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mercredi 30 novembre 2016

l'Amérique face à son destin

Au lendemain de l’élection présidentielle américaine – quelque soit le candidat élu –, les dirigeants étasuniens devront faire un choix décisif pour l’avenir de la puissance mondiale déclinante et celui du monde.

Les Etats-Unis vont-ils, en cas d’élection d’Hillary Clinton, poursuivre leur destructrice (et autodestructrice) course folle pour le monde, poussée par l’hybris, jusqu’à nous mener à une guerre mondiale ? Ou bien, si Donald Trump est élu, vont-ils se recentrer sur eux-mêmes dans une logique isolationniste afin de se régénérer (à commencer par leur économie) et renoncer à l’idéologie messianiste de la Destinée manifeste – qui a muée après la Seconde Guerre mondiale pour devenir un projet impérialiste globale  ?

La fin d’un empire

En 2002, l’historien Emmanuel Todd publiait un livre sur la décomposition du système américain[i] qui eut un fort retentissement. Il y développait une thèse à contre-courant à l’époque : bien loin d’être une hyperpuissance invincible comme semblerait l’exprimer leur politique extérieure, les Etats-Unis sont en déclin ; l’examen des forces démographiques et culturelles, industrielles et monétaires, idéologiques et militaires qui transforment la planète ne confirme pas la vision d’une Amérique invulnérable. Le monde est trop vaste, disait Emmanuel Todd, trop divers, trop dynamique pour accepter la prédominance d’une seule puissance.

Il écrivait dans l’ouverture de son ouvrage à propos des représentations de la puissance américaine :

« Elles présupposent une Amérique exagérée, dans la dimension du mal parfois, dans celle de la puissance de toujours. Elles nous interdisent de percer le mystère de la politique étrangère américaine parce que la solution doit être recherchée du côté de la faiblesse et non de la puissance. Une trajectoire stratégique erratique et agressive, bref la démarche d’ivrogne de la « superpuissance solitaire », ne peut être expliquée de façon satisfaisante que par la mise à nu de contradictions non résolues ou insolubles, et des sentiments d’insuffisance et de peur qui en découle.

La lecture des analyses produites par l’establishment américain est plus éclairante. Au-delà de toutes leurs divergences, nous trouvons, chez Paul Kennedy, Samuel Huntington, Zbigniew Brzezinski, Henry Kissinger ou Robert Gilpin, la même vision mesurée d’une Amérique qui, loin d’être invincible, doit gérer l’inexorable réduction de sa puissance relative dans un monde de plus en plus peuplé et développé. »[ii]

Si l’on se penche sur les écrits du plus éminent de ces stratèges de l’impérialisme américain, Zbigniew Brzezinski, il apparaît clairement – dans son livre Le grand échiquier (1997) – qu’il était effectivement conscient de cet état de fait ; mais il avait conçu une nouvelle stratégie pour maintenir la prééminence mondiale des Etats-Unis malgré la relative faiblesse de son système impériale.

Brzezinski proposait, pour contrôler l’Eurasie et par suite le monde, à la fois de maintenir un certain nombre de pays dans un état de vassalité et d’empêcher l’émergence en Eurasie d’un rival potentiel de l’Amérique. Ainsi il explique que :

« Pour les Etats-Unis, la définition d’une orientation géostratégique pour l’Eurasie exige d’abord de la clarté dans la méthode : il est nécessaire de mettre sur pied des politiques résolues à l’égard des Etats dotés d’une position géostratégique dynamique et de traiter avec précaution les Etats catalyseurs. Sur le fond, cette approche n’a de sens qu’autant qu’elle sert les intérêts de l’Amérique, c’est-à-dire, à court terme, le maintien de son statut de superpuissance planétaire et, à long terme, l’évolution vers une coopération mondiale institutionnalisée. Dans la terminologie abrupte des empires du passé, les trois grands impératifs géostratégiques se résumeraient ainsi : éviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives. »[iii]

On l’a vu ces dernières années, cette stratégie consistant à prévenir l’émergence d’une puissance eurasiatique – en l’occurrence la Russie – et à neutraliser les vassaux en empêchant leur alliance, a échoué (si l’on exclu l’Europe et les pays en périphérie de la Russie et de la Chine).

