jeudi 29 septembre 2016

Le carnet qui recense le financement libyen de Sarkozy en 2007

Explosif : Mediapart révèle qu'un carnet de notes, appartenant à un ex-ministre libyen et détaillant plusieurs versements du régime de Kadhafi effectués en pleine campagne de 2007, est actuellement exploité par la justice.

Une affaire d'Etat". Le 28 avril 2012, en plein entre-deux-tours de la présidentielle française, le site Mediapart publiait un article au titre renversant : "Sarkozy-Kadhafi, la preuve du financement". Les journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske y diffusaient la copie d'un document officiel libyen daté de décembre 2006 qui, selon leurs informations, était la preuve que le régime de Mouammar Kadhafi avait décidé de débloquer une somme de 50 millions d'euros pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Un "faux grossier", rétorque alors le principal intéressé.

Le lendemain, 29 avril 2012, la police autrichienne retrouvait le corps sans vie de Choukri Ghanem dans les eaux du Danube, à Vienne, concluant à une noyade accidentelle consécutive à une crise cardiaque. Acteur clé de la réconciliation entre Paris et Tripoli, l'ancien ministre du Pétrole de Kadhafi s'était exilé en Autriche après la chute du colonel, tué fin 2011 pendant les printemps arabes.

Quel rapport entre les deux dates ? A priori aucun. Hormis peut-être l'existence d'un petit carnet de notes découvert lors d'une perquisition aux Pays-Bas qui, écrit Mediapart ce mardi, "pourrait bien devenir le pire cauchemar de Nicolas Sarkozy".

La justice française enquête depuis 3 ans sur les soupçons d'un financement libyen occulte et massif de la première campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Et, révèle Mediapart, le juge d’instruction parisien Serge Tournaire et les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption viendraient d'obtenir de la justice norvégienne la communication de nouvelles pièces : des notes manuscrites, rédigées par Choukri Ghanem et datées du 29 avril 2007, qui détaillent trois versements d'un total de 6,5 millions d'euros au profit du futur président français.

Première preuve tangible ?

Le ministre libyen du Pétrole y retranscrit le compte-rendu d'une réunion avec d'autres dignitaires du régime, au cours de laquelle sont évoqués les noms de trois auteurs de versements au clan Sarkozy :

Saïf al-Islam Kadhafi - second fils du colonel - pour 3 millions d'euros ;Abdallah Senoussi - chef des services secrets et beau-frère de Kadhafi - pour 2 millions d'euros ;Bachir Saleh - directeur de cabinet de Kadhafi - pour 1,5 million d'euros.

Dans son compte-rendu des discussions, Ghanem fait aussi état d'une impatience des destinataires quant à la réception physique des fonds, affirme Mediapart. Le "pure player" d'investigation souligne que ce carnet est la première preuve tangible de versements - le document révélé en 2012, par ailleurs authentifié par un expert, n'était qu'un accord de financement.

Surtout, il contrecarrerait l'argument sarkozyste qui consiste à affirmer que les accusations de financement libyen ne sont qu'une construction a posteriori du régime Kadhafi pour se venger de l'intervention française en 2011.

Lorsque Choukri Ghanem écrit ces lignes, nous sommes 4 ans avant le déclenchement de l'opération Harmattan. Et les relations entre Nicolas Sarkozy et la galaxie Kadhafi, 7 mois avant la réception en grande pompe de ce dernier à l'Elysée, sont au beau fixe... notamment grâce à l'entremise du marchand d'armes Ziad Takieddine et de deux amis intimes, Brice Hortefeux et Claude Guéant.

Un extrait non-publié de l'entretien accordé en mars 2011 au "Figaro", dont l'enregistrement a été diffusé par France 3 début 2014Mouammar Kadhafi affirmait avoir fait arriver Nicolas Sarkozy "au pouvoir en France" :

"C'est nous qui lui avons fourni les fonds qui lui ont permis de gagner les élections. [...] Il est venu me voir alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Il m'a demandé un soutien financier. Et on l'a soutenu."

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