud-Liban afin de provoquer un exode de civils vers le Nord, en direction de Beyrouth, appliquant ainsi des pressions sur la Syrie et sur le Liban afin qu’ils freinent le Hezbollah ».

L’incident le plus notoire de la campagne fut le massacre de Cana, qui vit Israël bombarder une enceinte des Nations unies et tuer ainsi 106 civils qui s’y étaient réfugiés. Un rapport de l‘ONU expliqua à l’époque que, contrairement aux dénégations israéliennes, il était « improbable » que le bombardement «eût été le résultat d’erreurs techniques et/ou de procédure ».

Plus tard, les artilleurs israéliens dirent à la télévision israélienne qu’ils ne regrettaient aucunement le massacre, puisque les morts n’étaient « qu’un ramassis d’Arabes ». Quant à Peres, sa conscience était tout aussi propre : « Tout a été accompli selon une logique claire et de façon responsable », dit-il. « Je suis en paix. »

Gaza – La justification du blocus et de la brutalité

Peres connut sa consécration comme l’un des plus importants ambassadeurs d’Israël dans le monde de ces dix dernières années, au moment où la bande de Gazaétait soumise à un blocus dévastateur et à trois offensives majeures. En dépit de la colère mondiale à l’égard de cette politique, Peres ne cessa jamais de soutenir les punitions collectives et la violence militaire.

En janvier 2009, par exemple, malgré les appels des« organisations israéliennes des droits de l’homme pour que soit mis un terme à l’opération  »Plomb durci » »,Peres décrivit « la solidarité internationale derrière les opérations militaires » comme « les plus belles heures d’Israël ». Selon Peres, le but de l’offensive « était d’asséner un coup très dur aux gens de Gaza afin de leur faire passer l’envie de tirer [des missiles] sur Israël ».

Lors de l’opération « Pilier de défense », en novembre 2012, Peres  « prit sur lui la tâche de contribuer à l’effort israélien en matière de relations publiques en transmettant le discours israélien aux dirigeants mondiaux », pour reprendre les termes utilisés dans Ynetnews. À la veille de l’offensive israélienne, « Peres prévint le Hamas que s’il voulait que les gens de Gaza puissent mener une existence normale, il devait cesser de lancer des missiles contre Israël ».

En 2014, lors d’une vague de bombardements sans précédent sur Gaza, Peres se dressa une fois de plus pour blanchir ces crimes de guerre. Après que les forces israéliennes eurent tué quatre petits enfants qui jouaient sur une plage, Peres sut parfaitement sur qui jeter le blâme – sur les Palestiniens : « Nous avions mis en garde que nous allions bombarder cette zone », dit-il. « Et, malheureusement, ils n’ont pas fait partir les enfants. »

Le blocus honteux, internationalement condamné comme une forme de punition collective interdite, a également été défendu par Peres – sur les bases, précisément, qu’il s’agit d’une punition collective. Comme le disait Peres en 2014 : « Si Gaza cessait ses tirs, il n’y aurait pas besoin de blocus. »

Le soutien de Peres aux punitions collectives s’étendait également à l’Iran. En 2012, commentant des rapports disant que six millions d’Iraniens souffrant de cancer ne pouvaient recevoir de traitement en raison des sanctions, Peres déclara : « S’ils veulent retrouver une existence normale, qu’ils redeviennent donc normaux. »

Pas un mot d’excuse jusqu’à la fin

Peres a toujours été clair à propos du but de l’accord de paix avec les Palestiniens. Il déclara en 2014 : « La première priorité est de préserver Israël en tant qu’État juif. Voilà notre but prioritaire, c’est pour cela que nous nous battons. » L’an dernier, il réitéra ces sentiments dans une interview accordée à AP, en disant : « Israël devrait appliquer la solution à deux États dans son propre intérêt », de façon à ne pas « perdre notre majorité [juive] ».

Ceci, rappelons-le, est ce qui a donné forme au soutien du Parti travailliste aux accords d’Oslo. Rabin, parlant devant la Knesset peu de temps avant d’être assassiné en 1995, avait été clair en disant que ce qu’Israëlcherchait dans les accords d‘Oslo était une « entité »palestinienne qui serait « moins qu’un État »Jérusalemserait la capitale non divisée d’Israël, les colonies clés seraient annexées et Israël resterait implanté dans la vallée du Jourdain.

Il y a quelques années, Peres décrivait les Palestinienscomme des gens « se posant eux-mêmes en victimes ». Et poursuivait : « Ils se victimisent eux-mêmes. Ils sont les victimes de leurs propres erreurs, qu’ils commettent sans aucune nécessité. » Une condescendance aussi cruelle caractérisait bien un homme pour qui la « paix » fut toujours synonyme de pacification coloniale.

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jeudi 29 septembre 2016

Le carnet qui recense le financement libyen de Sarkozy en 2007

Explosif : Mediapart révèle qu'un carnet de notes, appartenant à un ex-ministre libyen et détaillant plusieurs versements du régime de Kadhafi effectués en pleine campagne de 2007, est actuellement exploité par la justice.

Une affaire d'Etat". Le 28 avril 2012, en plein entre-deux-tours de la présidentielle française, le site Mediapart publiait un article au titre renversant : "Sarkozy-Kadhafi, la preuve du financement". Les journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske y diffusaient la copie d'un document officiel libyen daté de décembre 2006 qui, selon leurs informations, était la preuve que le régime de Mouammar Kadhafi avait décidé de débloquer une somme de 50 millions d'euros pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Un "faux grossier", rétorque alors le principal intéressé.

Le lendemain, 29 avril 2012, la police autrichienne retrouvait le corps sans vie de Choukri Ghanem dans les eaux du Danube, à Vienne, concluant à une noyade accidentelle consécutive à une crise cardiaque. Acteur clé de la réconciliation entre Paris et Tripoli, l'ancien ministre du Pétrole de Kadhafi s'était exilé en Autriche après la chute du colonel, tué fin 2011 pendant les printemps arabes.

Quel rapport entre les deux dates ? A priori aucun. Hormis peut-être l'existence d'un petit carnet de notes découvert lors d'une perquisition aux Pays-Bas qui, écrit Mediapart ce mardi, "pourrait bien devenir le pire cauchemar de Nicolas Sarkozy".

La justice française enquête depuis 3 ans sur les soupçons d'un financement libyen occulte et massif de la première campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Et, révèle Mediapart, le juge d’instruction parisien Serge Tournaire et les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption viendraient d'obtenir de la justice norvégienne la communication de nouvelles pièces : des notes manuscrites, rédigées par Choukri Ghanem et datées du 29 avril 2007, qui détaillent trois versements d'un total de 6,5 millions d'euros au profit du futur président français.

Première preuve tangible ?

Le ministre libyen du Pétrole y retranscrit le compte-rendu d'une réunion avec d'autres dignitaires du régime, au cours de laquelle sont évoqués les noms de trois auteurs de versements au clan Sarkozy :

Saïf al-Islam Kadhafi - second fils du colonel - pour 3 millions d'euros ;Abdallah Senoussi - chef des services secrets et beau-frère de Kadhafi - pour 2 millions d'euros ;Bachir Saleh - directeur de cabinet de Kadhafi - pour 1,5 million d'euros.

Dans son compte-rendu des discussions, Ghanem fait aussi état d'une impatience des destinataires quant à la réception physique des fonds, affirme Mediapart. Le "pure player" d'investigation souligne que ce carnet est la première preuve tangible de versements - le document révélé en 2012, par ailleurs authentifié par un expert, n'était qu'un accord de financement.

Surtout, il contrecarrerait l'argument sarkozyste qui consiste à affirmer que les accusations de financement libyen ne sont qu'une construction a posteriori du régime Kadhafi pour se venger de l'intervention française en 2011.

