vendredi 28 octobre 2016

Le wahhabisme (1): la naissance du takfirisme

La vague d’islamisme aujourd‘hui est motivée depuis des siècles par un courant politico-religieux se voulant islamique dit le wahhabisme.

L’histoire de cette secte remonte au 18e siècle en péninsule arabique. Mohamed Ben Abdelwahhab , son fondateur, étudiait chez son père qui était savant et juge. Dans cette société de bédouins , la tradition s’imposait : le fils ainé, qui est Mohamed, devait être, après son père, un chef de la famille. Mais, comme il n’a pas accompli ses études , son père ne lui a pas permis de le succéder.

Il quitta alors la péninsule arabique vers d’autres villes du monde islamique afin d’étudier. Or, il n’accomplissait jamais son apprentissage (il était chassé de Bassora, en Irak, ou il a fait ses dernières études). Il n’avait donc que des connaissances basiques en Théologie islamique : il est un faux savant (que plusieurs oulémas, dont son frère Souleymane Ibn Abdewahhab, magistrat à Huraymala, ont désavoué).

Mohamed retourna vers l’Arabie ou il créa sa secte. Il commença par rédiger « le livre de l’unicité divine » dont il se servit non pour expliquer les fondements de la foi islamique, mais pour accuser les musulmans de mécréance,  de paganisme et d’hypocrisie dans le but de leur imposer le wahhabisme. Il s’agit, en fait, d’une secte s’appuyant sur une lecture littérale - rejetée par l’ensemble des musulmans - des livres religieux islamiques (le coran et les recueils de hadiths).

Mohamed Ben Abdelwahhab adressa à ses partisans comme à ses ennemis, à partir de 1740, des lettres (publiées par l’université de l’imam M. Ibn Saoud de Riyad) ou il exprime ouvertement le takfirisme, un courant idéologique dont les adeptes excommunient tout individu n’ayant pas les mêmes points de vue qu’eux.

En réalité, Mohamed Ben Abdelwahhab tentait  -infructueusement - de se présenter comme un fondamentaliste pratiquant la religion dans toute sa pureté loin des interprétations des autres savants (Al Ijtihad).

Le wahhabisme, un mouvement nouveau, et toujours peu répandu, avait besoin de grandir. Mohamed Ben Abdelwahhab n’était pas le seul à avoir cette soif de pouvoir. Le chef de la dynastie Saoudienne l’avait également.

En 1744, un pacte fut conclu entre les deux chefs. Il consistait à ce que les wahhabites soutiennent le règne des Saouds qui, en retour, propageront la secte.

Mohamed Ben Abdelwahhab declara la guerre contre les tribus voisines. Les Saouds utilisaient la religion comme alibi de leurs attaques.

En 1802, ils attaquèrent Karbala, une ville sainte chez les Chiites. Le chroniqueur wahhabite Uthman Ben Abd Ben Bishr cite qu’ils ont tué les habitants de la ville et détruit le dôme de la tombe d’Al Hussein (petit fils du prophète Mohamed). Ils ont volé tous les biens de la ville : or, tapis, armes, argent, vêtements et des précieux exemplaires du Coran. L’an suivant, la population de Taif (au Hedjaz) était massacrée à son tour.

La tyrannie saoudienne continua jusqu’à 1818 ; les ottomans ont atteint la capitale Darya et ont exécuté l’émir saoudien. Cependant, l’émirat de Nejd restait sous le contrôle des Saouds entre 1819 et 1891. La géographie de la région les protégeait au moment ou la Dawa wahhabite se propageait.

La dynastie saoudienne était soutenue non seulement par les wahhabites, mais également par les bretons contre l’empire ottoman.

Dès les débuts du 20e siècle, les wahhabites dirigés par Adelaziz Ben Abderahmane Ben Fayçal Al Saoud (descendant de Mohamed Ibn Saoud) lança une campagne militaire pour former l’actuelle Arabie Saoudite. Son armée conquit Ryad et le Nejd (1902-1912), le Hedjaz, Mecque et Médine (1924), et Djeddah (1925) pour, finalement, unir les royaumes du Hedjaz (1925) et du Nejd (1927). En septembre 1932, la création du 3e royaume saoudien était déclarée.

Le bilan de ces guerres était lourd : 500 000 morts, 40 000 exécutions et 350 000 amputations réalisées par les wahhabites.

Ce succès politique des Saouds dû, avant tout, à l’alliance Wahhabo-Saoudienne, donna alors aux imams wahhabites takfiristes accès aux institutions religieuses et aux postes à responsabilité. Quelques années après, la sacrée constitution irréfutable de l’Arabie saoudite devint la doctrine wahhabite, takfiriste et totalitaire. Depuis ce temps, aucune modification n’a été apportée aux textes de loi saoudiens.

©Imane Ayadi

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