En effet, l’on a assisté, parallèlement à la réémergence de la Russie, à l’agrégation successive autour de celle-ci et de ses alliés, d’un certain nombre de pays (à des degrés divers) : les BRICS réunissant la Russie, le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud et l’Indonésie, constituent, dans le cadre d’une coopération économique, une alternative à l’ordre économico-financier des Etats-Unis via notamment ses relais que sont les institutions internationales (FMI, Banque Mondiale, OMC, Union européenne…) ; et sur le plan purement géostratégique, dans la seule année 2016, le Maroc (allié et vassal des Etats-Unis) s’est tourné vers la Russie (et la Chine), le gros pion otanesque turc a été habilement retourné et ramené (peut-être temporairement compte tenu de l’instabilité d’Erdogan) dans le giron russe et le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a officialisé sa rupture avec les Etats-Unis tout en annonçant son rapprochement d’avec la Chine (et la Russie), auxquels s’ajoutent les alliés traditionnels de la Russie.

Par ailleurs, la stratégie proposée par Brzezinski en 1997 consistant à séparer la Russie de l’Ukraine a non seulement été un échec, mais la tentative s’est conclue par la récupération, par les Russes, de la Crimée.

Nous avons là les conséquences de ce qu’Emmanuel Todd pointait du doigt en 2002, à savoir l’inquiétude touchant les alliés et clients traditionnels des Etats-Unis, suscité par la politique follement agressive de Washington, laquelle est diamétralement opposée à celle des vieux empires.

Avec le recul, si l’on compare la planification géostratégique de Brzezinski faite en 1997 et l’étude prospectiviste d’Emmanuel Todd en 2002, il est évident que l’histoire récente a donné raison au second. Il y a 14 ans Todd écrivait :

« Face à la question russe, la stratégie américaine avait deux objectifs dont le premier n’est déjà plus accessible et dont le second apparaît de plus en plus difficile à atteindre.

Premier objectif : une désintégration de la Russie, qui pouvait être accélérée par la stimulation des indépendantismes au Caucase et par une présence militaire américaine en Asie centrale. Ces démonstrations de force devaient encourager les tendances provinciales centrifuges à l’intérieur même de la partie ethniquement russe de la Fédération de Russie. C’était sous-estimer gravement la cohésion nationale russe.

Deuxième objectif : le maintien d’un certain niveau de tension entre Etats-Unis et Russie devait empêcher le rapprochement entre Europe et Russie – la réunification de la partie ouest de l’Eurasie – en préservant le plus longtemps  l’antagonisme hérité de la guerre froide. Mais le désordre et l’incertitude engendrés par la politique américaine au Moyen-Orient ont à l’inverse fini par créer les conditions optimales d’une réinsertion de la Russie dans le jeu international, situation dont Vladimir Poutine a immédiatement profité.

Celui-ci a offert à l’Occident, dans un impressionnant discours prononcé pour l’essentiel en allemand au Bundestag, le 25 septembre 2001, la vraie fin de la guerre froide. Mais quel Occident ?

Aider à court terme les Etats-Unis dans leurs opérations micromilitaires et médiatiques en Afghanistan, pays du fantasme stratégique, n’est pour les Russes que l’apparence des choses. L’essentiel, c’est de se rapprocher de l’Europe, première puissance industrielle de la planète. La mesure des flux d’importations et d’exportations permet de définir les enjeux réels du subtil jeu à trois qui se dessine entre la Russie, les Etats-Unis et l’Europe.

En 2001, la Russie et les Etats-Unis ont échangé pour 10 milliards d’euros de biens, la Russie et l’Union européenne pour 75 milliards, soit 7,5 fois plus. La Russie propose implicitement à l’Europe un contrepoids à l’influence américaine sur le plan militaire et la sécurité de ses approvisionnements énergétiques. Le marché est tentant.

Quelle que soit l’intelligence du livre de Brzezinski, il y avait dans la métaphore de l’échiquier de son titre un je-ne-sais-quoi d’acte manqué, au sens freudien, comme un pressentiment de ratage : on ne devrait pas jouer aux échecs avec les Russes dont c’est le sport national. Ils sont intellectuellement bien entrainés à ne pas faire l’erreur que l’adversaire attend d’eux, en l’occurrence réagir sottement à des provocations sans substance stratégique réelle, en Géorgie ou en Ouzbékistan. Refuser un échange, refuser une prise, refuser un affrontement local mineur proposé par l’adversaire, c’est le b.a.-ba des échecs. Surtout lorsque l’on est en état de faiblesse. Peut-être évoquera-t-on un jour dans les manuels de diplomatie une « défense Poutine » dont la formulation théorique serait quelque chose du style : comment obtenir, dans le contexte d’une chute de puissance, un basculement des alliances ? »[iv]

Nous sommes aujourd’hui arrivés à la fin d’une séquence d’affrontement, d’une partie d’échec que les Russes sont en train de remporter irrémédiablement face aux Etats-Unis.