Lorsque Choukri Ghanem écrit ces lignes, nous sommes 4 ans avant le déclenchement de l'opération Harmattan. Et les relations entre Nicolas Sarkozy et la galaxie Kadhafi, 7 mois avant la réception en grande pompe de ce dernier à l'Elysée, sont au beau fixe... notamment grâce à l'entremise du marchand d'armes Ziad Takieddine et de deux amis intimes, Brice Hortefeux et Claude Guéant.

Un extrait non-publié de l'entretien accordé en mars 2011 au "Figaro", dont l'enregistrement a été diffusé par France 3 début 2014Mouammar Kadhafi affirmait avoir fait arriver Nicolas Sarkozy "au pouvoir en France" :

"C'est nous qui lui avons fourni les fonds qui lui ont permis de gagner les élections. [...] Il est venu me voir alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Il m'a demandé un soutien financier. Et on l'a soutenu."

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Quand la CIA utilise du LSD pour des expériences sur la conscience

Le projet top-secret MK-Ultra rendu célèbre par la série américaine Stranger Things est bien réel: la CIA mène en effet des expériences impliquant des moyens de manipulation de la conscience.

Tout service secret rêve d'obtenir un outil permettant de contrôler la psychologie humaine, qui résoudrait immédiatement beaucoup de problèmes vitaux — des réponses honnêtes lors des interrogatoires à la création d'"agents idéaux" dont le cerveau serait complètement sous le contrôle de leurs maîtres. Mais tous ne sont pas prêts à mettre ces rêves en pratique en lançant des recherches appliquées dans ce domaine. La CIA s'y est pourtant résolue et a même utilisé des citoyens américains — dont elle était censée défendre les droits et les libertés — comme cobayes.

L'idée d'organiser des recherches dans ce domaine a été pour la première fois avancée en avril 1953 par Richard Helms, responsable de l'Office of Special Operations et futur directeur de la CIA. Il avait réussi à persuader Allen Dulles, directeur de l'Agence à époque, de la nécessité de développer des "capacités d'utilisation secrète de matériaux biologiques et chimiques", ainsi que des "concepts physiologiques capables d'augmenter l'efficacité des opérations secrètes actuelles et futures". L'opération classifiée de la CIA portant sur l'utilisation de drogues afin de contrôler la conscience humaine a été baptisée "Projet MK-Ultra".

Toutes ces initiatives s'expliquaient évidemment par la nécessité de trouver une réponse adéquate aux agissements des Russes, qui développaient déjà certainement les mêmes programmes. Il fallait donc immédiatement lancer des recherches américaines pour "se protéger efficacement des tentatives de l'adversaire de nous influer de la même façon".

La plupart des expériences scientifiques américaines — si l'on peut parler de science dans ce cas-là — menées dans le cadre du projet MK-Ultra portaient sur le contrôle de la volonté humaine à l'aide de substances psychotropes. D'après Richard Helms, "tout superviseur était obligé de s'habituer à l'idée qu'il ne pouvait pas faire confiance complètement à son agent, qu'il ne pouvait pas compter à 100% sur le fait que ce dernier accomplirait sa mission car son corps et son âme n'appartenaient pas au superviseur". L'objectif était donc d'élaborer des méthodes permettant de créer des agents fidèles à la CIA, corps et âme.

Ainsi, la prétendue nécessité de se protéger des agissements des services soviétiques n'était qu'un prétexte démagogique cachant le sens réel des recherches de la CIA dans ce domaine: trouver des moyens de traitement psychotrope pour transformer des personnes en robots serviles. Le projet MK-Ultra a également porté sur la création d'un sérum de vérité et impliquait aussi des recherches de substances capables de provoquer la perte de mémoire.

La partie scientifique du projet était assurée par le docteur Sidney Gottlieb, chef de l'équipe chimique du département technique de la CIA. Les travaux étaient focalisés sur le LSD, drogue hallucinogène puissante créée peu de temps avant le début des recherches. Outre le LSD, les "scientifiques" de la CIA utilisaient pour leurs expériences des champignons spéciaux, de la mescaline, des amphétamines et du cannabis. Ces substances leur étaient fournies de manière illégale via l'agence toxicologique américaine. Les recherches étaient financées par des personnes interposées qui n'avaient officiellement aucun rapport avec la CIA et se déroulaient dans des centres scientifiques aussi prestigieux que l'hôpital de Boston, l'hôpital Mont-Sinaï, l'Université Columbia, le laboratoire de recherche du National Institute of Mental Health (Lexington, Kentucky), la faculté médicale de l'Université de l'Illinois, l'Université d'Oklakhoma, l'Université de Rochester, etc. Comme l'a plus tard indiqué l'amiral Stansfield Turner, directeur de la CIA, à la commission de Church du Sénat américain, le programme MK-Ultra a impliqué à différents niveaux 44 universités, 15 institutions de recherche et compagnies pharmaceutiques, 12 hôpitaux et cliniques, ainsi que 3 établissements pénitentiaires. Le financement du projet a atteint 25 millions de dollars. Toute fuite d'information sur le projet était immédiatement réprimée. Un rapport d'inspection de MK-Ultra effectué par le service de sécurité de la CIA indiquait notamment: "Il est nécessaire d'adopter toutes les mesures nécessaires pour cacher le déroulement de l'opération non seulement à l'adversaire, mais aussi à la population américaine. Des informations suggérant que l'Agence serait liée à des expériences peu éthiques et illégales pourraient provoquer des répercussions sérieuses au niveau politique, voire diplomatique". Les recherches utilisaient activement des prostituées comme "sujets d'expériences". Des agents de la CIA attiraient des "filles de rue" américaines dans des planques à New York et à San-Francisco, leur offraient des cocktails spéciaux pour ensuite enregistrer méticuleusement leur réaction à ces substances. On ne connaît pas les résultats de ces expériences sur ces participantes involontaires — certaines auraient bien pu être fatales comme avec le docteur Frank Olson, chef d'un département de la CIA, en novembre 1953. Cette expérience mortelle pour le docteur Olson a eu lieu le 18 novembre 1953 dans une maison de campagne du Maryland lors d'une réunion des participants au projet MK-Ultra et des scientifiques du centre chimique et bactériologique de Fort Detrick (Frederick, Maryland). Le centre travaillait sur son propre programme baptisé MK-Naomi, qui portait sur la création de poisons et d'antidotes. La liste des substances chimiques créées à Fort Detrick comprend notamment un toxique mortel dont une ampoule a été découverte chez Gary Powers, pilote de l'avion espion américain abattu le 1er mai 1960 au-dessus de l'Union soviétique. Il n'est pas rare qu'un médecin teste la substance qu'il a créée sur lui-même. Cette fois, le docteur Gottlieb a décidé d'agir autrement en expérimentant son produit sur ses collègues en ajoutant du LSD dans leurs boissons. Ce qu'il a fait le soir du 19 novembre. Le docteur Olson était l'un de sujets de cette expérience. La substance a provoqué chez Olson une agitation étrange. Il s'est rapidement assombri pour ensuite tomber dans la dépression. Les jours suivants, les symptômes se sont renforcés. Le 21 novembre Frank Olson s'est rendu dans le bureau du colonel Ruwet, son supérieur, pour demander de "rétablir" son vrai nom. Ensuite il s'est plaint d'une confusion dans sa tête et a évoqué des doutes concernant ses compétences. Ayant remarqué ces symptômes inquiétants dans le comportement de son employé, Ruwet a considéré que ce dernier avait besoin d'une aide psychiatrique. Après avoir débattu de la situation par téléphone avec Gottlieb et Robert Lashbrook, son adjoint, il a décidé de s'adresser à Harold Abramson, ancien psychiatre militaire, expert en LSD et homme familier de la CIA, ce qui était sans doute le facteur le plus important. Parallèlement, Olson devenait paranoïaque. Il nourrissait l'idée fixe qu'on ajoutait des substances dans son café, ce qui l'empêchait de dormir. La maladie ne cessait de progresser. Enfin, Ruwet et Lashbrook ont escorté Olson chez le docteur Abramson à New York. L'examen s'est soldé par un diagnostic de psychose aggravée accompagnée d'hallucinations, d'un délire de persécution et de démence. Le cas nécessitait une hospitalisation urgente.

