dimanche 25 décembre 2016

Fausses nouvelles par omission — bientôt interdit de les dénoncer ?

Des gradés israéliens prétendent que le Hezbollah utilise des transporteurs de troupes blindés en Syrie, une affirmation correcte des transporteurs de troupes qu’il a reçus des Forces armées libanaises (FAL), un mensonge. Les transporteurs en question sont de très très vieux véhicules à chenilles et les FAL ont reçu une seule fois des véhicules un peu plus perfectionnés des États-Unis. Israël fait ce genre de déclaration régulièrement.

Mais comme cela a été dit les fois précédentes, le Hezbollah a pris ces APC à l’Armée Libanaise du Sud (ALS) qui était une force de procuration israélienne pendant l’occupation israélienne du Liban. Lorsque, en 2000, le Hezbollah a finalement expulsé Israël du Liban, l’ALS s’est dissoute et toutes les armes qu’Israël lui avait livrées ont été ajoutées aux stocks du Hezbollah. Il les a utilisées depuis pour combattre Israël et les différents états du Golfe, les Djihadistes par procuration au Liban et en Syrie.

Mais vous n’apprendrez pas cela du principal organe de presse israélien aux États-Unis, le New York Times. Son article ne mentionne pas la source originale des APC:

TEL AVIV – Un haut responsable militaire israélien a déclaré mercredi que les militants du Hezbollah qui combattent en Syrie utilisent des véhicules de transport blindés américains qui ont été initialement fournis à l’armée libanaise.

Si des A.P.C. passaient de l’armée libanaise, assistée par les Etats-Unis, au Hezbollah, cela pourrait indiquer une fuite plus large d’armes à des groupes hostiles, et une coopération entre les forces armées libanaises et le Hezbollah.

L’officier israélien, qui a parlé sous conditions d’anonymat comme les lois militaires l’exigent, a montré une photo d’un certain nombre de véhicules militaires, y compris ce qu’il a dit être des A.P.C. fournis par les Américains, lors d’un briefing à des journalistes, au quartier général militaire de Tel Aviv. Il a dit qu’Israël avait transmis cette information à des responsables américains, il y a quelques semaines.

L’officier n’a pas précisé combien d’APC seraient tombés aux mains du Hezbollah ni quand ni comment cela se serait produit, mais il a estimé qu’ils auraient pu faire « partie d’un accord » entre l’armée libanaise et le Hezbollah.


Il s’agit manifestement d’une campagne de diffamation israélienne contre les FAL et le très modeste soutien matériel qu’elles reçoivent des États-Unis sous formes d’armes obsolètes. C’est de la calomnie. La semaine dernière, Israël a reçu deux avions de chasse F-35 des États-Unis et des dizaines d’autres vont lui être livrés aux frais des contribuables américains. Pendant ce temps, un vieux poudreur de cultures Cessna avec un minimum d’équipement militaire a été livré aux Forces armées libanaises mal équipées. Ce n’est en aucune façon une menace pour Israël.

Les États-Unis ont un peu contesté les assertions israéliennes:

John Kirby, le porte-parole du Département d’Etat, a déclaré mercredi: « Lorsque cette allégation a été faite en novembre dernier, le ministère de la Défense a procédé à une analyse structurelle des transporteurs de troupes blindés en question et a conclu que ces véhicules ne provenaient pas des Forces armées libanaises. Notre évaluation n’a pas changé. »


Ces mots sont cités dans le NYT, mais il n’est pas mentionné qu’Israël est la véritable source des APC. Maintenant, comparez ça avec ce paragraphe d’un rapport de l’AFP publié à peu près au même moment:

[L]e mois dernier, des officiels ont indiqué que le Hezbollah aurait capturé des véhicules blindés de l’ex armée sud-libanaise, une milice chrétienne soutenue par Israël qui s’est dissoute en 2000.


Un rapport ultérieur reprend ce point:

Les responsables américains ont déclaré en privé à Defense News que les APC déployés par le Hezbollah en Syrie étaient très vieux et pouvaient très bien provenir des stocks de guerre israéliens via leur ancien allié au Liban, l’armée libanaise du Sud. Lorsqu’Israël a soudainement retiré ses forces de sa zone de sécurité dans le sud du Liban en 2000, le Hezbollah a saisi tout un éventail de véhicules et d’armes laissés par Israël et ses forces par procuration de l’ALS.


Israël accuse les FAL de soi-disant transférer des armes alors que ces armes proviennent d’un stock, appartenant à sa force de procuration, qui est resté sur place après l’échec de son occupation du Liban. C’est de la chutzpah* caractérisée ou plutôt de la calomnie et de la diffamation venimeuse.

Mais le soi-disant journal de référence dont la devise est « toutes les nouvelles qu’il est nécessaire de publier » ne trouve pas nécessaire de rétablir la vérité en disant pour que les responsables israéliens font des allégations clairement fausses. Les « nouvelles » qu’il publie sont consciemment fausses par omission. Il ne s’agit pas de nouvelles« fabriquées de toutes pièces »  – aucun des faits imprimés n’est tout à fait faux, mais ça n’en est pas moins une fausse nouvelle qui désinforme les lecteurs en laissant de côté les faits pertinents.

On parle beaucoup en ce moment de « fausses nouvelles ». La plupart de ce que les organes de presse à la solde du gouvernement des États-Unis affirment sur ses différents « ennemis » en sont. Presque tous articles du NYT sur la guerre en Syrie n’ont peut-être pas été et ne sont pas entièrement fabriqués, mais ils demeurent des fausses nouvelles. Cependant maintenant il y a davantage de sources d’information alternatives accessibles aux gens qui veulent s’informer.

Les tentatives actuelles pour diffamer ces sources alternatives en les accusant de conspirationnisme ou de relayer la propagande russes sont les derniers soubresauts d’un combat pour arrêter le flot de la réalité qui va bientôt emporter le NYT, d’autres organes d’informations similaires, et les « officiels chevronnés »  qu’ils servent. Je pense que la violence de ce combat va s’intensifier pendant un an ou deux. Trop d’argent et trop d’egos sont menacés.

La question qui se pose maintenant est celle de la capacité de ces sources alternatives, espérons-le plus honnêtes et plus réalistes, à se protéger contre les attaques qui ne manqueront pas. Les grandes multinationales d’Internet (qui sont toutes aussi employées par le département de la Défense) commencent à supprimer des blogs et des sources alternatives d’information qu’elles accusent de publier des « nouvelles fausses ». Il va y avoir des (cyber-) attaques directes. Que peut-on faire pour contrer toutes ces attaques ?

Source: Moon of Alabama, traduit par: Arrêt sur Info

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