Dans ce contexte, il reste aux dirigeants étasuniens deux solutions : renverser l’échiquier par une guerre mondiale ou renoncer (du moins partiellement et intelligemment) à l’empire.

Le moment décisif : la fin de la politique impériale ou la conflagration mondiale

ce qui explique l’extrême fébrilité et les déclarations ultra-agressives de certains dirigeants américains. L’exemple le plus récent et frappant est celui du chef d’état-major de l’Armée américaine, le Général Mark Milley, qui lors d’un discours public donné lors de la réunion annuelle de l’Association of the United States Army à Washington D.C., le 4 octobre 2016, a menacé directement la Russie, la Chine et leurs alliés :
« La volonté stratégique de notre nation, les Etats-Unis, est remise en cause et nos alliances testées comme elles ne l’ont pas été depuis de très nombreuses décennies. Mais je veux être clair ; je veux être sans ambiguïté. Je veux être clair avec ceux qui tentent de s’opposer aux Etats-Unis… nous allons vous stopper et nous allons vous battre plus durement que vous ne l’avez jamais été auparavant… nous détruirons n’importe quel ennemi, n’importe où, n’importe quand… Je mets en garde les ennemis de l’Amérique…
Nous sommes de plus en plus contestés par des adversaires potentiels très compétents qui agissent clairement en s’opposant à nos intérêts. Mais si la dissuasion échoue, nous, en tant qu’armée, nous, en tant que nation, devons être prêts à nous battre ! D’autres pays, Russie, Iran, Chine et Corée du Nord ont appris de nous… Ils ont étudié notre doctrine, nos tactiques, nos équipements, notre organisation, notre entraînement et nos dirigeants. Et en retour ils ont révisé leurs propres doctrines et ils modernisent rapidement leurs armées aujourd’hui pour déjouer nos forces, dans l’espoir d’arriver à nous vaincre un jour…
A ce stade nous pouvons développer quelques points que nous avons appris au cours de l’étude que nous avons menée intensément cette année sur la guerre future de haute intensité entre des Etats-nations de grande puissance. Et le premier est sans surprise qu’elle sera hautement mortelle, très hautement mortelle, contrairement à tout ce que notre armée a connu au moins depuis la Seconde Guerre mondiale… »[v]
Ce discours belliciste quasi-hystérique – qui masque mal la faiblesse et l’anxiété des impérialistes américains – est la traduction verbale de la politique qu’à l’intention de mener Hillary Clinton.
Zbigniew Brzezinski, bien plus mesuré, a cette année même été contraint, face à la réalité, de renoncer purement et simplement à ses espoirs de domination impériale sans partage.
Il a publié le 17 avril 2016 dans la revue The American Interest un texte au titre explicite « Toward a Global Realignment »[vi] (Vers un réalignement global). Lorsque l’on se penche sur cette nouvelle stratégie proposée par Brzezinski, il apparaît qu’elle a pour objectif d’éviter une conflagration mondiale, maintenir l’influence américaine dans le monde ainsi que ses positions stratégiques.
Avec réalisme et froideur il débute son analyse par le constat suivant :
« Les Etats-Unis sont toujours l’entité politique, économique et militaire la plus puissante au monde mais, étant donné les complexes changements géopolitiques régionaux, elle n’est plus la puissance impériale globale. ».
Partant de ce constat, il propose une nouvelle stratégie en plusieurs points et commence par proposer que l’Amérique forge une coalition impliquant, à divers degrés, la Russie et la Chine, pour traiter la crise proche-orientale, en échange de concessions russes – plus diplomatiques que stratégiques à proprement parler – en Ukraine, en Géorgie et dans les Etats baltes.