Mais avant d'envoyer Olson dans un hôpital, on l'a installé à l'hôtel Statler au centre de Manhattan. Très tôt dans la matinée du 27 novembre, Robert Lashbrook, qui devait surveiller Olson et se trouvait dans la même chambre que ce dernier, a été réveillé par un son de verre brisé: Frank Olson s'était jeté d'une fenêtre du 10e étage de l'hôtel. Le corps était déjà entouré d'une foule. Lashbrook a fait tout son possible pour garder secret le nom du défunt. Avant d'appeler la police, il a tout rapporté à Gottlieb et au docteur Abramson. Ce dernier a d'abord refusé de participer à cette affaire répréhensible mais — après voir réfléchi — a enfin consenti à aider. Suite à l'arrivée de la police, Lashbrook a déclaré qu'il était employé du ministère de la Défense et qu'il n'avait aucune idée des raisons du suicide de cet homme. D'après lui, il savait seulement que ce dernier souffrait d'une maladie ulcéreuse. La CIA a donc réussi, sans déployer d'efforts extraordinaires, à imposer sa version à la police. 

Ayant pris connaissance de ces informations, le directeur de la CIA Allen Dulles a ordonné à Lyman Kirkpatric, inspecteur général de la CIA, de conduire une enquête détaillée. La direction de l'Agence s'était au préalable assurée qu'aucune personne tierce — y compris les policiers — ne pourrait faire le lien entre la mort d'Olson et la CIA et ses expériences sur l'utilisation du LSD. Des agents du service de sécurité de la CIA ont pris à New York et à Washington des mesures d'urgence afin d'assurer la solidité de leur version de la mort d'Olson. Lashbrook et Abramson se sont accordés pour donner les mêmes dépositions. A la fin de l'enquête, l'inspecteur général Kirkpartic a recommandé de sanctionner Gottlieb et les autres agents responsables.

La famille d'Olson a ignoré la raison de sa mort pendant plus de vingt ans, jusqu'à la publication en juin 1975 du rapport de la Commission Rockefeller créée par le président Gerald Ford pour enquêter sur les abus de la CIA. Ce texte mentionnait notamment un homme — sans indiquer son nom — qui avait été victime d'une expérience scientifique. La veuve d'Olson a supposé qu'il s'agissait de son mari et il s'est avéré qu'elle avait raison. Plus tard, le Congrès a décidé d'octroyer aux proches d'Olson une indemnisation de 750 000 dollars et le président Ford leur a présenté ses condoléances.

Autres sujets d'expérimentation de MK-Ultra: les toxicomanes, qui suivaient un traitement dans la clinique toxicologique du National Institute of Mental Health (Lexington, Kentucky). Les tests de la CIA dans cet établissement médical étaient dirigés par le docteur Harris Isbell. Ses recherches ont porté notamment sur les répercussions des effets prolongés et non-interrompus du LSD sur l'organisme humain. Ainsi, un groupe de sujets est resté sous LSD pendant 77 jours sans pause. Nommé plus tard directeur de la CIA, Richard Helms est arrivé à ordonner à temps la destruction de tous les documents liés au projet MK-Ultra. Une partie de ces derniers est pourtant restée intacte et a finalement été divulguée par la Commission Rockefeller au milieu des années 1970. Ces documents ont ensuite été examinés par la Commission Church, créée à des fins similaires par le Sénat américain. Son rapport soulignait notamment:

"Dès les années 1950 jusqu'à la clôture du projet en 1963, la CIA a mené des expériences sur l'utilisation du LSD impliquant des gens qui ne suspectaient rien et étaient transformés en cobayes contre leur gré. Cela témoigne du mépris de la direction et des employés de la CIA envers les droits de l'homme. Ils ont mis la vie d'êtres humains en danger alors même qu'ils étaient conscients des risques importants de leurs expériences".

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mercredi 28 septembre 2016

Ces laboratoires secrets qui mènent leurs expériences sur des humains

Des laboratoires top-secrets mènent depuis des années leurs expériences sur des cobayes humains. Une pratique aussi confidentielle qu'effrayante. Découvrez une séléction des expériences les plus choquants.

Quand la CIA efface la mémoire
La CIA américaine a mené plusieurs projets pour effacer l'identité: Bluebird (ou Artichoke, 1951-1953) et МК ULTRA (MKSEARCH, année 1950-1960). Les principaux cobayes étaient des patients inertes des cliniques neurologiques, dont la plupart ignoraient tout des expériences menées sur eux. Bluebird avait pour but de créer un sérum de vérité infaillible. En utilisant des substances psychotropes et les électrochocs, les chercheurs provoquaient chez les sujets une amnésie artificielle, leur inculquaient de faux souvenirs et "multipliaient" leur identité.
Le projet MK ULTRA était incomparablement plus coûteux et global. Il étudiait toute la diversité des moyens d'impacter la raison (y compris des enfants): de la biologie à la radiologie. Par exemple, dans le cadre d'un des 149 sous-projets, plus de 1 500 soldats américains recevaient avec leur nourriture des produits psychotropes pour évaluer leur opérationnalité "sous l'emprise des substances". L'information obtenue dans le cadre de MK ULTRA est utilisée aujourd'hui dans le travail des renseignements, même si en 1972 le projet a été fermé après un scandale et qu'une partie de sa documentation a disparu.

Pour une poignée de shekels 
L'armée israélienne a également mené des expériences sur ses soldats: on a appris en 2007 qu'entre 1998 et 2006, dans le cadre des projets secrets Omer-1 et Omer-2, des médecins militaires israéliens cherchaient un vaccin "contre une arme bactériologique similaire à l'anthrax". Les 716 soldats participant aux expériences n'ont pas été informés des risques, des éventuelles conséquences et il leur était interdit d'évoquer les détails des recherches avec leurs proches.
En 2007, un groupe d'anciens sujets souffrant des conséquences de cette expérience – tumeurs, ulcères, bronchite, épilepsie – s'est adressé au ministère de la Défense pour se plaindre de leur mauvais état de santé. Ils ont été soutenus par le syndicat des médecins et l'organisation Médecins pour les droits de l'homme qui sont allés jusqu'à la Cour suprême pour exiger une enquête. Mais ils ont obtenu l'effet inverse: le tribunal n'a pas seulement décliné la requête mais il a interdit de publier une partie des informations sur l'expérience. L'armée hésitait entre réagir en disant que rien ne s'était produit et mettre en avant que les soldats avaient accepté eux-mêmes. Il a été déclaré à la presse que les participants aux projets Omer étaient uniquement des volontaires qui savaient dans quoi ils s'engageaient et pouvaient quitter la partie à tout moment. Il a été suggéré aux victimes de s'adresser aux établissements médicaux où leur guérison promettait d'être longue, car les victimes ne disposaient pas de la moindre information sur les effets subis. Le principal concepteur de l'expérience, le docteur Avigdor Sheferman (ancien directeur de l'Institut israélien de biologie), est parti ensuite au Canada pour mener des recherches identiques dans une compagnie médicale. Les résultats des projets Omer ont été remis à l'armée américaine pour plusieurs centaines de milliers de shekels.