Il envisage par ailleurs un rapprochement plus franc avec la Chine et ainsi la découpler de la Russie – à laquelle il propose implicitement de lui laisser la porte de l’Europe ouverte, afin de détourner son regard de l’Est – en misant sur l’apparition de futures tensions sino-russes ; ainsi il écrit :
« Le futur de la Russie dépend de son habilité à devenir la Nation-Etat majeure et d’influence qui est une partie de l’Europe unificatrice. En ne le faisant pas, cela pourrait avoir des conséquences négatives et dramatiques dans la capacité de la Russie à résister à la pression territoriale et démographique de la Chine, qui est de plus en plus encline, à mesure que sa puissance augmente, à reconsidérer les traités « inégaux » que Moscou à imposé à Pékin dans le passé. La meilleure perspective pour la Chine dans un futur proche est de devenir le principale partenaire de l’Amérique en contenant le chaos global qui émane (y compris pour le nord-est) du Moyen-Orient… Le rapprochement entre la Chine et les nouvelles républiques d’Asie centrale, les Etats musulmans post-britannique dans le sud-ouest asiatique (notamment le Pakistan) et spécialement l’Iran (donnant des atouts stratégiques et économiques significatifs), sont les objectifs naturelles à atteindre dans la perspective géopolitique régionale de la Chine. Mais ils peuvent être aussi les objectifs d’une accommodation globale sino-américaine. »
Cette stratégie pourrait ressembler à celle que pourrait appliquer Donald Trump si il était élu – et ainsi préserver sa propre personne et son mandat présidentiel d’éventuelles représailles d’une partie de l’oligarchie américaine qui est derrière Brzezinski. En s’alignant sur la nouvelle stratégie de Brzezinski, Trump pourrait alors mener une nouvelle politique internationale, sans affrontement avec la Russie, en ménageant l’oligarchie américaine et en tenant une bonne partie de ses promesses de campagne faite au peuple américain, mais en abandonnant l’idée d’un isolationnisme pur et simple.
Car Brzezinski, qui demeure un impérialiste ontologique, s’oppose aux isolationnistes américains dont fait partie Trump. Les arguments de Brzezinski, si l’on se place du point de vue de l’establishment américain, ne manquent pas de pertinence (même s’il force évidemment les traits négatifs des conséquences d’une politique isolationniste) :
« Un retrait compréhensif des U.S. du monde musulman, favorisé par les isolationnistes américains, pourrait donner naissance à de nouvelles guerres (par exemple, Israël vs Iran, Arabie Saoudite vs Iran, une intervention majeure de l’Egypte en Libye) et pourrait générer une crise de confiance plus profonde quant au rôle de l’Amérique en tant que stabilisateur global. D’une manière différente mais radicalement imprévisible, la Russie et la Chine pourraient être les bénéficiaires géopolitiques de ce type de développement et l’ordre mondial lui-même en serait la victime géopolitique immédiate. Last but not least, dans de telles circonstances une Europe inquiète et divisée verraient ses Etats membres actuels rechercher des patrons et rivaliser les uns les autres dans des arrangements alternatifs mais séparés parmi le plus puissant trio (il fait allusion à la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne) »
En somme, Brzezinski a fini par accepter le monde multipolaire et propose en conséquence de partager le monde avec la Russie et la Chine ; une sorte de Conférence de Yalta II mais sans guerre mondiale, pour sauver les murs et la face des Etats-Unis.

Source: Arrêt sur Info

jeudi 24 novembre 2016

Soros débloquera 10 millions de dollars pour soutenir les anti-Trump

George Soros se dit très préoccupé face à une série d’attaques contre les migrants et les minorités nationales qu’il lie au nom de Donald Trump. Dix millions de dollars, voilà le prix qu’il est prêt à payer afin de lutter contre la « rhétorique incendiaire » du président élu. Cependant, Soros n’est-il pas lui-même à l’origine de ces troubles ?

Le multimilliardaire George Soros octroiera 10 millions de dollars de sa fortune personnelle pour la lutte contre les « crimes motivés par la haine ». M. Soros lie le regain récent de ce type de crimes à la « rhétorique incendiaire » utilisée par le président élu des États-Unis Donald Trump, lit-on dans le New York Times. La moitié de cette somme, soit cinq millions de dollars, sera débloquée par sa société à but non lucratif Open Society Foundations cette semaine. Selon les journalistes, le multimilliardaire affirme avoir pris cette décision « dans le contexte d’une série d’attaques contre les migrants et les minorités nationales, qui a commencé dès le 8 novembre », le jour des élections présidentielles aux États-Unis.

Le journal cite les propos de George Soros, qui s’est déclaré « profondément ému » par des centaines de messages diffusés ces derniers jours à propos de crimes haineux commis aux États-Unis, notamment des croix gammées peintes sur des voitures et des murs de bâtiments. Fait curieux, le sujet des « crimes haineux » défraie la chronique des médias libéraux américains depuis la fin de la semaine dernière, soit juste après la rencontre entre le fondateur d’Open Society Foundations avec les représentants de l’aile gauche des démocrates liés à des organisations de minorités raciales. Cette rencontre a eu lieu le 14 novembre.

« Étant donné que le milliardaire participe rarement aux sessions de l’alliance démocratique et se joint rarement à ses activités officielles, ceci peut signifier qu’il tente d’investir dans l’opposition à M. Trump » a écrit à ce moment le journal américain Politico. Dans les rangs de Soros, on commence à parler des premières tranches réparties en subventions s’élevant à 150 000 dollars et destinées à financer des initiatives « anti-Trump ». Rappelons que certains médias, y compris le journaliste Pete Hegseth, avaient auparavant soupçonné George Soros lui-même d’avoir mobilisé des « manifestants professionnels » pour organiser des protestations contre le nouveau président élu.

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jeudi 10 novembre 2016

Le projet de mondialisation de Wall Street rejeté: Ding Dong, the witch is dead !

Le racisme et le sexisme sont-ils les ingrédients-clés de la réussite de Donald Trump ? Pas pour Diana Johnstone. L’auteure de Hillary Cinton, la reine du chaos revient sur la campagne désastreuse de la candidate démocrate et analyse les enjeux de cette élection.

 

« On n’est jamais aussi bien que chez soi »

 

C’est la leçon. Même si chez soi, c’est le Kansas.

 

Contrairement à ce que maintiennent toujours les partisans amèrement déçus d’Hillary, des larmes dans les yeux et la peur dans la gorge, le véritable sens de cette élection n’est pas une victoire du racisme et du sexisme.

 

Le véritable sens de ce bouleversement, c’est que le projet de mondialisation de Wall Street a été rejeté par les citoyens de sa patrie.

 

Cela a des implications majeures pour les nations européennes qui ont été traînées dans ce désastreux projet.

 

Hillary Clinton était la candidate du complexe militaro-industriel et du capital financier international. Elle s’est autodésignée pour être la figure de proue de ces forces, en tant que reine du regime change. Elle espérait être celle qui refaçonnerait le monde à l’image des diktats de Wall Street. C’était un projet soutenu avec enthousiasme et de manière onéreuse par les 1 % qui profitent des contrats d’armement et des accords commerciaux qu’ils écrivent eux-mêmes pour leurs propres intérêts.

 

Pour détourner l’attention du véritable sens de sa candidature, la campagne de Clinton a fait appel au désir de respectabilité des citadins instruits, dépeignant les partisans de Trump comme des voyous racistes motivés par un désir haineux de faire des minorités leur bouc émissaire, comme dans un acte de vengeance de leurs propres insuffisances. Ils étaient « déplorables », et vous ne voudriez pas être l’un d’entre eux, n’est-ce pas ?

 

Trump était sexiste, parce qu’il a qualifié certaines femmes de « bimbos ». Elizabeth Warren l’a critiqué pour cela, sur une estrade où Hillary était assise, un grand sourire aux lèvres — elle qui avait parlé des amies de Bill comme d’une « éruption de bimbos ». La sottise et l’hypocrisie ont étouffé les discussions politiques. La pire chose que la campagne de Clinton aura pu dénicher, c’est une affaire de vestiaires vieille de onze ans — juste des mots, à peine comparables aux actions chroniques de Bill.

 

Pourtant, des millions de personnes embarquées dans la campagne de Clinton sont dévastées, terrifiées, convaincues que les seules raisons qui ont mené Trump à la victoire étaient le « racisme » et le « sexisme » de cette caste inférieure de la société mondialisée : les hommes hétérosexuels de la classe ouvrière.

 

Mais non, Virginia, il y avait d’autres raisons de voter pour Trump. Le racisme et le sexisme sont sûrement tout en bas de la liste.