Une véritable ségrégation médicale
Les États-Unis sont leaders de ce genre d'expériences. C'est dans ce pays qu'entre 1932 et 1972 se déroulait une expérience qu'on pourrait considérer à la fois comme un symbole de ségrégation raciale et de barbarie médicale. A Tuskegee, Alabama, le groupe médical sous la direction du docteur Clark Taliaferro avait pour objectif d'étudier tous les stades de la syphilis.  L'étude consistait à suivre un groupe de Noirs déjà contaminés. Pourquoi? Car à cette époque ils étaient encore considérés comme moins instruits et plus influençables. La plupart ignoraient leur maladie – c'était une condition de l'expérience. Toutes les manipulations étaient présentées comme des "soins du mauvais sang". 76 des 399 participants sont restés en vie à l'issue de l'expérience. 128 personnes sont décédées de la syphilis et de ses complications. 40 hommes ont infecté leur femme et 19 enfants sont nés avec la syphilis. En 1946 l'expérience a été élargie: une partie des médecins a été envoyée au Guatemala où pendant deux ans ils infectaient sciemment des soldats, des prostituées, des prisonniers, des mendiants ou des malades mentaux – jusqu'à 5 000 personnes au total. C'est seulement en 1972 après la tribune d'un médecin dans le Washington Star qu'une commission spéciale s'est penchée sur les recherches à Tuskegee pour reconnaître leur illégitimité. Le gouvernement américain a alloué 9 millions de dollars pour aider les survivants, et 25 ans plus tard leurs proches ont entendu les excuses du président Bill Clinton. La trace latino-américaine n'a été découverte qu'en 2010 grâce à la publication des notes du docteur Cutler – l'un de ceux qui travaillaient pour ce programme au Guatemala. 750 victimes guatémaltèques ont porté plainte contre l'université Jones Hopkins, et Barack Obama a présenté ses excuses au peuple du Guatemala en la personne du président Alvaro Colom.

Des épidémies artificielles introduites dans le métro
Les chercheurs américains ne ménageaient pas vraiment leur grande nation. Des chimistes testaient sur les recrues l'effet toxique de l'ypérite (pour améliorer les masques à gaz), ou encore pulvérisaient des composants toxiques sur plusieurs villes canadiennes et américaines. Dans les années 1950, des épidémies artificielles ont été provoquées en Floride et en Géorgie. A la fin des années 1960, on a testé dans le métro de New York et de Chicago la vulnérabilité des passagers aux attaques biochimiques cachées en envoyant sous terre la bactérie Bacillus subtilis. En 1963-1969, le Pentagone a lancé sans avertissement sur les navires de sa marine plusieurs types d'armes chimiques et bactériologiques. Les analystes de la radiation soignaient à différentes époques les adénoïdes avec des barres de radium et le cancer de l'estomac (les diagnostics étaient faux) avec des injections de plutonium, nourrissaient des futures mères avec des sels de fer radioactif sous la forme d'une boisson de vitamines, faisaient exploser des bombes atomiques dans le Nevada et sur les îles Marshall, testaient l'iode radioactif sur les femmes enceintes et en nourrissaient les nouveau-nés. 

Des orphelins-cobayes
Les enfants ont toujours été les sujets les plus convoités par les chercheurs. "L'étude de l'effet des jugements de valeur sur la fluidité verbale des enfants" réalisée en 1939 à l'université de l'Iowa, connue comme "Monster study", est une expérience horrible même si elle n'a pas provoqué de nombreuses morts ni d'invalidités et impliquait seulement une influence verbale.  Le psychologue Wendell Johnson et son aspirante Mary Tudor ont sélectionné dans un orphelinat 22 enfants de différents âges, et dans les cinq mois qui ont suivi Tudor rendait régulièrement visite à chacun d'entre eux pour une conversation de 45 minutes. Certains appréciaient ces échanges car Mary les félicitait pour leur capacité de lecture et leur élocution. Mais d'autres enfants, après quelques visites, ont commencé à éprouver des problèmes d'élocution, de comportement et de réussite à l'école parce que Tudor se moquait d'eux et leur reprochait de faire des fautes verbales. Il faut dire que Johnson était guidé par un intérêt tout à fait scientifique: les véritables causes du bégaiement n'ont toujours pas été établies. Il supposait qu'il était possible de provoquer un bégaiement même en l'absence de prédispositions physiologiques. Les successeurs de Johnson et de Tudor jugent que les travaux de ces derniers sont les plus exhaustifs sur le bégaiement, y compris les premières informations qu'ils ont pu recueillir sur le rôle des sentiments et des pensées du bégayant. Par contre, les enfants traumatisés ont vécu avec leurs complexes toute leur vie. A l'issue de l'expérience, Mary Tudor est revenue plusieurs fois à l'orphelinat pour se repentir, espérant redonner aux enfants leur estime de soi. L'université, pour sa part, a tenu secrètes ces recherches jusqu'en 2001, date à laquelle la presse en a pris connaissance: l'établissement a alors présenté des excuses officielles aux victimes. En 2003, six d'entre elles ont saisi le parquet de l’État pour exiger de les indemniser pour préjudice moral. Quatre ans plus tard, ils ont obtenu 925 000 dollars pour tous les plaignants.

Une expérimentation pour éradiquer l'homosexualité dans un pays
Les victimes des expériences homophobes d'Aubrey Levin pourront difficilement compter sur une indemnité ou même une enquête officielle. Entre 1970 et 1989, l'armée sud-africaine faisait l'objet d'un "nettoyage" des recrues homosexuels. Les données officielles parlent de milliers de victimes mais nul ne connaît le chiffre réel. L'information sur ce programme a été révélée en 1995 dans le journal sud-africain Daily Mail and Guardian. Dans une interview le responsable du projet, ex-psychiatre en chef d'un hôpital militaire Aubrey Levin, affirmait: "Nous ne considérions pas les gens comme des cobayes. Nous avions seulement des patients qui voulaient guérir et venaient de leur plein gré". Il disait également pratiquer une "thérapie d'aversion sur les soldats homosexuels, sans pour autant recourir au choc électrique". Alors que s'est-il passé en Afrique du Sud à cette époque? Près de 900 opérations de "réorientation sexuelle" ont eu lieu dans des hôpitaux sud-africains dans les années 1970-1980 dans le cadre de programmes pour éradiquer l'homosexualité. Certains patients étaient "soignés" à l'aide de drogues et d'hormones, d'autres ont subi des méthodes radicales – un traitement d'aversion. Dans le cadre de ce dernier on reproduisait une forme "inadmissible" de conduite (par exemple, l'excitation de l'homosexuel avec des images pornographiques) tout en provoquant des sentiments désagréables (par exemple, un électrochoc), avant de montrer une image positive (photo d'une femme nue) sans électrochoc. La pratique traditionnelle admet le traitement d'aversion uniquement en dernier recours, et même dans ce cas le sentiment désagréable doit être équivalent à la piqûre d'une aiguille, et non faire voler en l'air les chaussures de l'individu, comme ce fut le cas dans les expériences de Levin. La mesure extrême du projet Aversion était la castration ou un changement forcé de sexe, et beaucoup de ceux qui l'ont subi ont choisi le suicide plutôt que de vivre dans un corps étranger. Finalement, la partie "scientifique" du projet fut un fiasco mais les seuls ennuis que ses instigateurs ont connu étaient avec leur propre conscience.

La conscience par intraveineuse
Certains ignorent que les exploits des chercheurs soviétiques dans l'élaboration de poisons ont même dépassé le niveau atteint par les expériences des nazis. Le "Cabinet spécial" (Laboratoire 1, Laboratoire X, Cellule), laboratoire toxicologique créé en 1921 par la direction du NKVD dirigé par le professeur Grigori Maïranovski, procédait à la recherche de poisons impossibles à identifier. Les expériences étaient menées sur des détenus condamnés à la peine capitale: 10 personnes pour chaque produit (sans compter les expériences sur les animaux). L'agonie de ceux qui ne mourraient pas immédiatement était suivie pendant 10-14 jours avant de les achever. Le poison recherché a été finalement trouvé: le carbylamine-choline-chloride ou K-2, qui tuait en 15 minutes et sans traces (les médecins légistes indépendants diagnostiquait un décès pour insuffisance cardiaque). Grigori Maïranovski travaillait également sur le "problème de sincérité" pendant les interrogatoires avec des produits médicaux et élaborait des poisons en poussière qui tuaient quand on les respirait… Au total, le Laboratoire 1 a fait entre 150 et 300 victimes (des criminels mais également des prisonniers de guerre), parmi lesquelles on peut également compter les médecins de la Cellule: des années plus tard Maïranovski, finalement condamné, écrivait que deux de ses collègues avaient mis fin à leur vie, que deux autres avaient perdu la capacité de travailler et que trois étaient devenus alcooliques.

Les testicules de jeunesse éternelle
La création d'un poison idéal sera probablement toujours d'actualité, tout comme la recherche de la pierre philosophale et de la fontaine de jeunesse. Par exemple, le professeur Preobrajenski du Cœur de chien écrit par Mikhaïl Boulgakov, pratiquait une méthode de rajeunissement assez répandue pour les années 1920: son homologue vivant aurait pu être le docteur américain Leo Stanley – à l'exception de leur mentalité. Ce médecin en chef d'une prison de San Quentin (Californie) était un adepte de l'eugénisme et testait différentes méthodes de purification de la race humaine: la chirurgie plastique (car la laideur extérieure provoque la laideur intérieure et inversement), les manipulations des glandes génitales et, pour finir, la stérilisation.
Il a commencé à mener des expériences sur le rajeunissement en 1918 en transplantant aux détenus âgés les testicules de jeunes criminels exécutés. La "matière première" a rapidement commencé à manquer et le docteur s'est alors orienté vers les animaux en utilisant des testicules de boucs, de sangliers et de cerfs. D'après ses rapports, les sujets éprouvaient un "gain de forces et se sentaient mieux" – on ignore s'il s'agissait d'un effet placebo ou d'un véritable rajeunissement mais le docteur promettait la seconde variante. Un autre but de l'étude était de confirmer l'hypothèse selon laquelle le comportement criminel dépendait des problèmes hormonaux. Pour régler les deux problèmes, il fallait donc stériliser le sujet — 600 détenus ont subi ce traitement jusqu'en 1940. Certains d'entre eux ne voulaient pas avoir d'enfants, d'autres voulaient rajeunir: le docteur Stanley présentait la stérilisation comme un moyen permettant de rajeunir et de guérir, il avait promis à certains un régime de détention plus souple. Cependant, son véritable objectif était de pacifier les gènes "criminels" et l'instinct sexuel qui poussait selon lui le criminel à récidiver. Il a poursuivi ses recherches jusqu'en 1951, et compte tenu de sa contribution à la réforme des établissements médicaux cette activité ne paraît pas absolument insensée.

L'hôpital du docteur Cotton
Contrairement aux recherches d'Henry Cotton, l'élève d'Alzheimer en personne à 30 ans déjà (à partir de 1907) dirigeait un hôpital psychiatrique à Trenton (New Jersey). Le poste de médecin en chef lui accordait de vastes opportunités pour tester en pratique son hypothèse sur l'origine des troubles psychiques. Il estimait que les gens devenaient fous par infection et que le foyer de cette dernière se trouvait avant tout dans les dents malades — très proches du cerveau. Par conséquent, la première procédure subie par les patients de Cotton était l'arrachage de dents.
Si cela ne fonctionnait pas, on continuait de chercher l'infection au hasard (ou par ablation): dans les amygdales, la vésicule biliaire, l'intestin, l'estomac, les testicules, les ovaires… Même la famille de Cotton n'a pas échappé à cette "chirurgie bactériologique" (nom donné par l'auteur de la méthode): il a arraché les dents de son épouse, de ses deux fils et même les siennes. Ce dernier acte avait été précédé par une dépression nerveuse suite à l'ouverture d'une enquête dans sa clinique par une commission du sénat local. Malgré les données reflétant une efficacité élevée de sa méthode (85% de guérison) diffusées activement par le docteur dans ses discours et ses articles, ainsi que la forte popularité de l'hôpital de Trenton (même les hommes aisés et les célébrités y envoyaient leurs proches pour une grande somme d'argent), en 1924 le conseil de tutelle a senti que quelque chose ne tournait pas rond et a consulté l'université Jones Hopkins. La docteure Phyllis Greenacre envoyée à l'hôpital pour vérifier les statistiques a découvert que seulement 8% des patients de Cotton guérissaient, 41,9% ne ressentaient aucune amélioration et 43,4% mourraient. Sachant que les 8% n'avaient pas subi de soins et que les 43,4% décédés avaient fait les frais de la pratique de Cotton.  L'enquête de la commission créée par le sénat local avait précisément pour but de découvrir les causes de cet état de fait mais elle a à peine eu le temps d'entamer son travail: des collègues de renommée et même des hommes politiques ont pris la défense de Cotton, qui a tranquillement repris son travail pour prendre sa retraite cinq ans plus tard. Personne n'a voulu poursuivre ses recherches.

Les bonnes nouvelles
Au courant de l'été 2014, les utilisateurs anglophones de Facebook ont été surpris d'apprendre que 689 003 d'entre eux avaient joué le rôle de cobayes contre leur gré dans une expérience conjointe des chercheurs américains et du réseau social. Les résultats parus dans le magazine Proceedings of the National Academy of Sciences stipulaient: "Les états émotionnels peuvent être transmis à d'autres individus à travers une infection émotionnelle, après quoi, sans en être conscients, ils peuvent éprouver les mêmes émotions". Cela signifie que la bonne et la mauvaise humeur sont contagieuses de la même manière que l'absence d'un contact direct n'empêche pas cette infection. L'expérience était simple: un groupe de sujets recevait dans son fil d'actualité des posts positifs, l'autre des messages négatifs. Les utilisateurs ont immédiatement réagi: les "heureux" ont commencé à publier des commentaires optimistes et le groupe attaqué par des posts négatifs a commencé à écrire des choses négatives.
Les militants ont critiqué les méthodes des chercheurs et ont même supposé que pour certains, le contenu négatif avait pu être "la dernière goutte" — mais avec autant de probabilité le contenu positif a aussi pu redonner espoir à quelqu'un. Dans l'ensemble, les deux manipulations peuvent être perçues comme un petit pas vers la sophistication des méthodes pour influencer le public. Par conséquent, il faut remettre en question et analyser tout ce qui tombe dans le champ de votre attention, sans oublier la probabilité qu'à chaque instant vous faites peut-être partie d'une expérience.

Source

mardi 27 septembre 2016

l'Occident vu par un africain...


Quand ils font la guerre, elle devient mondiale.
Quand ils ont une opinion, elle est internationale.
Quand ils s'expriment, ils le font au nom du monde entier.
Quant à leurs valeurs, elles sont universelles.
Quand ils ont une crise, elle est globale.
Quand ils s'expriment, c'est une langue.
Quand ce sont les autres, ce sont forcément des dialectes.

Leurs fruits ont des noms du genre pomme, abricots, pèche.
Ceux de l'Afrique sont exotiques, sauvages.

Ils se sont installés de force en Amérique, au Canada, en Australie, en Afrique du sud, Amérique du Sud.

Puis ils nous traitent d'immigrés.

Quand ils viennent chez nous, ils disent qu'ils sont expatriés et quand c'est nous qui allons chez eux, ils nous traitent de clandestins.

Quand ils s'attaquent à l'occupant, ce sont des résistants.
Quand on s'attaque à l'occupant, nous sommes des terroristes.

Quand l'un d'entre eux meurt, nous devons apprendre son nom.
Quand les notres meurent par milliers, ils ne sont que des chiffres.

Ils sont les seuls à pouvoir se doter des bombes atomiques et bizarrement, ce sont les autres qui fabriquent et utilisent des "armes de destruction massive".

Quand ils croyaient en Dieu, le monde entier devait croire comme eux. Et maintenant qu'ils n'y croient plus, croire en Dieu est devenu ringard, quitte à discriminer ceux qui ne penseraient pas comme eux.

Quand certaines de nos tribus sont torses nus, nous sommes des sauvages. Et quand eux sont tout nus, ils font du naturisme.

Quand nos femmes se voilent, nous les opprimons. Quand les leurs se voilent, ce sont des saintes (sœurs).

Quand ils étaient les seuls à boxer, on parlait de noble art.
Depuis que nous les terrassons sur un ring ou un tatami, on parle de violence.

Quand ils nous prêtent de l'argent pour les payer, ils parlent d'aide au développement. Quand ils viennent nous piller, ils nous parlent de partenariat stratégique.