 Les électeurs de Trump ont été scandalisés par les mensonges et la corruption d’Hillary. Beaucoup d’entre eux auraient voté pour Bernie Sanders s’ils en avaient eu le choix. Mais ce choix leur a été enlevé par des manipulateurs du Parti démocrate qui ont été vendus par leur propre campagne publicitaire pour élire « la première femme présidente ». Un tout nouveau produit sur le marché des élections présidentielles ! Soyez le premier à voter pour une femme Présidente ! C’est nouveau, c’est performant !

 

Le succès de Bernie avait déjà montré que des millions de personnes ne voulaient pas de cette femme. Mais les manipulateurs du Parti démocrate et leurs sponsors d’oligarques ont pris les devants avec leurs plans pour imposer Hillary Clinton à une nation peu disposée. Si bien qu’ils ont même apporté cette défaite.

 

Contrairement à ce que vous pourriez croire en lisant le New York Times, il y a même eu des intellectuels qui ont voté pour Trump, ou du moins qui ont refusé de voter pour Hillary, pour la simple raison que Trump parait moins susceptible de conduire le monde vers une Troisième et dernière Grande guerre. Il a dit plusieurs choses dans ce sens-là, mais de telles déclarations ont été ignorées par les médias traditionnels tandis qu’ils enchaînaient les heures sup’ pour gonfler l’image de l’ogre. Pas de guerre avec la Russie ? Vous devez être une marionnette de Poutine !

Les électeurs Trump avaient plusieurs raisons de voter pour Trump, des raisons autres que le « racisme ». Par-dessus tout, ils veulent retrouver leur emploi, des emplois qui ont disparu grâce à la politique néolibérale consistant à transférer les jobs de la manufacture vers des endroits où les salaires sont bas.

 

Pourtant, le racisme est le seul motif que l’élite mondialisée reconnait dans le rejet de la mondialisation. Les citoyens britanniques qui ont voté la sortie de l’Union européenne pour récupérer leur démocratie traditionnelle ont également été stigmatisés comme des « racistes » et des « xénophobes ». L’opposition au racisme et à la xénophobie est la défense morale naturelle d’un projet de gouvernance mondiale qui prive les citoyens ordinaires de tout pouvoir de décision important.

 

Cette campagne extraordinairement vicieuse a mis en évidence et aggravé des divisions aiguës au sein des États-Unis. La répartition entre ville et campagne est plus évidente sur les cartes électorales. Mais ces divisions réelles sont exacerbées par une campagne qui a dépeint Donald Trump comme un fou raciste, un nouvel Hitler sur le point d’apporter le fascisme en Amérique. L’antiracisme de cette campagne, dénonçant la « haine », a effectivement engendré de la haine.

 

Non, Virginia, Trump n’est pas Hitler. Il est le magicien d’Oz. C’est un showman qui a réalisé un tour étonnant grâce au drastique déclin moral et intellectuel du système politique américain. Il n’est ni aussi dangereux que ses adversaires le craignent, ni aussi capable de « rendre l’Amérique grande à nouveau » comme ses partisans l’espèrent. Il est le Moindre Mal. Que deviendra-t-il à Washington ? C’est ce que tout le monde se demande.

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lundi 7 novembre 2016

Les non-dits d'une Amérique aux abois

La compagne électorale pour la présidentielle américaine qui s'achève dans quelques heures aura été, de l'aveu de nombreux spécialistes, l'une des rares à avoir démasqué le vrai visage de la "démocratie américaine".

Par les invectives copieusement échangés entre les deux candidats, le monde a découvert de quel bois est fait "une superpuissance finissant" qui voit son unique chance de survie à travers d'interminables guerres censées épuiser les forces vives des nations entières et faire tourner l'industrie d'armements yankee et préserver "l'exception américaine". Mais quelles sont les failles organiques que cette campagne a contribué à révéler ? en voici quelques-unes .... 

 Régime d’imposition

Une grande partie des débats électoraux qui ont caractérisé la campagne de la démocrate Clinton et du républicain Trump ont tourné autour de la fiscalité. A travers leur programme fiscal respectif, l'observateur a eu l'occasion de découvrir à quel point le système d'imposition aux États-Unis est permissif vis-à-vis de grandes fortunes. Les riches ont largement la possibilité d'échapper aux impôts qui s'avèrent particulièrement drastiques pour la classe moyenne.