Quand ce sont eux qui payent, ils parlent d'influence et de lobbying. Quand c'est nous qui payons, c'est de la corruption, du clientélisme, du népotisme.

Ils traitent nos scarifications (marque de reconnaissance ethnique) de sauvage. Puis s'affichent comme des objets inertes pour vendre des sous-vêtements.

Saluons l'homme Blanc comme il se salue lui-même dans le miroir.
Pas pour notre salut, mais pour celui de son nombril.

samedi 24 septembre 2016

Des nazis au cœur du système militaire américain !


Dès la fin de la seconde guerre mondiale, la CIA lançait l'opération "Paperclip" destinée à recruter des anciens nazis spécialistes de l'espionnage, des fusées, mais aussi de la propagande, du conditionnement mental, de la guerre chimique et bactériologique, de l'expérimentation médicale et de la torture. Le but était de mettre leurs "talents" au service des Etats-Unis dans la lutte contre le nouvel ennemi: l'Union Soviétique et le communisme.

C'est ainsi que 1500 nazis, tous criminels de guerre, ont été intégrés à la CIA, dans l'armée, et dans l'industrie de l'armement où ils allaient diffuser leur mode de pensée, leurs méthodes, et tisser leurs réseaux. Parmi eux, il y avait notamment Werner Von Braun qui allait devenir le concepteur des fusées de la NASA et des missiles balistiques de l'armée, après avoir conçu les fusées allemandes V2 qui étaient utilisées par les nazis pour bombarder Londres.

Ce noyau de nazis transplantés au coeur du système américain était en phase avec une partie de l'élite américaine qui partageait la même vision et les mêmes objectifs: eugénisme, domination d'une "race supérieure", suppression de la démocratie, absence de toute considération éthique, idée que "la fin justifie les moyens", etc.

L'opération Paperclip a été dirigée par Allen Dulles, qui dirigea ensuite la CIA où il conçut l'opération Northwood (opération false flag de faux attentats contre des avions qui auraient ensuite attribués à Cuba afin de justifier son invasion). Ce qui lui valu d'être viré de la CIA par Kennedy choqué qu'un tel projet ait pu être imaginé.

Après quoi, Dulles a probablement participé à l'organisation de l'assassinat de Kennedy. Il a ensuite été l'un des 8 membres de lacommission Warren chargée par Lyndon Johnson de "faire la lumière" sur l'assassinat et qui est à l'origine de la version officielle de la balle magique avec tireur unique.

En fait, les nazis ont perdu la guerre, mais ils ont gagné l'après-guerre. Grâce aux Etats-Unis, ils sont acquis un pouvoir planétaire, au-delà de ce qui leur aurait été possible à partir de l'Allemagne ou même de l'Europe. Et pour contrôler la population, ils disposent désormais de technologie qui relèguent Hitler et la Gestapo au rang d'amateurs (fichiers informatiques, RFID, vidéosurveillance, biométrie, génétique, armes nucléaires, télévision, etc).

Voici un extrait de documentaire à propos de l'opération Paperclip et Allen Dulles (par ailleurs lié aux Rockefeller et à la Standard Oil), avec une interview de Robert Steele, ex agent de la CIA qu'on avait déjà pu voir dans "le monde selon Bush":  https://youtu.be/mnjwRoKlmQ8

Source
Wikipédia, CIA

vendredi 23 septembre 2016

Quand la CIA finançait les Frères Musulmans...

Le fonds E 4320, conservé aux archives fédérales à Berne, concerne Saïd Ramadan, le gendre d'Hassan el-Banna, fondateur des Frères musulmans égyptiens. Poursuivi par le régime nassérien, réfugié en Suisse en 1959, Saïd Ramadan a créé le Centre islamique de Genève, le premier institut de ce genre en Europe. Il est par ailleurs l'un des fondateurs de la Ligue islamique mondiale inspirée par les Saoudiens. Une note confidentielle des services secrets suisses datant du 17 août 1966 évoque la "sympathie" de la BUPO, la police fédérale sur la protection de l'État, pour Saïd Ramadan. Elle ajoute : "Il est très certainement en excellents termes avec les Anglais et les Américains."

Un autre ,document, daté du 5 juillet 1967, se montre encore. Saïd Ramadan est présenté comme un "agent d'information des Anglais et des Américains. De plus, je crois savoir qu'il a rendu des services - sur le plan d'informations - à la BUPO." Toujours est-il qu'une réunion, présidée par le chef du service du Ministère public fédéral, du 3 juillet 1967, décide d'accorder un permis de séjour à Saïd Ramadan, alors que ce dernier aurait dû être expulsé le 31 janvier 1967. Les raisons de cette tolérance ? La possibilité "que les amis de Saïd Ramadan prennent le pouvoir dans les mois à venir dans l'un ou l'autre État aujourd'hui qualifié de progressiste ou socialiste".

Saïd Ramadan et le président américain

Ces documents déclassés vont dans le même sens que l'ouvrage publié en septembre dernier par le journaliste américain Ian Johnson, lauréat du prix Pulitzer, Une mosquée à Munich. Les nazis, la CIA et la montée des Frères musulmans en Occident (*), on découvre que les Allemands, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont utilisé les Tchétchènes, les Kazakhs, les Ouzbeks, les musulmans vivant en URSS contre les communistes athées. Les Américains ont ensuite pris le relais, soutenant les islamistes contre le bloc communiste et ses satellites. En juillet 1953, une délégation de musulmans est invitée aux États-Unis, et reçue à la Maison-Blanche, parmi eux Saïd Ramadan.

Le 28 octobre dernier, dans un article intitulé "Le rôle mobilisateur de Saïd Ramadan", le site francophone Oumma.com montre la photo du président Dwight Eisenhower entouré des membres de la délégation. Saïd Ramadan est à sa droite. Le président américain estime que, dans ses relations avec les dirigeants arabes, "notre foi en Dieu devrait nous donner un objectif commun : la lutte contre le communisme et son athéisme", relève Ian Johnson. Quelques années plus tard, Saïd Ramadan, réfugié en Europe, traite avec Bob Dreher, un agent de la CIA installé à Munich.

Une thèse sur la charia

Saïd Ramadan vient d'obtenir en 1959 un doctorat en droit de l'université de Cologne pour sa thèse La charia, le droit islamique, son envergure et son équité. Il brûle d'envie d'étendre son influence à l'Europe entière. "Installé à Genève, il considérait Munich, à une journée de route de son domicile, comme l'endroit idéal où établir une sorte de base avancée", lit-on dans Une mosquée à Munich. La CIA finançait-elle directement Saïd Ramadan et les Frères musulmans en Europe ?

Ian Johnson reste prudent, dans la mesure où une partie des archives de l'agence de renseignements ne peut être consultée. "Tout indique que Dreher et l'Amcomlib eurent recours aux moyens financiers et politiques à leur disposition pour donner un coup de pouce au principal représentant des Frères musulmans en Europe", écrit-il. L'Amcomlib, ou American Committee for Liberation from Bolshevism, était un faux nez des services américains.

Il roulait en Cadillac

René Naba, ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l'AFP, penche davantage pour une sous-traitance par la Jordanie et l'Arabie saoudite. Pour preuve, Saïd Ramadan, de nationalité égyptienne, voyageait à cette époque avec un passeport diplomatique jordanien. Apparemment, le gendre d'Hassan el-Banna ne manquait pas de subsides, Une mosquée à Munich raconte ainsi qu'il roulait en Cadillac...

René Naba, ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l'AFP, penche davantage pour une sous-traitance par la Jordanie et l'Arabie saoudite. Pour preuve, Saïd Ramadan, de nationalité égyptienne, voyageait à cette époque avec un passeport diplomatique jordanien. Apparemment, le gendre d'Hassan el-Banna ne manquait pas de subsides, Une mosquée à Munich raconte ainsi qu'il roulait en Cadillac...

Décédé en 1995 à Genève, Saïd Ramadan est notamment le père de l'islamologue Tariq Ramadan, et de Hani Ramadan, qui lui a succédé à la tête du Centre islamique de Genève. Interrogé sur les liens éventuels de son père avec les services secrets américains et européens, ce dernier n'a pas souhaité nous répondre.