Donald Trump s'est vanté à plus d'une reprise d'avoir "l'intelligence de trouver des astuces qui lui ont permis de contourner ces 18 derniers mois un régime fiscal "défaillant" et ne pas payer d'impôt. 

Extrémisme, substantiel moelle de la politique étrangère US 

Trump n'a guère hésité au cours de ses multiples interventions de traiter les "Clinton" de fondateurs de Daech (12 août 2016). Ses discours se sont avérés d'ailleurs après les révélations de WikiLeaks. Selon des informations rapportées par ce site, Washington savait dès 2012 qu'il appuyait face au régime syrien les rebelles qui se revendiquent d'al Qaïda. 

 Dès cette date, l'administration Obama était bien consciente du fait que son soutien aux rebelles anti-Assad irait déboucher sur " la formation d'une milice salafiste dans l'est de la Syrie et d'un "Emirat islamique en Irak et en Syrie ou Daech". Wikileaks dit : " l'administration US s'est bien conformée à cette perspective car Daech pouvait contrecarrer le croissant chiite"

Corporate Media

Le discours de Trump regorge de ce "terme" qui signifie " le financement de la campagne médiatique via de grandes firmes qui agissent en corporation". 

Selon une étude datée de 2012 et effectuée par Business Insiderles médias américains appartiennent à 90% à six grandes sociétés américaines. Un penseur comme Noam Chomsky y voit "un terrible défaut qui fait des médias, non pas une porte-voix du peuple mais une caisse de résonance des intérêts des grandes sociétés" " Les sociétés qui disposent librement du contenu du flux informationnel, qui choisissent ce que les gens devront savoir ou ce qu'ils ne devront pas savoir". Et c'est ce modus operandi qui a été à multiple reprises dénoncé par Trump à titre de " Corporate media".

Dieu Dollar 

"Un lobbyiste est venu me voir ces derniers jours. Il a dit vouloir m'offrir 5 millions de dollars pour ma campagne. Je lui ai dit que je ne voulais pas de son argent et pour être sincère, je crois que c'est la première qu'une telle chose arrive".

Cette révélation de Trump a déchiré le voile sur le rôle axial de l'argent dans les élections présidentielles aux Etats-Unis. Beaucoup de sympathisants de Trump disent vouloir voter pour lui puisqu'il est "l'homme de personne" et qu'il ne reflète les desiderata de personnes et qu'une fois élu, il n'agira dans le sens des intérêts d'aucun groupe".  

" Quand les voix des électeurs s'achètent moyennant des milliards de dollars, peut-on parler d'une vraie démocratie; s'interroge l'ancien candidat démocrate, Bernie Sanders. 

Racisme 

Le racisme anti-noir a quasiment dominé les débats des deux candidats...C'est un fait désormais avéré, la démocratie américaine est raciste, non-égalitaire...  Les extraits de l'un des débats télévisés entre les deux candidats le prouvent plus que tout autre chose. 

Présentateur : le nombre d'américains qui croient que les relations entre les différentes composantes ethniques de la société américaine vont mal est aujourd'hui plus important qu'à toutes les autres époques... comment vous comptez faire pour venir à bout de ce problème ? 

Clinton: c'est vrai ce que vous dites. La question raciale est au cœur de nos défis. La race décide de beaucoup de choses dans notre pays : du lieu où vous vivez de l'éducation que vous recevrez, du traitement judiciaire à votre égard. Beaucoup d'afro-américains sont prisonniers pour les fautes qu'ils n'ont pas commises. si vous commettez la même faute qu'un blanc, vous risquez plus de vous faire prisonnier, quand vous êtes noir... 

Trump : Les afro-américains, les hispaniques vivent l'enfer. La situation est terriblement dangereuse pour eux. Vous traversez la rue et vous risquez d'être buté. Depuis janvier des milliers de fusillades ont éclaté au Chicago. Des milliers... mais qu'est-ce qui se passe ? Les Etats-Unis sont -ils en guerre ? Qu'est-ce que nous sommes en train de faire ? il faut que la violence s'arrête. il faut que la loi soit réinstaurée partout , à Chicago comme ailleurs.. Depuis l'élection d’Obama, 4000 américains ont perdu la vie dans ce genre de violence. 

 

Source : Press TV