(*) Ian Johnson, Une mosquée à Munich. Les nazis, la CIA et la montée des Frères musulmans en Occident, JC Lattès

Source: Le Point

L'Arabie Saoudite a confié à une société israélienne la sécurité du pèlerinage à la Mecque

L'Arabie saoudite a confié à une société israélienne G 4 S la responsabilité des questions de sécurité concernant le pèlerinage à la Mecque. La filiale saoudienne a pris le nom d'Al Majale G4S  et opère en toute discrétion depuis 2010.

Le principal champ d'intervention de la société israélienne était auparavant les territoires palestiniens occupés. Outre le périmètre de Djeddah, la société israélienne est chargée du périmètre de sécurité de l'aéroport de Dubaï aux Emirats. Le pèlerinage annuel à  La Mecque concentre plus d'un million de fidèles.

La société israélienne  pourra ainsi disposer des relevés d'identité (empreintes digitales, photos d'identités, coordonnées de naissance) de tous les fidèles, de même que de ceux des dizaines de milliers de passagers en transit à Dubaï.  

SOURCE

mercredi 21 septembre 2016

Au Pérou, 300 000 femmes stérilisées de force

Entre 1995 et 2000, plus de 300 000 Indiennes ont été stérilisées, souvent de force et dans des conditions précaires, au nom de la lutte contre la pauvreté. Nombreuses sont celles qui sont mortes des suites de l'opération, et toutes portent, aujourd'hui encore, de lourdes séquelles morales, physiques et sociales.

Elles viennent des forêts amazoniennes ou des hauts-plateaux des Andes. Elles n'ont accès ni au système scolaire ni aux services de santé, et comptent parmi les 13 millions de Péruviens considérés comme pauvres ou très pauvres. La plupart ne savent pas lire et ne parlent que le quechua, la langue de leurs ancêtres incas. Au début des années 1990, ces femmes avaient en moyenne 5 ou 6 enfants. Autant de bouches à nourrir, certes, mais aussi de bras pour les aider aux champs.

En 1995, à la conférence sur les femmes de l'ONU de Pékin, un seul chef d’état masculin est présent : Albeto Fujimori, alors président du Pérou. Il promet une stratégie intégrale de planning familial "pour les femmes puissent disposer en toute autonomie et liberté de leur vie." Une annonce aux accents de promesse d’ouverture dans ce pays conservateur. "Les études montraient alors que le désir des Péruviennes, toutes classes confondues, était d’avoir, en moyenne, 2,2 enfants par femme," déclare Alejandro Aguinaga, à l'époque vice-ministre de la Santé. Alors quel est le devoir de l’Etat, sinon de faire de leur désir une réalité ?" Mais lorsque la limitation des naissances devient une stratégie de lutte contre la pauvreté, le planning familial devient un devoir.

Contrôle démographique contre aide au développement 

Or à l'époque, le Pérou est en proie à une crise profonde, dont il tente de sortir en faisant appel aux organisations internationales. Dès 1990, le président Alberto Fujimori sollicite la Banque mondiale qui, pour réintégrer le pays à l’économie mondiale, lui demande de libéraliser son système. Elle propose aussi des prêts d’aide au développement soumis à conditions, dont le contrôle de la croissance démographique. Alors le Pérou s’engage à faire passer le taux de natalité de 3,4 enfants par femme en moyenne en 1995, à 2,5 en 2000. Un objectif drastique, mais approuvé par la Banque mondiale, qui consent alors à l'état péruvien un prêt de 150 millions de dollars.

"Le communisme voyage dans les ventres vides"

En 1995, la menace bolchévique s’est éloignée avec la chute de l'URSS. Encore sous le coup de la guerre froide, les Etats-Unis veulent à tout prix éviter la contagion communiste dans les pays pauvres. A commencer par le Pérou, fragilisé par plusieurs années de lutte entre l’armée et la guerilla maoiste du Sentier lumineux, qui sévissait dans les régions andines. Et pour lutter contre la paupérisation de ce pays, carrefour stratégique dans une zone instable, entouré de pays agités par la guerilla, le narcotraffic et l’émigration, les Etats-Unis estiment qu'il faut d'abord endiguer la croissance démographique. "Vous savez ce que disent les Américains ? Le communisme voyage dans les ventres vides", explique l'historien Matthew Connelly dans le documentaire Le ventre des femmes, par Mathilde Damoisel. Aussi l'Agence Américaine pour le Développement International (USAID), décide-t-elle de contribuer à hauteur de 30 millions de dollars au programme de planning familial du Pérou, et d'apporter son expertise.

"Ils nous ont convaincues" 

En septembre 1995, la stérilisation est légalisée - par ligature des trompes pour les femmes ou vasectomie pour les hommes, toutes deux irréversibles. Officiellement, tous les moyens de contraception doivent être proposés, mais la méthode chirurgicale est mise en avant. Des films de communication montrant des mères enceintes, entourées d'une flopée jeunes enfants,  appellent les femmes des zones rurales à se faire stériliser gratuitement. Jusque dans les villages les plus reculés, les centres de santé et le personnel médical se mobilisent. "Ils organisaient de grandes campagnes, tous les villages étaient réunis et ils nous demandaient combien d’entre nous allaient se faire ligaturer, se souvient une villageoise dans Le ventre des femmesOn s’encourageait mutuellement, c’est comme ça qu’ils nous ont convaincues. Ils nous disaient aussi qu’on pouvait défaire la ligature si on changeait d’avis". Un hôpital de province d'importance moyenne opère en moyenne 20 femmes par jour. Et puis le rythme s’accélère. Les spécialistes n’y suffisent plus. Des généralistes sont formés en hâte par AVSC, une ONG péruvienne financée par USAID.

Directives, objectifs et quotas

Les objectifs sont transmis du ministère de la Santé aux échelons administratifs inférieurs, jusqu’aux hôpitaux, où ils deviennent des quotas à remplir. "Les directives avec des objectifs chiffrés nous parvenaient des directions régionales, se souvient un médecin. Chaque centre s’efforçait de remplir 100% des objectifs." A la fin de l’année, un prix était remis à l’établissement ayant réalisé le plus grand nombre de stérilisation à un moindre coût, le meilleur effort de campagne et le meilleur effort de "captation" des femmes à stériliser. Le président est tenu au courant mois par mois. En 1997, un rapport fait état de 64831 stérilisations pendant les 7 premiers mois de l’année, soit 43% de l’objectif des 150 000 fixé pour l’année. Le taux de natalité diminue, et la communauté internationale de féliciter le Pérou de ses progrès sur la voie de la modernité.

Le choix des femmes n’est pas respecté

Avec l'introduction des quotas, la campagne de planning familial devient, dans l’indifférence générale, une campagne de stérilisation forcée. Une méthode déjà évoquée dans le "Plan Vert", un document secret échafaudé par des hauts gradés de l'armée et présenté au président Fujimori dès le début de son mandat : "Il convient de traiter les excédents démographiques par l’utilisation généralisée des groupes culturellement attardés et économiquement paupérisés… Il faut que la ligature des trompes devienne la norme dans tous les centres de santé."

Les méthodes utilisées pour mettre le plan en oeuvre vont de l'humiliation à la force en passant par l'exécution pure et simple, sans préavis. "Quand mon fils est né, ils m’ont dit : combien de fois vas-tu encore mettre bas ? Tu veux faire comme les lapins, comme les truies ? As-tu au moins une voiture ou un moulin ? Avec quoi vas-tu élever tes enfants ?" témoigne une villageoise. "Ils ne m'ont rien demandé... Ils m'ont emmenée comme un animal dans la salle d'opération", se souvient Yoni. "Je savais que j’étais enceinte, mais ils m’ont emmenée, il m’ont fait une piqûre et quand je me suis réveillée, mon ventre était ouvert et j’avais mal. Alors j’ai crié. Je ne savais rien, je ne sais pas lire. Je ne pouvais pas comprendre qu’ils allaient prendre le bébé", sanglote une autre.

Scandale

Fin 1997, le scandale éclate dans la presse péruvienne. "Quand nous avons commencé à réaliser, nous avons voulu faire la carte des abus, et ça tombait de partout, se souvient l'avocate Guilia Tamayo. Ce n'était que mensonge, violence, mépris de la vie et de la santé des femmes. Leurs droits ne comptaient pas, seuls comptaient les chiffres et les coûts." Et pourtant, chacun prend ses distances et tente de minimiser les faits, réduisant les abus à des cas isolés. Les féministes elles-mêmes restent discrètes craignant que le scandale n'éclabousse le droit à la contraception. AVSC suspend son programme et USAID interpelle le gouvernement péruvien. Les quotas disparaissent, et le nombre de stérilisation tombe de 120 000 en 1997 à 28000 en 1998.

Quand le programme de planning familial s’achève définitivement en 2000, avec le départ de Fujimori, plus de 300 000 Indiennes et quelque 30 000 Indiens ont été stérilisés. Julia tamaio répertorie 17 cas de décès - les seuls reconnus officiellement. Portée devant le Congrès des États-Unis, l'affaire sera récupérée par les lobbys anti-avortement, mais les agences américaines sont dédouanées de toute responsabilité directe.

En 2009, Fujimori est condamné à 25 ans de prison pour corruption, disparition et massacre d’opposants, mais ni lui, ni ses ministres n’ont jamais été jugés pour les stérilisations forcées. Les femmes, elles, en portent encore les séquelles morales, physiques et sociales. "C’est pour devenir une pute que tu as bouché ton ventre !" C’est comme si j’étais déjà morte, comme mes compagnes qui sont parties. Il n’y a plus rien à attendre de moi," sanglote une femme.

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dimanche 18 septembre 2016

La coalition internationale bombarde le régime syrien par erreur, incident diplomatique à l'ONU

La coalition internationale antidjihadistes menée par les Etats-Unis a admis samedi avoir bombardé ce qu'elle pensait être une position du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, tuant au moins 60 soldats syriens et provoquant une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les Etats-Unis ont exprimé samedi leurs "regrets" à la Russie, a dit un responsable de l'administration Obama. Les Etats-Unis vont continuer d'observer la trêve en vigueur en Syrie tout en poursuivant leurs opérations militaires contre l'organisation Etat islamique et Al Qaïda, écrit ce responsable dans un courriel.

Une trêve mise à mal

Ce bombardement meurtrier est intervenu au cinquième jour d'une fragile trêve issue d'un accord entre les Etats-Unis et la Russie. Dans la foulée, Moscou a accusé samedi soir l'"opposition modérée" syrienne, soutenue par les Etats-Unis, d'avoir "fait échouer" ce cessez-le-feu.

Cette trêve avait déjà été mise à mal vendredi avec de violents combats et des civils tués dans des bombardements alors que l'aide humanitaire qui devait être livrée à des villes assiégées n'a pu être acheminée, Moscou et Washington se rejetant mutuellement la responsabilité des accrocs à ce cessez-le-feu.

Le ton s'est encore aigri samedi après le bombardement qui a tué des dizaines de soldats syriens, alliés de Moscou, dans l'est de la Syrie. "Des avions de la coalition américaine ont frappé l'une des positions de l'armée syrienne (...) près de l'aéroport de Deir Ezzor" vers 17H00 locales (14H00 GMT), a affirmé l'armée syrienne.

Au moins 80 soldats syriens sont morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une organisation disposant d'un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, Moscou évoquant 62 tués et une centaine de blessés.

Selon l'OSDH, une vingtaine de jihadistes de l'EI ont péri et des dizaines d'autres ont été blessés par des frappes russes dans la même zone.

Plus tard dans la soirée, la coalition a reconnu qu'elle avait bombardé ce qu'elle pensait être une position de l'EI avant de mettre fin à l'opération dès que Moscou l'a prévenue qu'il s'agissait peut-être de militaires syriens.

'Explications complètes et détaillées'

"Les forces de la coalition pensaient qu'elles frappaient une position de combat de l'EI qu'elles suivaient depuis un certain temps avant le bombardement", a expliqué un communiqué du commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom). "La coalition ne ciblerait jamais intentionnellement une unité militaire syrienne", a-t-il ajouté en précisant que la coalition allait se pencher "sur les circonstances de cette frappe".

A la demande de Moscou, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence samedi soir. "Nous exigeons de Washington des explications complètes et détaillées, et elles doivent être données devant le Conseil de sécurité de l'ONU", avait déclaré à Moscou la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Damas a exigé de son côté que "le Conseil de sécurité condamne l'agression américaine et force les Etats-Unis à ne pas recommencer et à respecter la souveraineté de la Syrie".

La Russie accusée de vouloir "monter un coup"

L'ambassadrice américaine Samatha Power a réitéré les regrets de Washington pour la frappe menée contre une position militaire syrienne mais a accusé la Russie de vouloir "monter un coup" en convoquant le Conseil de sécurité. Elle a également fait valoir "que le régime syrien frappait volontairement des cibles civiles avec une régularité effrayante" et que la Russie ne faisait rien pour l'en empêcher. "La réunion de ce soir est une diversion par rapport à ce qui se passe sur le terrain en Syrie", avait estimé Mme Power, indiquant que jamais la Russie n'avait demandé de convocation du conseil pour les violences perpétrées par le régime Assad contre les populations civiles.

En réaction a ces déclarations, l'ambassadeur russe auprès des Nations Unies a quitté la réunion d'urgence du Conseil de sécurité. "Je n'avais encore jamais vu un tel manque de tact de la part des Américains", a déclaré l'ambassadeur russe Vitaly Churkin en quittant la réunion. Selon le diplomate, son homologue américaine Samantha Power a indiqué "ne pas être intéressée" par ce qu'il avait à expliquer, car la réunion n'était qu'un "canular". Le représentant du Kremlin a dès lors quitté la réunion en colère.

Moscou accuse Washington

La Russie a ensuite accusé "l'opposition modérée" en Syrie d'avoir fait échouer la trêve en Syrie.

Le ministère russe de la Défense a également informé les Etats-Unis d'un "important groupement des militants armés dans le nord de la province de Hama (centre) et de leurs éventuelles tentatives de lancer une offensive". Moscou "a demandé à ses collègues américains de faire pression sur les dirigeants de l'opposition afin de les empêcher d'agir de manière imprudente", souligne le ministère. La Russie avait jugé plus tôt que Washington serait "responsable" en cas d'échec de la trêve.

De son côté, la Maison Blanche a fait état de la "profonde préoccupation" du président américain Barack Obama sur le fait que "le régime syrien continue de bloquer" l'acheminement de l'aide humanitaire. Les 250 000 habitants des quartiers rebelles d'Alep n'ont ainsi toujours pas reçu l'aide promise alors qu'ils manquent de tout depuis qu'ils sont assiégés par les forces du régime syrien.

L'ONU comptait faire entrer vendredi dans ces quartiers des camions chargés de vivres et de médicaments mais faute de garanties de sécurité suffisantes, les véhicules restent bloqués dans une zone tampon entre Turquie et Syrie.

Une zone majoritairement sous contrôle djihadiste

La province de Deir Ezzor est tenue par l'EI qui contrôle aussi la majorité de la capitale provinciale éponyme, à l'exception de l'aéroport militaire et de quartiers aux alentours aux mains du régime. L'agence de propagande de l'EI Amaq a affirmé que le groupe djihadiste avait pris le contrôle de la colline où a eu lieu la frappe aérienne.

Les zones contrôlées par les djihadistes, aussi bien du groupe EI que du Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda), sont exclues du cessez-le-feu. Mais dans certaines zones, les rebelles sont alliés au Front Fateh al-Cham et Moscou reproche aux Etats-Unis de ne pas faire assez pression pour que les insurgés se désolidarisent des djihadistes.

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